cet empire, dont il fe confume 330 millions de livres pefant, y vaut à peu-près un demi-fol de Hollande la livre.... Les plus belles peaux du monde font dans la Ruffie.... Il fe tire quantité de fuif de plufieurs de fes provinces, principalement d'Orenbourg, où Papportent les nations errantes qui nourriffent des troupeaux innombrables, pour trafiquer de leurs peaux & de leurs graiffes; on en exporte chaque année pour plus de 2 millions de florins de Hollande. On envoie de Pétersbourg de la chandelle toute faite à plufieurs contrées de l'Allemagne.... Les fourrures communes de la Sibérie surpaffent en beauté & en bonté toutes celles des autres pays: telles font celles des zibelines tuées pendant le printems ou l'été; celles des petits-gris, dont le poil épais & luftré approche de la couleur de l'ardoife; celles des ifatis ou peffi, que l'on appelle renards blancs; celles enfin des lievres dont le poil s'adoucit, s'épaiffit en hiver & prend la blancheur de la neige. Une feule peau de martre zibeline, tuée en hiver, vaut 150 florins de Hollande, fi elle est bien fournie de poils, fi la couleur en eft brune & luftrée. Les hermines, qui ne font guere plus grandes que les taupes de nos champs, coûtent 35 à 40 florins le cent. Une peau de foutre marine, qu'on appelle caftor de Kam fchatka, fe vend aux Chinois 140 à 150 florins, quelquefois mène 250. Celle de renard, fi elle ett parfaitement noire, va jufqu'à 2 mille & même 2500 florins. Les renards bleus font encore plus chers. On trouve en Sibérie des marbres, des pierres précieufes, de l'ivoire f file, du mufc, des mines d'or, d'argent, de cuivre & de fer. Le cuivre y cft de bonne qualité & fouvent chargé d'or, ce qui en fait défendre l'exportation. Le fer de Sibéife ne le cede point à celui de Suede. En 1772, les A S

mines d'or de toute la Ruffie donnerent 1947 livres de ce métal, & celles d'argent 62, 304 livres.... Nul peuple n'a pu imiter jufqu'ici ces cuirs fi recherchés fous le nom de cuirs de Rouffi; il y en avoit plus de 100 fabriques, il y a quel ques années, & le nombre en augmente tous les jours. On évalue leur produit annuel à 2 mil. hions & plus de florins de Hollande.... La Ruf fie commerce avec toute l'Europe, avec les Tar➡ tares, avec les Perfans & avec les Chinois. Ses exportations montent, années l'une portant l'au tres, à plus de 44 millions de florins, fans met-tre en ligne de compte les droits de fortiè, qui vont à plus de 8 millions; & fes importations ne paffent guere les 30 millions, ce qui fair pencher en fa faveur une balance d'environ 22. 23 millions ». SUEDE.

STOCKHOLM (le 31 Août. ) Le 21 de cee mois, au matin, la reine eft heureusement ace coucha d'un prince au château de Drotningholm. Cet événement agréable pour le roi, la famille royale & la nation, fut annoncé par une double décharge de 128 coups de canons. On en rendit à Dieu des actions de graces le mê. me jour, par un Te Deum qui fut chanté dans la chapelle du château. Le 22, la même céré-monie eut lieu dans la cathédrale & dans tou-tes les églifes de cette capitale; le roi s'y étoic: rendu avec la famille royale & la plus grandes Partie de la cour aux acclamations du peuple.

Les pluies continuelles des dernieres femaines caufant une grande cherté de vivres, le roi dont le cœur est tout entier à fon peuple, vient: d'exempter d'impôts, pour cette année, la pro-vince de Dalécarlie; & S. M. fe propofe, affu re-t-on, d'en exempter aufli d'autres provinces...

Depuis quelque tems, la pêche du hareng eft fort lucrative. Ils s'en trouve, comme on fcait, une grande quantité, venue de la mer du nord, le long des côtes de Norwege, par le détroit du Sund, tout à l'entour de la petite ifle qui avoifine Gothenbourg, & vis-à-vis de laquelle la Gothelba fe jette dans la Baltique : depuis 1621 14 ans après la fondation de cette ville, les habitans jouiffent du privilege royal d'en faire la pêche. En 1679, les harengs ne parurent plus dans cette mer. On n'en vit guere plus pendant les 72 années fuivantes; mais ils affluerent de nouveau en 1752. Depuis cette date, ils reviennent tous les ans, non fans variation car depuis 1770, leur retour eft d'année en année plus tardif que les années précédentes, ce qui lemble prélager un abandon total. Si ces harengs font plus petits que ceux de l'entrée de la Baltique, ils ont auffi un meil leur goût, le fuc des plantes maritimes étant fans doute moins acre. Pendant l'année courante, on y a falé 139 mille tonneaux de harengs; on en a enfumé 3700, & des harengs gâtés on a fait 2845 tonnes d'huile..

