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Les Synonymes de madame de St..1 ont eu trop de succès pour que la malignité ne se soit pas empressée de s'en venger. La plaisanterie de M. de Thiars n'a pas paru assez directe; on s'est permis d'en faire une critique beaucoup plus amère, mais dont tout l'artifice ne consiste qu'à employer des expressions très-propres à rendre vivement des idées fines et originales pour ne dire que des choses communes, parce qu'employées ainsi, ces expressions doivent paraître recherchées et ridicules, comme le seraient de fort beaux habits dont on s'aviserait d'affubler un homme du peuple. C'est sur les mots les moins synonymes, naturelle et précieuse, qu'on a parodié les synonymes franchise et véracité.

Naturelle et Précieuse.

On est naturelle par caractère et précieuse par système. On est naturelle sans projet; on est précieuse parce qu'on le veut.

Le naturel interrogé, on sait à quoi s'en tenir; mais la préciosité, qui est une prétention, cède toujours le pas à une prétention d'un ordre supérieur, alors qu'elle la rencontre.

L'esprit naturel aime à se faire comprendre, l'esprit qui ne l'est pas travaille à se faire admirer. Une précieuse qui veut être naturelle peut dire une vérité, mais jamais naturellement.

Si l'on persuadait à une femme naturelle qu'il serait de son intérêt d'être fausse, cela n'avancerait

à rien, car elle ne pourrait exécuter sa résolution. Si on persuadait la même chose à une femme précieuse, le plus difficile serait fait. Je regarde le visage d'une femme naturelle, et je sens qu'elle m'inspire la confiance; j'écoute les paroles d'une précieuse, et j'éprouve le contraire. Il faut souhaiter d'être aimé de la première, mais ne jamais désespérer de posséder la seconde ; l'envie d'être louée, qui a dénaturé son caractère, vous offre mille moyens de la séduire. Dans le commencement de la vie, on croit que l'affectation a de l'avantage sur le naturel, et l'affectation mène à la fausseté, qui est un vice. Mais le naturel ne déconcerte

pas

la fausseté; c'est une manière d'étre contre une manière d'étre. Cependant, si j'avais à choisir, j'aimerais mieux vivre avec une femme naturelle; je conviens qu'elle pourrait me dire ce qu'elle devrait me cacher, mais si elle me disait que je lui plais, je la croirais entraînée par moi à faire ce que je lui demande, et je la préférerais à la première qui jouerait l'émotion et le sentiment. Il est plus doux d'obtenir que de recevoir le plaisir qu'on a résolu de donner. Je la préférerais aussi parce que les mouvemens naturels ont cet avantage sur les minauderies, qu'ils exigent moins de façons et donnent les mêmes jouissances.

Une des objections le plus souvent répétées contre l'utilité de l'établissement du Lycée, est que tout ce qu'on y entend peut se lire dans le cabinet avec tout autant de fruit. Voici de quelle manière

M. de la Harpe a trouvé l'occasion d'y répondre dans une des dernières séances consacrées à l'analyse raisonnée des Institutions de Quintilien.

« Ce qu'a dit Quintilien de celui qui parle est » tout aussi vrai de celui qui écoute. Dans l'un et » l'autre cas, on est bien moins seul qu'en société, >> et cette observation est ici, ce me semble, d'au>> tant mieux placée qu'elle peut servir de réponse » à l'objection que quelques personnes ont faite >> contre cet établissement si honorable aux let» tres, et à qui votre approbation, Messieurs, >> manifestée par des témoignages si flatteurs, pro» met cette stabilité qui seule peut le rendre na» tional. On a dit que tout ce qu'on entend dans le Lycée pouvait se lire dans le cabinet avec tout >> autant de fruit. J'oserais croire, au contraire, et » cette opinion est fondée sur la nature et l'expé>>rience, que si nous sommes assez heureux pour » être de quelque utilité, elle doit être ici plus >> certaine et plus étendue que partout ailleurs. Je >> connais tous les avantages de la lecture particulière, surtout dans les matières abstraites qui exigent beaucoup de méditation; mais pour >> celles que nous traitons ici, qui généralement » ont plus besoin d'être bien saisies qu'approfon» dies long-tems, qui sont plus faites pour donner du mouvement à l'esprit que pour le condam» nerau travail,la forme des assemblées publiques » nous paraît préférable à toutes les autres. En ce genre, l'oreille vaut mieux que l'œil pour rete

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»nir et arrêter la pensée. Les sensations sont plus

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» vives quand elles ne sont pas solitaires, elles sont plus sûres quand elles paroissent confirmées par >> tout ce qui nous environne; l'attention de cha» cun est soutenue par celle des autres, et ce 、 qu'on a senti en commun laisse une trace plus. » profonde et plus durable; on remporte des idées » que l'on compare à loisir avec les siennes, et il » se fait en quelque sorte un travail général et si» multané de tous les esprits, qui doit tourner au » profit de la raison et de la vérité. »

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Le Triomphe du Nouveau Monde, Réponses académiques formant un nouveau système de confédération fondé sur les besoins actuels des nations chrétiennes, commerçantes, etc., et adapté à leurs diverses formes de gouvernement; dédié aux Souverains, aux Académies, à tous les gens de bien. Par l'ami du Corps Social. Deux volumes in-8°, ayant pour épigraphe ces paroles du psaume 84:

Justitia et pax osculatæ sunt.

Tel est le titre fastueusement bizarre d'un ouvrage dont la publication vient de faire renvoyer son auteur, l'abbé Brun, de la congrégation de l'Oratoire. Ce renvoi a donné lieu à une contestation qui a fait retentir nos tribunaux et lire le livre qui l'avoit occasionnée. Nous ne doutons pas que ce ne soit le prix proposé par l'abbé Raynal au jugement de l'Académie de Lyon, savoir si la découverte de l'Amérique a été utile ou nuisible au

genre humain, qui ait donné à l'abbé Brun la première idée de son Triomphe: mais tout à la fois prêtre, janséniste et philosophe, qualités assez difficiles à concilier, il ne s'amuse point à discuter cette importante question, il la décide. Il ne voit dans la découverte du Nouveau Monde que le bonheur de l'ancien. Tous les maux que nous avons faits à l'Amérique, celui qu'il paraît plus que démontré que nous devons à la gloire de l'avoir découverte, la dépopulation de plusieurs parties de notre continent, les nouveaux besoins auxquels nous assujettit l'usage de tant de productions inconnues jusqu'alors, les guerres désastreuses que ces riches conquêtes n'ont cessé de susciter entre les puissances qui ont voulu se les approprier, la dévastation de l'Afrique, qui s'épuise journellement à nous fournir les nègres nécessaires pour l'exploitation des mines ou pour la culture du sucre et du café, les ravages enfin d'une maladie devenue le plus cruel et le plus honteux des fléaux dont le genre humain soit affligé; tous ces maux, qui appartiennent à la découverte de l'Amérique, ne sont presque rien aux yeux de M. l'abbé. L'esprit de commerce substitué à l'esprit de conquête, cet esprit de commerce devenu l'âme de la politique moderne, l'Amérique septentrionale tendant les bras et ouvrant un vaste territoire aux malheureux Européens, les souverains forcés par la crainte de la dépopulation de leurs États respectifs à consentir à une paix générale pour assurer leur bonheur et celui de leurs sujets, voilà les

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