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est bien plus sûr encore après avoir essayé de lire celle du père Mailla.

La nouvelle description de l'abbé Grosier est partagée en deux parties. La première contient un tableau géographique des quinze provinces de la Chine proprement dite, des deux Tartaries chinoises, orientale et occidentale, et des autres pays soumis à la domination chinoise Il y a quelques-uns de ces articles, tels que ceux de la population et de la fertilité, où M. l'abbé Grosier ne paraît pas avoir porté un esprit de critique assez éclairé; il me semble ignorer également, et les réflexions philosophiques de M. Paw, et les dernières relations de plusieurs voyageurs, qui prouvent clairement combien les missionnaires de la compagnie de Jésus avaient mis d'exagération dans leurs calculs.

Dans la seconde partie, M. l'abbé Grosier décrit le gouvernement chinois : cette dernière partie de l'ouvrage est celle qui laisse encore le plus à désirer.

Mémoires de madame de Warrens, suivis de ceux de Claude Anet, publiés par C. D. M. P., pour servir d'apologie aux Confessions de J.-J. Rousseau, avec cette épigraphe:

Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé,

et ce que je fus.

J.-J. ROUSSEAU, Confess. Liv. I.

Ces mémoires sont également dépourvus d'es

prit, d'intérêt et de sensibilité. Pour prouver que madame de Warrens n'eut point les fai-blesses que lui impute J. J., on en fait l'héroïne de roman la plus plate et la plus insignifiante. Si ces mémoires étaient vrais, il faudrait convenir que le mensonge a quelquefois l'air infiniment plus vrai que la vérité même. M. Claude Anet nous assure qu'il a survécu plusieurs années à sa bienfaitrice; ceci dérange beaucoup les remords du citoyen de Genève, qui se reproche si naïvement d'avoir pensé avec plaisir, en voyant mourir ce pauvre Anet, qu'il allait hériter de ses nippes, et surtout d'un bel habit noir qui lui avait donné dans la vue. Il y a lieu de croire que cet ouvrage a été commandé par la famille de madame de Warrens, mais elle a mal choisi son vengeur.

AOUT 1786.

Fragment d'une leçon de M. Garat, sur les Pyramides d'Egypte.

SANS vouloir adopter l'opinion de l'auteur, nous avons pensé que la manière dont elle est discutée pourrait mériter l'attention de nos lecteurs, et serait propre en même tems à leur donner quelque idée de l'instruction intéressante qu'offre le nouvel établissement du Lycée.

« Le climat le plus favorisé de la nature a toujours ses inconvéniens, et celui de l'Egypte fesait payer par de grands maux le miracle de la fécondité de ses terres. Ce ciel, qui touche presque au tropique, est plus brûlant encore que celui de la zone torride dans les autres parties du globe. Ces pluies fréquentes, ces orages bienfaiteurs, qui partout ailleurs tempèrent et rafraîchissent l'air embrasé des tropiques, en Egypte sont presque entièrement ignorés. Presque jamais un nuage ne se met entre le soleil et la terre, et les rayons de cet astre de feu, lancés presque perpendiculairement, concentrés et réfléchis par les deux chaînes de montagnes qui suivent le cours du Nil, forment, du centre de la Thébaïde et de l'Heptanomide, comme un vaste miroir ardent

qui répand au loin les flammes et l'incendie; et lorsque le feu vous poursuit partout, la terre ne vous présente aucun refuge. L'Egypte manque totalement de grands arbres; elle n'a aucune de ces forêts dont les balancemens sont comme le ventilateur des zones embrasées, dont les sommets élevés et ombrageux arrêtent le soleil et entretiennent une éternelle fraîcheur à leurs pieds, tandis que l'incendie est toujours sur leurs têtes. La terre, pénétrée dans toute sa profondeur des eaux du Nil, est fécondée par cet embrasement; mais les êtres vivans en sont consumés et dévorés: il est des momens de l'année où les animaux qui paissent dans les plaines ressérées de la Thébaïde et de l'Heptanomide, brûlés comme dans une grange où l'on aurait mis le feu, remplissent les airs de leurs mugissemens, et se précipitent dans les eaux du Nil, où nuit et jour ils restent plongés; le buffle, le porc, le cheval, le bœuf y sont presque devenus amphibies; il est des tems où l'on croirait qu'en Egypte il n'y a d'ètres vivans que les poissons. Aussi, est-ce en Egypte qu'un Français a écrit le Telliamed, cet ouvrage singulier où l'on prétend que tous les animaux, et même l'homme, ont commencé par être un poisson. Les hommes, en effet, et même les femmes, y vivent beaucoup avec les poissons dans les eaux du Nil. Des milliers d'enfans, répandus sur les bords de ce fleuve et des canaux, les traversent à la nage et se jouent continuellement dans les eaux; les jeunes filles même sont extrêmement habiles à

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cet exercice, et y montrent autant de courage et plus de grâce. Du tems d'Hérodote et de Thales, on les voyait sortir du sein des eaux, entourer en cercle les bateaux qui montaient et descendaient le Nil, et les accompagner de leurs chants, et on peut croire aussi que c'est ce spectacle qui a fait naître la fable charmante des Néréides...... Homère l'avait vu; le génie d'Homère était composé en partie de ce qu'offre la nature de l'Egypte. Mais ce climat a quelque chose de plus terrible encore que sa chaleur brûlante; c'est un fléau dont les eaux du Nil ne peuvent pas sauver, et qui empêche même très-souvent d'aller chercher dans le fleuve un refuge contre les feux du ciel; des vents de la plus grande violence partent de ces déserts de sable de l'Afrique et de l'Arabie, dont l'Egypte est environnée; en un moment le ciel, la terre, toute l'atmosphère est couverte d'un sable qu'on croirait rougi au feu et qui pénètre dans les moindres interstices des murs et des cloisons. Les maisons n'en mettent point à l'abri, et souvent des familles entières ont été ensevelies dans leur lit par ces torrens de sable enflammé; il n'est contre ce fléau qu'un seul refuge qui soit sûr, ce sont les entrailles de la terre, et les habitans de l'Egypte, et en général tous ceux de l'Afrique, y ont toujours cherché leur sûreté. L'Egyptien et l'Africain ont toujours beaucoup plus vécu sous terre que sur la terre, et ces souterrains, ces demeures sombres qui effrayent notre imagination, sont

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