sujet et charmer ses auditeurs; les Gracques renver. soient par leurs foudres et leurs éclairs *. POETES LATINS. VIRGILE.-Appellé le Prince des Poëtes Latins, nâquit à Andès, village près de Mantoüe, environ 70 ans avant J. C. le 15 d'Octobre. Il passa ses premières années à Crêmone où il se forma le goût et où parurent ses premiers talens. La distribution des terres de Crémone aux soldats d'Auguste, après la bataille de Philippi manqua de lui coûter la vie ; il voulut disputer ses possessions avec un de ces enfans de Mars, et il ne put éviter son ressentimeut qu'en passant une rivière à la nâge: ce fut le commence. ment de sa grandeur ; il vint à Rome, avec son prère, où Mæcene le prit sous sa protection, et le récom. *Ils tenoient leur éloquence de Cornélie leur mère qui avoit toujours en sa compagnie des Grecs et des Savans. Ils étoient deux Tiberius et Caïus; ce dernier avoit toujours derrière lui un domestique qui, avec une flute, l'avertissoit quand il falloit hausser ou baisser le ton de sa voix. Leur père, T. Sempronius Gracchus, fut deux fois consul. Mécane. Célèbre chevalier Romain, grand protecteur des Savans et des Lettres. Auguste le regardoit comme son ami, et se faisoit un plaisir de recevoir de ses avis. Virgile lui dédia ses Géorgiques et Horace ses Odes. manda à Auguste. L'Empereur rendit au poëte ser possessions et il commença alors ses Bucoliques. Les dix Eglogues furent finies en trois ans ; quelque temps après, il intreprit les Géorgiques, ensuite l'Ænéïde; on croit qu'il y fut engagé par Auguste lui même. Il arriva à Virgile ce qui étoit arrivé à Homère * il fut insulté par quelques misérables écrivains; les plus ardens étoient Bavius et Mævius; mais un nommé Bathille poussa l'impudence plus loin; il s'appropria les vers de ce grand poëte: rien n'étoit plus fameux que cette supercherie. Virgile avoit attaché à la porte du Palais d'Auguste un distique où il le faisoit égal à Jupiter; Auguste voulut en connaître l'auteur; personne ne se déclara, et Bathille profita de ce silence pour s'en faire honneur; les présens et les grâces de la cour fondoient sur lui. Le dépit de Virgile lui suggéra une idée heureuse, ce fut de mettre au dessous de ce distique ce vers Latin "Hos ego versiculos feci, tulit alter honores." J'ai fait ces vers, un autre en a reçu les honneurs, et ensuite ces mots répétés quatre fois, ❝ Sic vos non vobis." L'Empereur demanda qu'on en acheva le sens, mais personne, excepté Virgile, ne put le faire, et il dit * Voyez Homère, parmi les Poëtes Grecs. Faisant allusion à la supercherie de Bathille; par là on connut le véritable auteur du distique et Bathille devint la fable de Rome. Virgile ne vécut que 52 ans, et mourut à Brindes comme il alloit en Grèce pour mettre dans la retraite, la dernière main à l'Ænéïde qu'il avoit été onze ans à composer. Il en étoit si peu satisfait qu'il ordonna par son testament qu'on brulât ce Poëme; on se garda bien d'éxécuter un pareil ordre. Son corps fut, suivant ses dernières volontés, rapporté à Naples, et enterré avec beaucoup de solemnité dans un monument élevé sur la route qui conduit de Naples à Putéoli. On mit sur sa tombe ce distique qu'il fit lui même peu de tems avant de mourir "Mantua me genuit, Calabri rapuêre, tenet nunc Virgile mourut assez riche pour laisser de sommes considérable à Tucca, à Varius, à Mécène et à l'Empereur même. Parmi les Mantouans je reçus la naissance ; Parthénope me tient encore sous sa puissance J'ai chanté les Héros, les bergers et les bois. Les meilleures éditions des ouvrages de Virgile sont celles de Lewarde, 2 vols. in 4to, 1717; de Basker. ville, in 4to, Birmingham, 1757; de variorum, in 8vo, L. B. 1661; de Hayne, 4 vols. in 8vo, Leip. 1767; d'Edimbourg, 2 vols. 12mo, 1755; et de Glascow, in 12mo, 1748. HORACE, Q. Flaccus.-Nâquit à Venuse, dans la Pouille, 63 ans avant J. C. il étoit petit fils d'un affranchi. Après avoir reçu des leçons des meilleurs maîtres de Rome, son père l'envoya à Athènes pour s'instruire dans l'étude de la Philosophie. Le célèbre Brutus le créa Tribun des soldats dans l'armée qu'il avoit crée contre les Triumvirs. Horace se trouva à la bataille de Philippe; mais meilleur poëte que guerrier, il prit la fuite, jetta ses armes, vint à Rome où la pauvreté le porta à la composition. Ses talens attirèrent l'attention de Virgile et de Varius qui le recommandèrent à la protection de Mocène et d'Auguste. Horace eut ses ennemis. Dans cette troupe irritée et grotesque de petits poëtes envieux qui sonnoient le tocsin au bas du Parnasse, on remarquoit Pantilius, surnominé la Punaise, à cause de la platitude de ses vers; Tannius le parasite; Demetrius le médisant, et Tigellius l'insensé. Leur coryphée Crispin, saisi d'un transport belliqueux vint publiquement défier leur ennemi commun: "Qu'on nous donne," s'écrioit il," une chambre, des tablettes, une heure et des témoins, et nous verrons qui de nous deux, d'Horace ou de moi fera plus d'ouvrage." Toutes les démarches, les chansons et tous les libelles de ses ennemis se tournèrent contre eux, et ne servirent qu'à fournir à sa causticité et à donner du ressort à son imagination. Il mourut dans l'opulence, âgé de 57 ans, 7 ans avant J. C. Les meilleures éditions de ses ouvrages sont celles de Bâle, in fol. 1580; celle de Gesner, 8vo, Leip. 1752; et celle de Glascow, 12mo, 1744. OVIDE.-Célèbre Poëte Romain, né à Sulmo le 20 Mars, environ 43 ans avant l'Ere Chrétienne. Son père vouloit le déterminer au barreau, et l'en voïa à Athènes à l'âge de seize ans. Il fit dans l'éloquence des progrès rapides, mais le fils, par son in. clination naturelle pour la poësie, trompa l'attente du père; il avoue, lui-même, que ce talent avoit en lui une force, "Et quod tentabam scribere versus erat:" il devint ami des Savans: Virgile, Properce, Tibulle, l'honorèrent de leur correspondence, et l'Empereur, lui-même, le protègea d'une manière particulière ; cependant il fut bientôt après banni à Tomos sur les bords du Pont-Euxin; on n'en sait pas la vraie raison, I fit alors tout ce qu'il put pour être rapellé, at prostitua même sa plume à la flatterie la plus |