́proportions qu'avoient suivi les grands maîtres de l'antiquité. On va loin dans les arts que des princes illustres prennent sous leur protection; aussi a-t-on vu sous Léon X. François I. et Henri II. l'architecture acquérir de grands dégrés de perfection; mais si la France et l'Italie ont des droits imprescriptibles aux progrès qu'elle fit dans la suite, il est une autre nation trop jalouse des arts pour ne pas présenter des hommes qui s'y sont distingués. En Angleterre, Sir C. Wren donna dans un grand nombre d'édifices des preuves de ses talents. L'Eglise de St. Paul; la Colonne élevée au bout du pont de Londres; l'Hopital de Chelsea, et beaucoup d'autres, attesteront dans tous les tems le génie et l'habileté de ce grand . architecte. Cet art en France fut très négligé jusqu'à Fran-, çois I. On ne sauroit bâtir plus mal que l'on a fait depuis Clovis jusqu'à ce prince. Les maisons étoient faites à peu près comme des colombiers, les palais comme des forteresses; et dans un grand nombre d'églises anciennes on n'admire que la grandeur; on distingue néammoins le nouveau Gothique du vieux ; et on convient que les Eglises cathédrales de Paris, de Rouen, de Bauvais, d'Amiens, de Rheims, de Vi enne, de Chartres: l'Abbaye de St. Quën de Rouen, celle de Royaumont et quelques autres seront toujours par les connaissseurs regardées comme de beaux vajs seaux Dès que François I. eut promis des récompenses à ceux qui travailleroient à se perfectionner dans les arts, il s'éleva tout-à-coup des gens qui se distinguerent dans toute sorte de professions; les maçons devinrent architectes, et à force d'étudier les beautés de l'art, ils s'y rendirent très habiles; entre plusieurs desseins qui furent présentés au Roi pour batir le Louvre, deux parurent excellens; l'un étoit de Sébastien Serlio et l'autre de Pierre Lescot, plus connu sous le nom de l'Abbé de Clagny. Serlio faisoit le métier depuis plus de quarante ans; il n'y en avoit pas dix que Clagny s'y appliquoit, cependant son des sein fut trouvé si noble et si beau que ce fut celui qu'on suivit de l'avis même de Serlio. Ponce et Gougeon, Français, éxécutèrent ce dessein; ce qu'ils ont fait au Louvre est regardé comme un modêle de la plus belle architecture. Louis de Foix, Parisien, fut préféré à tous les architectes Italiens et Espagnols pour bâtir l'Escurial. Marie de Médicis se servit pour ses batimens des fameux de Lorme et Bullant, parcequ'après avoir bien cherché elle n'on trouva point d'aussi habiles en Italie: de Lorme qui a surpassé les anciens dans la coupe des pierres et dans l'art de faire des voutes, orna de certaines colennes qu'il avoit inventées le Palais des Thuilleries que cette reine faisoit bâtir: le célèbre Desbrosses vint ensuite; le Luxembourg est de son ordonnance, et ne le cèle qu'au portail de St. Gervais seul capable d'immortaliser son nom; le Cavalier Bernin, un des plus grands architectes qu'aient eu les Italiens, disoie qu'il n'avoit rien vu de plus parfait que ce por tail. Sous Louis XIII. et sous Louis XIV. Le Vau, Perrault, Duval, Mansard ont immortalisé leur nom: Le Vau par la façade du Louvre où il a étalé toutes les richesses de l'architecture des anciens: Duval s'est distingué par le Val-de-Grace: on doit à Blondel co que la porte de St. Denis a de plus exquis et de plus recherché. Le bon goût de cet art étant si solidement établi, il ne restoit plus que de tâcher de le conserver; ce fut dans cette vue que Mr. Colbert forma l'Académie d'Architecture à la fin de l'année 1671. Elle ne fut d'abord composée que de six architectes: leurs élèves en ont augmenté le nombre, et assuré à la France la possession d'un bien qu'il lui seroit honteux de laisser échapper. THEATRES. GRECS. Tragédie.-On attribue communément aux Grecs Forigine des théâtres. Cette nation jalouse de cultiver les arts donna naissance à la Tragédie; ce ne fut d'abord qu'un simple chœur qui chantoit en dansant les louanges de Bacchus. En 534 avant l'Ere Chrétienne, Thespis representa la premiere tragédie *, et promenoit sa troupe dans un tombereau par les bourgs de l'Attique; Æschile leur donna des brodequins et un masque plus honnête; il fit monter ses acteurs sur un théâtre, et leur fit jouer des rôles plus grands et plus nobles t. Sophocle et Euripide augmen tèrent la pompe, perfectionnèrent le poëme, et surent interesser le choeur dans toute l'action*. Comédie.-La Comédie fut aussi cultivée chez les Grecs avec succès; elle a eu trois âges ou trois états différens. Dans l'ancienne comédie on se donnoit la liberté, non seulement de représenter des aventures véritables et connues, mais de nommer publiquement les gens; Socrate lui-même s'est entendu nommer et s'est vu jouer sur le théâtre d'Athènes. Cette licence fut réprimée par l'authorité des Magistrats; et les comédiens n'osant plus désigner les gens par leur nom, firent paraître des masques ressemblans aux personnes qu'ils jouoient, ou les désignoient de quelque autre manière semblable: ce fut la comédie moyenne. Ce nouvel abus, presqu' aussi grand que le premier, fut encore défendu; on ne marqua plus les noms ni les visages, et la comédie se réduisit aux règles de la bienséances; c'est la comédie nouvelle dont Ménandre fut l'auteur du tems d'Alexandre le Graid. La première comédie fut jouée à Athénes environ l'an 562 avant l'Ere Chrétienne, sur une espèce d'echaffaud, par Susarion et Solon; elle fut inventée par les Athéniens naturellement railleurs. Eupolis, Aux trois grands hommes dont nous venons de parler on peut joindre Théodectes, Théocrites, Xénoclès et quelques autres distingués par leurs talens, quoique moins connus. |