marquer qu'elles ne sont que des saillies sans fiel, sans aigreur, sans satyre, et par cette raison plus dignes d'amuser que toutes celles que la haine, la jalousie ou la causticité ont produites. La suivante En 1664, donnera une idée de son enjouement. Louis XIV. supprima un quartier des rentes constituées sur l'Hotel-de-Ville; le Chevalier de Cailly qui étoit du nombre des supprimés, fit, pour s'en consoler, cette Epigramme dont M. Despreaux faisoit cas De nos rentes, pour nos péches, Piron né avec trop de penchant pour la satyre et trop de facilité à lancer des Epigrammes malignes s'en est permis quelques unes qui ne sont pas toujours justes. Chapelle a des Epigrammes pleines de feu et dont la pointe est très piquante f. Racine, Boileau ont * Hopital. + Claude Emmanuel Luillier, surnommé Chappelle, nâquit en 1621, et mourut en 1686. La délicatesse, la légéreté de son esprit, l'enjouement de son caractère, le firent rechercher des personnes du premier rang: on aimoit sa sociéte, mais il vouloit, aussi donné des Epigrammes; ce dernier est meilleur satyrique qu' Epigrammatiste. Fabulistes.-Le premier fabuliste en France et sans contredit le premier des fabulistes, c'est La Fontaine*. Il tient lieu d'Æsope, de Phædre, de Pilpai. Par ses Apologues il semble qu'il ait voulu rendre aux mœurs ce qu'il leur avoit ôté par ses Contes. La Mothe a fait des fables fort ingénieuses †. disoit il, avoir partout ses "Coudées Franches," Racine, Boileau, Molière, La Fontaine, l'eurent pour ami et pour con eil. * Jean de la Fontaine, nâquit à Chateau-Thierri, en 1621, et mourut à Faris en 1695, âgé de 74 ans. Cet homme inimitable par sa naïveté, ne connut qu'à 22 ans son talent pour la poësie que la lecture d'une des Odes de Malherbe fit éclore. L'espèce de stupidité que cet homme de génie avoit dans son extérieur, fit dire à Me. De la Sablière" Je n'ai gardé que mes trois bêtes, mon chien, mon chat et mon La Fontaine.” Nous rapporterons ailleurs quelques anecdotes sur la simplicité de cet homme qui sera toujours le désespoir de ceux qui voudront après lui réussir dans l'Apologue. + Antoine Houdart de la Motte, nâquit à Paris le 17 Janvier, 1672, d'un marchand Chapelier, et mourut dans la même ville le 26 Dec. 1731. La collection de ces œuvres forme II vol. in 12mo. Il a fait des tragédies, dont la meilleure est, " Inès de Castro." Cette pièce offre des situations touchantes et des scènes qui firent couler des larmes. Des comédies, dont la meilleure est "Le Magnifique." Des odes: des églogues, &c. Celles de Richer ont encore des beautés malgré la faiblesse de sa poësie. De tous les fabulistes modernes, M. l'Abbé Aubert est celui qui mérite le plus de marcher après La Fontaine. Avec ces quatre fabulistes, on peut se passer des Fables de Furetiere, Benserade, Le Noble, Boursault, Fuselier, Launay, Pesselier, Fresnay, Ganeau, Groselier, Barbe, et de quelques autres qui ont cru se sauver du naufrage par le luxe typographique et en imposer au public qui a fini par n'être pas dupe de ce genre de coquetterie. Poëtes de Societé.-On peut mettre parmi les meilleures Poëtes de Sociéte, La Fontaine pour ses poësies fugitives. Chapelle est estimé par la relation de son voyage en Provence sous le tître de "Voyage de Bachaumont," qui est un petit chef-d'œuvre d'enjouement et de plaisanterie. Pavillon a du naturel, de la délicatesse et beaucoup de facilité à s'exprimer avec autant de grace que de justesse. Voltaire est incomparable dans le genre poësies légères. des Vert Gresset est estimé pour ses Epîtres et son Vert," agréable badinage bien propre à donner aux étrangers une idée de la gaïeté Française. Desmahis. Ses poësies légères l'emporteroient peut-être sur celles de Chapelle et de Chaulieu si l'esprit n'y étouffoit trop souvent le sentiment. Le Cardinal de Bernis a su réunir sans éffort dans ses "Quatre Parties du Jour," tout ce qui peut plaîre aux connaisseurs. Enfin Le Duc de Nivernois; Le Chevalier de Boufflers; Bernard, nommé, Gentil Bernard à cause des agrémens de ses petites poësies. Me. la Marquise du Châtelet ayant prié M. de Voltaire d'engager de sa part M. Bernard à venir souper chez elle un samedi, M. de Voltaire lui écrit Au nom du Pinde et de Cythère, Que L'Art de Aimer doit samedi Le P. Ducerceau. Quelques unes de ses petites pièces respirent une gaïté bien analogue au génie de la nation Française. Enfin on peut encore mettre au nombre des meilleurs poëtes de société, les Comtes d'Hamilton et de Tressan; le Marquis de Pézé; St. Lambert; l'Abbé de Voisenon; La Monnoie; Dorat: et dans le genre burlesque, le dernier de tous les genres, Scarron, auteur du " Virgile Travesti ;" et Monbrun si admiré de M. de Voltaire pour avoir travesti sa Hen. riade. Nous pourrions encore en citer quelques autres qui ne sont pas sans mérite; mais comme leur imagination quelquefois vive et brillante s'est souvent écartée pour embellir le langage du vice, la crainte d'allarmer la pudeur et la délicatesse nous font un devoir de ne pas faire connaître leurs productions. Prétendre au talent de la poësie sans l'avoir reçu au moment de sa naissance, c'est une témérité qui couvre d'un ridicule qu'on ne peut excuser; c'est d'un pareil auteur que Boileau a dit— S'il ne sent point du siel l'influence sécrète, M. de Saumaise si distingué par ses connaissances est bien une preuve de cette vérité. Quand il se mêloit de faire des vers il faisoit pitié; on en peut juger par un Sonnet de sa façon dont nous ne rapporterons que les quatre prémiers vers, et qui se trouve dans une de ses lettres à M. Staakmannus Hollandois qui avoit bien la mine d'être aussi bon poëte Français que M. de Saumaise: voici comme il dé bute Où vas tu, chère Muse? où est toute la bande? Ton sejour est Paris, cependant te voici; Tout le reste est de la même force. Ceux qui voudront lire en entier ce grand modèle de versifica |