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une allégorie ingénieufe les principales caufeas & les effets de la guerre actuelle.

CHAPITRE

PREMIER.

John le politique, mourant de froid & de fum, étoit malgré cela occupé à rêver à la guerre cruelle qui se faifoit & fur les caufes qui l'avoient occafionnée. Trois des fre res de John, un oncle & deux cousins étoient déjà trêpaffés dans cette guerre ; il les pleurait & ce n'étoit pas de joie : car John n'avoit point hérité d'eux. John étoit un politique craignant Dieu, parce qu'il n'étoit pas riche, & qu'il n'avoit jamais lu que l'Evening-Post. En-fin, comme il pleuroit, il s'endormit, & il vit un ange. qui lui apparut & lui dit : Jöhn, ne dors pas, mais écris ce que tu vas voir.

I. John écrivit pour obéir à l'Ange, & l'Ange lui dit ♣: Ecris que tu as vu le miniftre du maître de l'univers, &qu'il t'a fa't connoître les mauvais ferviteurs de ton maître; & John écrivit cela.

II. Et l'Ange dit à John: Vois, le tems approche où ta nation fera en grande calamité, & la divifion qui fe mettra parmi elle, s'étendra jusques dans les pays les plus lointains..

III. Et comme l'Ange parloit à John, un grand bruite fé fit entendre: John eut peur, & dit a l'Ange : D'où vient : ce bruit que j'entends?

IV. Et l'Ange lui répondit: Ce bruit vient de la terte; c'eft un trône qui repofoit fur quatre colonnes ; les fondemens d'une de ces colonnes fe font écroulés, & voilà. la caufe du bruit que tu as entendu, john.

V. Et je fus, mọi John, très-eff ayé de ce que me→→ difoit l'Ange, & je lui demandai fi ce n'étoit pasice tros ne qui dominoit fur trois ifles. Er l'Ange me répon it :Regarde; & je vis un léopard d'or, qui ma choit fur trois, pieds feulement.

VI. Er ce léopard d'or, qui marchoit für trois pieds étoit fivi par quatre hommes blond, qui marcho eat derriere lui avec un grand refpe&t. Et je demandai à l'Angece que c'étoit que ce leopard d'or. & ces quatre hommes. q le fuivoient.o'

VII. Le leopard d'or, me dit l'Ange, c'est l'alpha;, les quatre hommes font des mechans qui ont fait perdre la jambe d'or qui manque à l'alpha: écris cela. Et j'ecri Vis que j'avois vu l'alpha & quatre hommes méchus quis Me fuivolent..

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VIII. Et je vis enfuite le léopard d'or qui se mit furun trône, & les quatre hommes qui fe tenoient debout devant lui.

IX. Et devant le trône il y avoit une petite éminence en forme de Bute, & le léopard d'or parla à certe Bute, & il lui difoit: Voilà que j'ai perdu un de mes pieds pour avoir fuivi vos confeils, & le pied d'or quis me manque m'incommode beaucoup quand je marche.

X. Et cette Bute répondit au léopard, que fon pied d'or n'étoir pas perdu, qu'on avoit envoyé des honmes armés pour le reprendre.

XI. Et voici que j'étois bien étonné d'entendre parler a léopard d'or & une Bute. Et je fus frappé d'un grand bruit femblable au fon de plufieurs trompet es & des. voix d'hommes qui crioient. Je me tournai pour voir d'où venoit ce bruit..

XII. Et je vis que c'étoient Treize jeunes filles vêtues de blanc ; elles avoient des couronnes d'or fur la tête, &: portoient treize étoiles d'or qui étoient unies ensemɔle;. des hommes marchoient devant elles avec des iuftrumeas; elles étoient fuivies par des trophées de guerre & des hommes each înés.

XIII. Et voilà le léopard qui voulut s'élancer fur les Treize jeunes filles; mais il ne put leur faire aucun mal: car le pied qui lui manquoit lui avoit ôté beaucoup de fa fa force.

XIV. Et voici la Bute qui parla encore, & qui dit au lécard: Elles ont fait treize étoiles d'or de ton pied d'or; mais il faut que tu brifes cette couronne d'étoi les d'or..

XV. Et voici ces treize jeunes filles qui fë mirzat à chanter en montrant ces hommes enchaînés :: Voila đẹ quelle maniere nous traiterons ceux qui viendront pour brifer

notre couronne d'or..