DANEMARCK.

COPENHAGUE (les Septembre. ) Le 29 du mois dernier, le vaiffeau amiral la Juftice, la Princeffe-Sophie-Frederique le Hoftein & la frégate Aifen, faifant partie de l'efcadre du roi eft dans le Sund aux ordres du vice-amiral Fontenay, font entrés en cette rade, où ils ont jetté l'ancre. L'efcadre ruffe qui y mouilloit depuis quelque tems, a fait voile le même jour pour la Baltique..

Le féjour des frégates angloifes & hollandoifes. dans le Sund a déjà donné lieu à un inci

dent, objet de nouvelles plaintes. Plufieurs of ficiers anglois fe rendirent dernierement à bord de l'une des dernieres pour parler à quelques prifonniers de leur nation, que cette frégate avoit amenés pendant que ces officiers y furent à bord, les hollandois les reçurent & les traiterent avec la plus grande politeffe : à leur départ, ils les faluerent même d'une décharge de canon; mais dans cet inftant deux des prifonniers anglois trouverent moyen de fe gliffer dans la chaloupe de leurs compatriores. Peu après, les hollandois s'en apperçurent ; & la chaloupe continuant de s'éloigner avec les prifonniers enlevés, le capitaine de la frégate ordonna de tirer quelques coups de fufil pour l'obliger à revenir. Un des matelots anglois en fut mortellement bleffé. Cependant la chaloupe continua fa route & conduifit les prifonniers fugitifs à bord d'une des fiégates angloifes, quoiqu'une chaloupe hollandoife armée la pourfuivir. Comme les coups de fufil ont été tirés à la vue de l'efcadre danoife & du vaiffeau de garde, ainfi que fous le canon de la fortereffe de Cronenbourg, notre gouvernement a cru devoir s'en plaindre comme d'une violation de fon territoire. On ignore fous quel point de vue il regardera auffi l'attentat porté par les officiers anglois aux devoirs de la reconnoiffance, de la bonne foi & de l'hofpitaliré.

On apprend de Suede que le gouvernement a donné ordre aux vaiffeaux de guerre gardescôtes d'arrêter & faire tranfporter à Stockholm le Sr. Koelberg, commandant d'un vaiffeau corfaire de Hollande, dès qu'ils le rencontreroient, à caufe de différentes plaintes qu'on a formées contre lui depuis un mois.

On compte actuellement dans le Sund 320 bâ timens, dont 179 navires marchands anglois.

POLOGNE.

VARSOVIE (le zer. Septembre.) On voit défiler beaucoup de troupes ruffes vers la Crimée, ce qui prouve que les troubles n'y font pas en core appaifés. Le nombre des mécontens, qui va toujours en augmentant, y eft, dit- -on, foutenu par les Turcs, & conduit par des officiers étrangers. On croira difficilement que la Porte fe mêle de cette infurrection, tandis que toute fon attention doit être absorbée par les troubles qui fe font élevés dans la Circaffie, la Georgie & la Mingrelie, & par la levée de boucliers des Montenegrins, des Dalmates & des Albanois. Quoi qu'il en foit, on écrit des frontieres de la Turquie que tout y a l'appareil guerrier; que les commandans du cordon autrichien ont ordre de faire feu fur les Turcs aux moindres excès qu'ils commettront, & que le général de Schroder eft actuellement dans la Buckowine,

On mande de Lemberg dans la Pologne-Autrichienne, qu'on vient encore d'y fupprimer trois couvens de religieufes qui doivent être éva cués dans le terme de 6 mois, mais que plufieurs d'entr'elles, voulant refter attachées à leur inftitut, font derminées à fuivre l'exemple des religieufes carmelites, qui toutes, à l'exception d'une feule, ont paflé en d'autres couvens de la Grande-Pologne.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG ( le 9 Septembre. ) L'APOCALYPSE BRITANNIQUE ou la révélation d'un bon Breton un'étoit ni pour ni contre l'oppofition, qui aimoit fa nation, & réfléchifoit fur ton ha miliation: tel eft le titre d'une brochure que nous allons faire connoître, comme contenant fous