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grands avantages qui déterminent l'abbé Brun à regarder la découverte du Nouveau Monde comme un vrai germe de félicité universelle.

Les vues de M. l'abbé Brun n'ont rien de neuf, et sa manière de les exprimer n'a pas même le mérite d'être originale. Le moyen qu'il propose pour extirper l'irréligion est le seul qui soit curieux; devait-on l'attendre d'un prêtre catholique? C'est le projet de réunir tous les chrétiens dans une seule communion, et, pour l'exécuter, il ne demande que le secours d'un concile œcuménique. L'auteur, qui ne fait rien à demi, s'est donné la peine de dicter lui-même la bulle que le pape doit adresser à tous les souverains pour la convocation de ce concile; le saint Père y déclare modestement qu'il ne prétend pas faire tomber d'accord les différentes sectes qu'il invite à un concile sur tous les articles de sa croyance, que l'on se bornera simplement à convenir des points les plus essentiels, et que toutes les décisions seront appuyées sur l'ancien Testament et sur les lumières de la raison (sauf à concilier sans doute ces deux autorités le mieux qu'on pourra). L'abbé Brun fait ensuite tous les règlemens, tous les décrets que le concile doit sanctionner; il permet la communion sous les deux espèces; il veut que l'office divin se fasse en langue vulgaire; il veut que les prétres laïcs (car il admet encore les vœux monastiques en réservant aux princes le droit d'en dispenser) jouissent, à l'égard du mariage, des mémes droits que Les autres citoyens.

Ce sont bien plus les préceptes religieux de l'abbé Brun que ses idées politiques qui l'ont fait renvoyer de la congrégation de l'Oratoire. Il a voulu résister aux ordres du supérieur général, du père Moisset, et rester malgré lui dans une des maisons de l'Oratoire voisine de Paris; le supérieur s'y est rendu, et pendant l'absence de l'abbé Brun il a fait ouvrir sa chambre par un serrurier, et transporter tous ses effets dans le logement du portier de la maison. L'abbé Brun, à son retour, a prétendu que, dans ce déplacement peu légal, on lui avait pris dix-sept mille livres de billets de caisse, et en a voulu rendre responsable le père Moisset; mais sa réclamation n'étant pas appuyée de preuves qui établissent qu'il eût cette somme en son pouvoir, et n'ayant été faite que quelque tems après le déplacement dont il se plaignait, les tribunaux l'ont débouté de sa demande. Ce sont les mémoires auxquels cette contestation a donné lieu qui ont fait connaître le Triomphe du Nouveau Monde, ignoré jusqu'à cet instant. Le gouvernement n'a pas tardé de suspendre, par un arrêt du conseil, le privilége accordé à un livre où, entre autres folies, on ose avancer que l'incendiaire, l'empoisonneur, le parricide, le régicide même, ne doivent être punis que d'une prison perpétuelle, et tous les autres crimes traités comme des maladies plus ou moins opiniâtres. On peut croire que sur ce seul paradoxe le censeur eût refusé de munir l'ouvrage de son approbation, s'il se fût

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donné la peine de le lire; il aura mieux aimé se contenter de signer l'éloge emphatique qu'il y a lieu de croire que l'auteur lui en a fait luimême. Voici en quels termes cet éloge est conçu: « Sublimité d'idées, noblesse de sentimens, pureté de langage, clarté, énergie de style, justesse de raisonnemens, sagesse de principes, objets majestueux, vues profondes, tout m'a » paru concourir à lui assurer non seulement un » accueil favorable, mais même une place distinguée parmi le petit nombre d'ouvrages di» gnes de passer à la postérité. A Paris, ce 21 » novembre 1784. Signé Robert de Vaugondy, >> censeur royal.

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Passe-port qui n'a pas empêché que l'ouvrage n'ait demeuré enseveli plus de dix-huit mois dans la plus profonde obscurité, et ne soit tout prêt à y retomber pour n'en plus sortir.

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Réflexions d'un citoyen non gradué, sur un procès très-connu; brochure in-4o imprimée à Francfort, ainsi l'annonce le titre, mais qui, jusqu'à présent du moins, ne se trouve guère que chez les amis de l'auteur.

Ce citoyen non gradué est M. le marquis de Condorcet; et quoique ces réflexions paraissent avoir été jetées sur le papier avec assez de précipitation, il est aisé d'en reconnaître l'auteur à cette précision d'idées qui caractérise sa manière d'écrire, et à cette amertume de plaisanteries qui, mêlée aux apparences d'une douceur et d'une

bonhomie inaltérables, l'a fait appeler, dans la société même de ses meilleurs amis, le mouton enragé.

L'auteur commence d'abord par donner une analyse aussi courte, aussi serrée du procès des trois innocens condamnés aux galères par le juge de Chaumont, et à la roue par le parlement de Paris, que celle de M. le président Dupaty.

Il traite deux questions particulières; d'abord si l'on a bien fait de publier le mémoire de M. Dupaty, et l'on ne doute pas qu'il ne soit pour l'affirmative; ensuite quelle doit être la conduite du parlement; il répond: Le silence, c'est le devoir de tout juge dont on attaque la décision. Il n'est, selon lui, ni de la dignité du parlement, ni de son intérêt, de combattre l'opinion publique par des arrêts qui ne feraient que lui donner plus de force.

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« On nous assure, ajoute-t-il enfin, c'est la » dernière de ses réflexions, on nous assure que >> le magistrat qui a dénoncé au parlement le » mémoire en faveur des accusés, après avoir » supposé que tous les juges les avaient regar» dés comme coupables, et n'avaient différé d'opinion que sur le supplice, ce qui n'est pas » assez vrai même pour une dénonciation, a beaucoup insisté sur l'aménité connue de l'âme » de M. le rapporteur, qui avait opiné à la roue. » L'aménité et la roue! Nous espérons qu'il » voudra bien s'occuper de faire brûler ce petit » écrit, suivant l'heureuse invention de l'Em

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» pereur Tibère, dont il ne manquera pas aussi » de louer l'aménité, et que notre petite dia» tribe obtiendra le même honneur que le Cym» balum Mundi, les mandemens de l'auteur de » Marie Alacoque et le Voyage de Figaro, etc. »

ANECDOTES DU VOYAGE DE LOUIS XVI EN NORMANDIE.

d'Houdan, le 21 juin 1786, à 7 heures et demie du matin.

Le roi, en passant par cette ville, a été obligé de descendre de sa voiture pendant quelques instans. Plusieurs femmes se trouvant sur son passage, une d'elles, épouse du sieur Maréchal, chirurgien, s'est prosternée à ses pieds en lui baisant la main. Le roi l'a relevée avec bonté. Encouragée, elle s'est jetée à son cou, et l'a embrassé à plusieurs reprises. Sa majesté, soupçonnant qu'elle désirait quelques secours pour des malheureux, porte la main à sa poche, mais celle-ci lui avoue que c'est une grâce qu'elle ose lui demander, celle de faire terminer un procès dont dépendait le sort de la veuve Leblanc, fermière de M. le duc de Luynes, et aubergiste, chargée de douze enfans. Le roi a eu la bonté de lui dire qu'il y prendrait le plus vif intérêt ; la suppliante l'a embrassé de nouveau. Il rit beaucoup et demande à la veuve Leblanc si elle veut aussi l'embrasser; celle-ci, pénétrée d'un profond respect, s'est contentée de lui baiser le pan

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