XVI. Alors le léopard entra dans une grande colère, & autfi les quatre hommes qui étoient avec lai; la Batequi avoit parlé s'ouvrit avec fracas, & il en fortit des hommes armés, des dards, des fleches, qu'on fe préparoit à lancer contre ces jeunes filles.

XVII. Tout-a-coup je vis parolere un jeune homme : il avoit un dia dême de liamans, une tunique blanche dé fin lia, & un maitea i de couleur d'azur, tout parfemé: de fleurs d'or; il avoit dans fa main droite une épée; dans la gauche une branche d'olivier. Je viens, die ik, en s'atrellant au léopard, t'apporter la paix ou la guerre aboilie..

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XVIII. Et voici un grand bruit; ces gens qui étoier armés veulent foudre fur le jeune homme qui avoit parlé au léopard avec ce ton de fierté.

XIX. Mais tout-à-coup le vifage de ce jeune homme devint étincelant, auli brillant que le foleil, lorsqu'il luit dans toute fa force. Sous fes pieds s'éleva un trone d'or de vingt coudées de haut; il étoit tout garni de rubis & d'émeraudes; il plaça ces treize jeunes filles à côté de lui, & dit au léopard & à tous ces hommes armés qui le regardoient avec le plus grand étonnement: Voyez ; j'ai voulu apporter la paix parmi vous, vous l'avez refu Séc. Ces treize jeunes filles que vous avez perfécutées, feront mes bien-aimées. Leur puiffance fera reconnue parmi les nations, & vous fléchirez le genou devant elles, après les avoir traitées comme des efclaves.

XX. Et lorfqu'il eut achevé de parler, il difparut & fon trône auffi; le léopard avec fes hommes armés refterent confus & interdits, & l'Ange me dit: John, écris ce que tu as vu.

CHAPITRE SECOND.

John a une feconde vifion où il apprend beaucoup de ch→ fes: 'Angleterre eft menacée de perdre la liberté à caufe de la défunion qui exifte parmi les repréfentans de la nation. Prodiges qu'il voit ; combat de 24 vaisseaux de corail contre 24 autres vaiffeaux d'azur.

I. Et moi John, je me réveillai, & j'étois dans Ladmiration de tout ce que j'avois vu, & je penfois au léopard d'or qui n'avoit que trois jambes, & à cette Bute de terre qui étoit devant le trône, & qui avoit parlé & à ces treize jeunes filles, & auffi à ce jeune homme qui les avoit placées fur un trône à côté de lui. En fongeant à tout cela, je me rendormis, & ce même Ange que j'avois déjà vu m'apparut de nouveau.

11. Et il me dit: John, à quoi fléchis-tu? Ecris & ne réfléchis pas. Tous les hommes qui réfléchiffent font des méchans; garde tci de leur reffembier: regarde, crois & ne demande jamais pourquoi ceci, pourquoi cela: car tu ne le fuas pas; mais devine les effets par les caufes. Regarde.

III. Et je vis une grande fournaife, & près de cetie fournaife, il y avoit un attelier de forgerons, & ces quatre hommes que j'avois vus près du trône du leopard, étoient occupés à y forger des ch.înes.

IV, It ce léopard que j'avois vu fur un trône, étoit

au milieu de tout un peuple qui fe profternoit devant lui, & qui le fupplioit de faire le facrifice de la jambe & du pied d'or qu'il avoit perdus, de crainte d'en perdre encore autant, & il ne les écoutoit pas.

V. Et il fortit du milieu de cette foule avec des yeux étincelans, & il m'eut l'air fort en colere.

VI. Et lorfqu'il fut loin, il s'arrêta devant cette même Bute que j'avois vue en face du trone, & il lui parla ainfi.

VII. Je connois tes œuvres & ton travail; voilà ces gens qui font là-bas, qui vouloient que je fiffe le facrifice de ma jambe & de mon pied d'or que j'ai perdus; mais j'ai confiance en toi, & je ne peux fouffrir qu'ils défap prouvent ce que tu as fait : car toi & res œuvres me font agréables.

