صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني
[ocr errors]

COUPLET impromptu à madame Lebrun, sur sa lettre insérée dans le Journal de Paris, pour désavouer l'acquisition du Moulin - Joli de M. Watelet.

Sur l'air de Joconde.

SOUFFREZ qu'un critique poli
En public vous réponde,
Vous possédez Moulin-Joli
Le plus joli du monde.
Pourtant ne l'avez acheté,
Meûnière belle et tendre,"
Et l'on enrage, en vérité,iu,
Qu'il ne soit pas à vendre.

On a donné, le samedi 29 juillet, sur le théâtre Italien, la première représentation du Mariage d'Antonio, divertissement mêlé d'ariettes ; les pat roles sont de, madame de Beaunoir, auteur de la jolie petite comédie de Fanfan et Colas; la musique est de mademoiselle Grétry, âgée de treize et fille du célèbre compositeur de ce nom.

ans,

Cet ouvrage est une espèce de suite de Richard cœur de Lion, il est du moins fondé sur un in cident de ce drame. On se rappelle que le jeune Antonio, qui, dans cette première pièce, sert de guide au troubadour, n'a consenti à l'accompa gner que ce jour-là seulement, parce que le len demain il doit se trouver au renouvellement du mariage de son grand-père Mathurin, pour revoir cette petite Colette si gentille, si légère, et qu'il

regrette si fort que l'aveugle Blondel ne puisse pas voir. C'est l'amour de ces deux enfans qui forme tout l'intérêt du nouveau divertissement.

Ila fort réussi, grâce aux premières scènes, qui intéressent par le tableau naïf des amours de deux enfans qui s'aiment sans s'en douter, et par l'ingénuité piquante avec laquelle ils s'empressent d'en avertir eux-mêmes leurs parens. On a pardonné la faiblesse de l'intrigue et des longueurs dans la dernière partie, qu'il sera facile de faire disparaître (1). L'intérêt que le public, ne pouvait manquer de prendre à cet essai de la fille d'un compositeur qui lui est aussi cher que M. Grétry, suffisait pour en assurer le succès; mais ce succès n'est pas dû entièrement à ce sentiment de bienveillance; la plupart des airs ont paru analogues à la situation et au caractère des personnages; leurs motifs, sans être absolument neufs, sont d'une mélodie agréable; quelques-uns ont vraiment la fraîcheur, la grâce et la gentillesse propres à son âge. Si la manière de mademoiselle Grétry est en général celle de son père, il serait injuste d'exiger qu'à treize ans elle en eût une à elle. Les premières compositions, dans tous les sont toujours en quelque sorte des copies du maître que l'on a étudié. M. Grétry, dans une lettre insérée dans le Journal de Paris, avait avoué lui-même la part qu'il a eue à la musique du Mariage d'Antonio, il en a fait les morceaux

genres,

¡ (1) Elles ont disparu à la troisième ou quatrième représentation.

[ocr errors]

d'ensemble et renforcé les accompagnemens; les airs appartiennent en entier à sa fille, et cette partie, qui tient si peu à l'étude de l'art, mais qui caractérise essentiellement le génie musical, annonce un talent fait pour donner les plus heureuses espérances.

La séance publique de l'Académie Française, le jour de Saint-Louis, est une des plus tristes séances que nous ayons vues depuis long-tems. M. de Champfort, en qualité de chancelier, remplissant les fonctions du directeur absent, M. Target, a lu quelques observations faites par ce dernier sur les cent huit pièces de vers qui ont concouru pour les prix de l'Académie, soixantehuit pour l'Éloge du prince de Brunswick, et quarante pour le prix ordinaire, sans oublier les vingt-huit discours en prose envoyés encore cette année pour l'Éloge de Louis XII; aucun de ces ouvrages n'a paru mériter la palme académique, pas même les honneurs de l'accessit. Les prix de vers ont été remis à l'année prochaine, et celui d'éloquence pour l'éloge du Père du Peuple, à l'année 1788; l'Éloge du maréchal de Vauban est pour l'année 1787, ainsi que celui de M. d'Alem bert, pour lequel personne, jusqu'à présent, je crois, n'a même essayé de concourir. Un particulier avait aussi prié l'Académie de proposer en son nom un prix pour le meilleur Catéchisme de morale, il a été remis également à l'année pro

chaine pour la quatrième et dernière fois. Ne dirait-on pas que les talens diminuent en raison des encouragemens prodigués pour exciter leur émulation? Ce qui a été le plus applaudi dans les instructions de M. Target, c'est le souvenir du conque M. d'Alembert avait coutume de donner aux jeunes gens: Sur toutes choses, leur disait-il, n'oubliez jamais dans vos compositions ces deux mots d'où viens-je? où vais-je ?

seil

On nous a ensuite annoncé que M. Roucher a obtenu le prix d'encouragement fondé par M. de Valbelle; M. Lacretelle celui d'utilité, pour son ouvrage sur les peines infamantes; M. l'abbé Roubaud, ce même prix, qui n'avait pas été donné l'année dernière, pour ses Synonymes Français; Joseph Chrétien, qui a sauvé, au péril de ses jours, trois enfans prêts à périr sur un canal glacé de Versailles, le prix de la plus belle des actions; et la demoiselle Huret un second prix du même genre, donné par la Société du Salon, pour s'être dévouée pendant quinze ans de suite au service de sa maîtresse tombée dans l'indigence. On voit que l'Académie a trouvé cette année beaucoup plus de vertus que de talens à couronner.

M. Lemierre a terminé la séance par la lecture de quelques fragmens deison Voyage en Suisse, en vers de sept syllabes. Ces morceaux, assez mal choisis et hors du cadre qui peut seul en faire excuser les disparates, ont paru souvent d'une tournure plus bizarre qu'originale; plusieurs traits cependant ont été applaudis, mais

on ne peut se dissimuler qu'en général cette lecture n'était guère propre à justifier la sévérité de goût dont l'Académie venait de faire preuve en rejetant, sans aucune exception, cette foule d'ouvrages qui s'étaient présentés cette année au

concours.

Le magnétisme vient de perdre, enda personne de M. Deslon, son second prophète; ce médecin, d'une bonne constitution, âgé seulement de quarante-cinq ans, supportait à lui seul, depuis l'hégire de Mesmer, toute la fatigue de l'apostolat. La chaleur magnétique, dont il était continuellement imprégné, a allumé son sang, et il s'est trouvé attaqué à la fois d'une fluxion de poitrine, d'une fièvre maligne, de coliques néphrétiques. Dans cette complication de maux, qui n'aurait peut-être pas cédé aux remèdes ordinaires de la faculté, il les a continuellement refusés, et quatre de ses élèves magnétisans ont exercé sur lui, sans relâche, le pouvoir de ce grand art jusqu'à ce que mort s'en soit ensuivie. Loin d'exciter quelques doutes sur les effets infaillibles de la puissance magnétique, cette mort illustre n'a servi qu'à les confirmer. Un mois ou six semaines avant l'évènement, il avait consulté sur son état une personne mise en état de somnambulisme; elle avait prédit que le grand homme, qui alors se portait fort bien, ne tarderait pas à être attaqué d'une maladie trèsgrave, et qu'il serait bien difficile de le sauver.

« السابقةمتابعة »