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C'est le sieur Molé qui a joué le rôle de l'Inconstant, et l'on ne peut se dissimuler que la grâce et la finesse de son jeu n'aient beaucoup contribué à décider le succès de la pièce.

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PRES de Daphnis une rose nouvelle
Venait d'éclore avec tous ses appas.
Elle est pour moi, se disait-il tout bas ;
Ah! quel plaisir de la trouver si belle!

MAIS par malheur elle est trop jeune encore;
Un jour de plus suffit pour l'embellir.

Il sera tems de venir la cueillir
Demain matin au lever de l'aurore.

LINDOR, plus fin, la guette à la sourdine,
Saisit l'instant, et rend grâce au hasard.
Daphnis revint, mais il revint trop tard,
Et de la fleur ne trouva que l'épine.

Les Ailes de l'Amour, pièce représentée pour la première fois au théâtre Italien, le mardi 23 mai, ne sont, pour ainsi dire, qu'un recueil de vaudevilles sur une allégorie encore plus usée qu'elle n'est agréable.

Des couplets adressés au public terminent ce petit badinage, qui n'a rien de bien neuf ni de bien piquant; ce public, cependant, fort peu

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nombreux à la vérité, en a paru ravi; on a demandé l'auteur à grands cris, et Trial, après beaucoup de lazzis, est venu chanter un couplet dont le sens est que l'auteur, prévoyant peu sa bonne fortune, était allé se cacher dans son royaume de la Lune. C'était une manière fort ingénieuse de nous apprendre que l'auteur était M. Beffroy de Reigny, connu sous le nom du Cousin Jaques, l'auteur des Lunes; elle a redoublé l'enthousiasme des spectateurs, qui ont redemandé l'auteur avec plus de bruit que jamais. Touché de tant de bonté, l'auteur est descendu de son royaume, il a paru. Malgré tout l'effet de cette première représentation, malgré plusieurs jolis couplets, on serait fort étonné qu'un ouvrage de ce genre fût destiné à plaire long-tems.

Le Duel, drame en trois actes et en vers, représenté pour la première fois sur ce même. théâtre, le mardi 20 du mois dernier, est de M. Lieutaud, l'auteur des Reconnaissances de Candide, et de quelques autres pièces encore plus oubliées que celle ci. C'est l'imitation d'une piece allemande que M. Rochon de Chabannes avait essayé de réduire en un acte. M. Lieutaud a trouvé bon de la remettre en trois; mais il avoue fort honnêtement que le seul caractère qu'il n'ait pas puisé dans l'original allemand appartient tout entier à M. Rochon; c'est celui de Morgan ou de Merval, jeune homme plein d'étourderie, d'honneur et de sensibilité, et ce n'est pas sans

doute le rôle le moins agréable de la pièce. Comme nous avons eu l'honneur de vous rendre, dans le tems, un compte assez détaillé de l'ouvrage de M. Rochon, nous nous dispenserons d'entreprendre une analyse suivie de la nouvelle forme sous laquelle M. Lieutaud vient de le faire paraître; nous nous bornerons simplement à quelques observations sur le fond même du sujet.

On ne peut nier qu'il n'offre des situations infiniment touchantes, plusieurs mouvemens vraiment dramatiques, Comment n'être pas attendri lorsqu'on voit la marquise de Valvin recommandant les jours d'un époux qu'elle adore aux soins de ce même frère avec lequel l'honneur l'oblige d'aller se battre? mais avouons aussi, d'un autre côté, que le caractère odieux du frère rend cette situation plus pénible encore qu'elle n'est intéressante; comment supposer un homme assez vil, assez atroce pour se permettre de tenir sur le compte de sa propre sœur, et dans une assemblée publique, des propos trop graves, trop insultans pour que son époux ne se croie pas obligé de laver dans le sang un pareil outrage? Le rôle du père de Valvin est aussi plat qu'il est nul, et ne fait qu'embarrasser l'action; il demeure avec son fils, et quand tout le monde est instruit de ce qui se passe, il est le seul dans la maison qui l'ignore: on s'attend qu'il jouera du moins un rôle essentiel au dénouement; point du tout, il ne reparait que lorsque l'action est finie, pour annoncer au beau-frère de son fils une faveur que ses

sollicitations viennent d'obtenir pour lui, circonstance qui, dans ce moment, ne peut plus intéresser personne.

Malgré ces défauts, la pièce a été fort applaudie. Le rôle de la marquise fait de l'effet; celui de Merval a paru d'une vérité originale et piquante, et la gaieté de ce rôle épisodique se trouve assez bien liée au fond du sujet pour contraster heureusement avec la tristesse des principaux personnages. On a trouvé une sorte d'éloquence et de chaleur dans les lieux communs que débite sur le duel Blémont, le père de la marquise. La pièce est en général assez mal écrite, mais cependant avec cette rapidité facile qui fait oublier souvent une multitude de fautes et de négligences.

Description générale de la Chine, ou Tableau de l'état actuel de cet Empire, rédigé par M. l'abbé Grosier, chanoine de S. - Louis du Louvre, 1 vol. in-4°.

Nous sommes déjà redevables à M. l'abbé Grosier d'une Histoire de la Chine en douze ou quatorze volumes in-4°, qu'il est absolument impossible de lire (1). Le volume que nous avons l'honneur de vous annoncer est, pour ainsi dire, le précis de l'ouvrage, et peut en même tems

(1) Il n'en est que l'éditeur; cette histoire est du Père Mailla.

servir à le suppléer. La lecture en est moins longue et moins pénible, et l'on y trouve quelques détails intéressans sur l'administration intérieure de l'Empire, sur ses lois civiles et criminelles; c'est, je crois, la compilation la plus exacte et la plus complète de tout ce qui a été écrit sur la Chine depuis les premières relations que nous en ont données les Jésuites jusqu'aux derniers mémoires de Chinois que M. Bertin fit venir à Paris sous le règne de Louis XV. Il n'est pas besoin d'avoir des connaissances bien profondes sur la Chine pour sentir que la description de cet empire doit être plus intéressante que son histoire. S'il n'est point de peuple qui puisse produire des preuves plus authentiques de l'ancienneté de sa civilisation, il n'en est point aussi qui paraisse avoir été plus constamment le même depuis ces tems si reculés jusqu'à nos jours. Le tableau d'un tel peuple, sans doute, est un assez beau tableau, mais de siècle en siècle c'est toujours le même; les progrès que fait ce peuple sont insensibles, ou plutôt il n'en fait aucun; les révolutions qu'il a éprouvées n'ayant point laissé de trace assez marquée, l'on n'a presque aucun intérêt à s'en souvenir; à peine paraît-il subir le joug d'une puissance étrangère, qu'on le voit revenir aussitôt à son premier état. Il paraît donc intéressant d'étudier les Chinois, d'admirer le chef-d'œuvre de leur gouvernement, mais il n'en est pas moins vrai que leur histoire doit être fort monotone et fort ennuyeuse; on en

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