VIII. Ne crois pas, répondit cette Bute, tout ce qu'on te dit contre moi: car ce font tous des méchins qui re parlent ainfi; laiffe-les jafer; je te ferai malgré eux recouvrer ta jambe & ton pied d'or, & je t'affèr. miraï fur ton trône, où tu gouverneras feul; & ce jeune homme qui t'a parlé n'agueres avec tant de hauteur, qui t'a enlevé tes treize plus jolies filles, me fervira pour cimenter ta puiffance; après cela nous le punirons dư rapt qu'il t'a fair.

IX. Que tu parles bien, répondit le léopard à la Bute, & que ton travail me plait! Prends patience: car toutes les nations fçavent que je t'aime, que tu t'occupes pour la gloire de mon nom, & mes enfans te Séniront.

X. Et moi John, j'étois toujours fort étonné de c,te converfation entre un léopard d'or & une Bute de terre; je voulus faire quelques queftions à l'Ange; il me dit: Joha, tais-toi, écoute, admire, écris & ne parle pas; & je me tus.

XI. Que celui qui a des oreilles écoute; que celui qui a des yeux life.

XII. Or, voici que ces quatre hommes que j'avois trouvés occupés à forger des chaînes, vinrent devant le léopard d'or; ils le faluerent en fléchiffant un genou, & lui dirent: Maître, nous avançons dans notre tra◄ vail; mais il eft venu des hommes qui nous ont demandé: Pourquoi forgez-vous ces fers? Nous n'avons pas voulu leur répondre; ils s'en font allés fort en colere & nous ont même menacés.

XIII. Et le léopard d'or répondit à ces quatre hommes: Retournez à votre travail; & fi l'on vient encore vous faire une pareille queftion, dires: Le pere a laissé à

fon fils un troupeau indocile. Le bœuf & le taureau ne connoiffeut plus la voix du bouvier; & trop de bergers cons duifent mal un troupeau.

XIV. Or, voici que comme le léopard d'or parloit en core, on entendit un grand bruit femblable à celui du tonnerre: le ciel tout-à-coup s'obfcurcit; la terre trem bla; un nuage noir & épais s'approchoit de nous; j'eus une grande frayeur; mais l'Ange me dit: John, ne crains rien: car je te garde.

XV. Et ce nuage épais fe diffipa; le jour reparut, & je vis le foleil qui étoit de couleur de fang: une mer agitée paroiffoit dans le lointain; des monftres marins de toute efpece combattoient les uns contre les autres; ils faifoient des cris & des hurlemens qui ébranloiect la terre; l'Ange me regardoit, & me difoit n'aies pas peur, John: écris tout ce que tu vois..

XVI. Mais je ne pouvois écrire car je tremblois & je vis venir de loin 24 vailleaux qui étoient beaux ils étoient faits de corail; leurs pouppes étoient d'or pur & leur voiles de fin lin & d'argent; ils marchoient fur trois lignes..

XVII. Et comme je regardois ces vaisseaux, j'en vis paroître encore 24 autres; ceux-ci étoient faits d'azur la pis lazuli; leurs pouppes'étoient d'argent pur, & garnies: de diamans, & leurs voiles de fin lin mêlé d'or; ces 24 vaiffeaux marchoienr fur deux lignes.

XVIII. Et voici que des cris retentirent dans l'air lorfque ces vaiffeaux de corail & de lapis lazuiò s'abor◄ derent, & je vis fortir de leurs flancs des globes de feu, qui faifoient grand bruit & beaucoup de ravage, & je vis auffi que les globes de feu des vaiffeaux lapis lazulā faifoient plus de mal que ceux des vaiffeaux de corail: & moi John, je courus au bord de la mer pour mieux voir ce qui fe paffoit; & le léopard d'or & les quatre hommes viurent auffi au bord de la mer, & j'entendis. le léopard qui difoit : Voici mes gens qui ont l'épée à deux tranchans; je leur ai confié ma foudre, & mes ennemis tomberont comme les feuilles des arbres qu'un grand vent abat vers la fin de l'automne..

XIX. Et je vis les 24 vaiffeaux de lapis lazuli qui combattoient vaillamment contre les 24 vaiffeaux de corail,

XX. Et le léopard regardoit, & il ne pouvoit croire ce qu'il voyoit, & il dit aux quatre hommes qui étoiens avec lui: Vous m'avez dit que je dominois fur toutes les mers, & voyez que les vaiseaux de ce jeune homme qui: ma enlevé mes treize plus jolies alles, me combattenţ

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