صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

qu'il donneroit fes Griefs & fes Prétentions à juger à un Congrès, qui feroit établi à Spire, à Worms ou à Francfort; mais non pas à Strasbourg. Cette Propofition fut acceptée fans peine par les Etats de l'Empire, à condition que la France cefferoit fes Réunions.

Ce Projet n'empêcha pas le Roi de France d'éxécuter les deffeins qu'il avoit formés fur la Ville de Strasbourg: il fit dire au Comte de Mansfeld qu'il avoit pris la réfolution de mettre cette Ville fous fa puiflance. En effet le 17. de Septembre 1681. vers le foir les François approchérent en petit nombre à la faveur de l'obscurité auprès du Fort bâti fur le Rhin, & où l'on fait payer les impôts. Comme on leur demanda le lendemain pourquoi ils s'étoient ainfi approchés, ils répondirent que fix mille hommes des Troupes de l'Empereur étoient en marche, pour fe faifir de ce paffage du Rhin; que par des lettres de ce Prince qu'ils avoient interceptées, il avoient vu qu'il fe donnoit de grands mouvemens pour proroger le Paix avec le Turc, après quoi il déclareroit la guerre à la France; & que leur Maître cherchoit à prévenir ces mauvais deffeins. Ils ajoûtérent qu'ils ne prétendoient rien innover dans la Vil

le,

le, qu'au contraire ils la défendroient contre toutes fortes d'infultes. Eà-deffus ils demandérent à parler au Secrétaire Gunzer; & lorfqu'il fut arrivé ils lui déclarérent que la volonté du Roi étoit, que la Ville fe rendît, & qu'ils avoient ordre de la réduire par la force, fi elle faifoit difficulté de fe rendre à ces ordres.

Le lendemain Louvois s'étant avancé à Ilkirck, la Ville lui envoya des Députés pour lui demander la caufe de cette invafion. La réponse fut; que par les Traités de Weftphalie & de Nimwegue toute l'Alface avoit été cédée à la France, qu'il n'y avoit plus que la Ville de Strasbourg, dont on attendoit fans delai la foumiffion, & qu'il ne leur donnoit que jufqu'à cinq heures du foir pour déclarer clairement, s'ils vouloient fe foumettre fans aucune referve à l'obéiffance du Roi. Ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que les Députés obtinrent un delai jufqu'au lendemain fept heures du matin, pour répondre à cette Propofition. Louvois ajoûta encore avec fa férocité ordinaire, que fi la Ville tiroit un feul coup, il lui coû teroit auffi cher que pourroit coûter pendant le Siége l'entretien de trente cinq mille hommes & celui de toute l'Artillerie.

Dans

Dans cette extrémité Gunzer & Diterich déclarérent au Peuple en plein Sénat, que le dernier jour de leur liberté étoit venu; qu'il falloit céder à la néceflité; qu'il y auroit de la folie à fonger à faire quelque réfiftance, & que le tems qui reftoit devoit être employé à délibérer fur la nuture de la Capitulation & fur les moyens de racheter leurs priviléges à moins qu'ils ne vouluffent s'expofer à les perdre entiérement. On ne vit qu'un Tailleur, petit homme de foixante & dix ans, qui feul fut d'avis de fe défendre jufqu'à la mort : tous conclurent unanimement qu'il falloit fe fou mettre. Ainfi fut renduë la Ville de Strasbourg le 20. Septembre 1681. Le Roi lui accorde les articles qu'elle avoit demandé; fi ce n'eft qu'il voulut avoir l'Eglife Cathédrale, comme ayant été bâtie par fes Ancêtres: il éxigea auffi qu'on lui laiffât la gardes des Portes, & l'Arcenal, où à ce qu'on prétend il y avoit pour fept millions d'Artillerie & de munitions de guerre.

Les Miniftres du Roi de France à Vienne & à Ratisbonne firent leurs efforts pour excufer une pareille entreprise; ils déclarérent que leur Maître avoit cherché à prévenir une guerre en Alface;

qu'il avoit appréhendé une irruption dans la France; ils ajoûtoient que Strasbourg avoit été cédée au Roi de France avec l'Alface par la paix de Weftphalie; & que les Bourgeois s'étoient foumis volontairement. Mais toutes ces excufes ne firent qu'aigrir de plus en plus l'efprit de l'Empereur. Il fe préparoit à déclarer la guerre à la France, lors qu'il vit ce deffein dérangé, par l'Alliance que fit en ce tems là l'Electeur de Brandebourg avec Louis XIV.

Il fallut confentir à mettre l'affaire en Négociation. On s'affembla d'abord à Francfort, fans aucun fuccès. Dans la fuite l'Empereur ayant convoqué les Electeurs à Ratisbonne, on renoua la Négociation. Les François demandérent prémiérement que Strasbourg leur fût cédé à perpétuité; mais fur le refus que l'on fit d'y confentir, ils fe reftraignirent à demander une Tréve de plufieurs années. Surquoi l'on conclut enfin le Traité fuivant, par lequel la Ville de Strasbourg, fon Territoire & les Fortereffes qui en dépendent, font laiffés aux François, de même que les Terres dont ils s'étoient emparés avant le prémier d'Août 1681.

[blocks in formation]

324

TRAITÉ

DE TRÈVE,

Entre le Séréniffime & Très-Puiffant Prince Léopold, Empereur des Romains, &l'Empire d'une part; & le Sérénissime & Très-Puiffant Prince Louis XIV. Roi Très-Chrétien de France & de Navarre, d'autre part.

Faite à Ratisbonne le 15. Août 1684.

U nom & en l'honneur de la
Très-Sainte Trinité
Pére›
Fils & Saint Efprit: Soit no-
toire à tous & à un chacun à

qui il appartient, ou peut appartenir en quelque maniére que ce foit, que comme pour terminer les différens qui fe font mus, en éxécution du Traité de Paix conclu à Nimégue le 5. Février de l'année

« السابقةمتابعة »