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4000 liv., comme en matiere ordinaire, fauf l'appel au parlement.

On fe rappelle la maniere dont la gazette de la cour de Londres a préfenté le détail du prétenI du triomphe de fa flotte au combat d'Oueffant. Perfonne en France n'a fait à M. Keppel l'injure de croire qu'il fût l'auteur de la lettre rapportée dans cette feuille (& inférée dans la rere. quinz. de Sept., pag. 60.) Cependant un officier de l'armée navale de France a répondu à l'auteur quelconque de ce récit tronqué, par une lettre écrite à bord de l'efcadre françoife près d'Oueffant, le 9 Août dernier, & dans laquelle il s'exprime en ces termes :

Vous dites qu'avant le 27 Juillet les François avoient fui l'occafion de combattre ; & pourquoi donc vous étiezvous refugiés dans la Manche, dont ils gardoient l'entrée, où vous fçaviez qu'ils n'iroient pas, où vous aviez des ports, où ils n'en ont aucun, où un feul coup de vent, tel que celui du 23 au 24, auroit difperfé leur armée & jetté leurs vaiffeaux à la côte ? Avant cette époque du 13, vous étiez donc réduits vous-mêmes à des croifieres fûres & renfermées, en nous abandonnant le golfe de Cafcogne & les grandes mers qui y communiquent. L'éloignement des François, à l'époque du coup de vent du 23, n'eut que l'objet indifpenfable de leur fûreté ; & c'eft ce même vent forcé de nord-oueft quî les mit au large, & vous fit fortir de la Manche, également pour votre fûreté, & lorfque vous fçaviez bien que les François ne pouvoient être à portée de vous en défendre la fortie. Du 24 au 27, vous fûtes à la vue les uns des autres; les François s'étoient rapprochés de vous dès qu'ils l'avoient pu; ils n'avoient donc pas évité le combat; ils ne vous le livrerent point parce que vous l'évitiez vous-mêmes, & qu'ils attendoient d'être joints par le Duc de Bourgogne & l'Alexandre, que la tempê te avoit écartés: ils évitoient fi peu le combat, qu'ils ne manœuvroient que pour l'engager le 27, quoique ces deux vaiffeaux n'euffent pas rejoint. Ils vous y forcesent, lorfque les deux armées faifant la même route, la nôtre revira par la contre-marche. Cette manœuvre qui Trompoit votre amiral, mit bientôt l'avant-garde & le Supplément, 4e, trimestre, 1778.

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centre des François hors de mefure. Vous revirates alors vent devant, & vous forçâtes de voiles pour attaquer & féparer, avec l'avantage du nombre, l'arriere-garde de vos ennemis; alors, , par leur manœuvre, & non par les vôtres, vous vous trouvates pour la premiere fois à la portée de leur canon. Auffi-tôt ils revirerent de nouveau, vent devant, tous à la fois ; & prolongeant leur ligne en feus contraire, chacun de vos vaiffeaux fut obligé de recevoir le feu de tous les vaiffeaux françois, & réciproquement de le leur rendre.

Pendant cette promenade militaire de 30 de vos vaiffeaux contre 27 (M. le comte d'Orvilliers en avoit mis 3 en réferve), vous aviez l'avantage du nombre, des ca libres, de l'échantillon, de la force & durang, puifque vous aviez vaiffeaux de 3 ponts & que les François n'en avoient que 2; vous aviez la fupériorité de 300 canons; penchés par le vent, vous aviez la facilité de vous fervir de votre feu quand l'armée de France ne pouvoit pas faire ufage de fes premieres batteries; & malgré ces avantages, vous fçavez que quand les deux lignes fe furent dépaffées, tous les vaisseaux françois furent en état de manoeuvrer & de combattre. Vous convenez auffi que vous aviez beaucoup fouffert; plufieurs de vos vaiffeaux étoient démâtés & fans voiles; vous en aviez au moins 7 de défemparés. Les François, malgré la grande inégalité de leurs forces, vous avoient donc battus autant que le genre de combat qui venoit de fe donner avoit pu le leur permettre.

Vous ne craignez pas de dire que dans cette fituation les François fe formerent en bataille, & enfuite qu'ils fe refuferent à un fecond combat. Cette contradiction eft manifefte: fe former en bataille, c'eft au moins ne pas refufer le combat, c'eft au contraire s'y difpofer & le préfenter de nouveau; & pourquoi s'y feroient-ils refufés, puifque, par vos propres aveux ils avoient moins fouffert que vous !

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Les deux lignes s'étant dépaffées & fuivant un cours oppofé, il falloit, de toute néceffité, que l'une des deux au moins, revirat de bord pour vous remettre en préfence. Ce furent les François qui revirerent par la contre marche; ils ne craignirent point de fe former en bataille fous le vent pour avoir la poffibilité d'engager une nouvelle action. Vous mites à profit cet avantage du vent pour vous foutenir loin d'eux, & ce n'étoit pas à 'approche de la nuit, comme vous le dites; il vous jefloit plufieurs heures de jour, dont on préfume que

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votre amiral aurait fait, s'il l'avoit pu, un plus glorieux ufage. Le général françois fous le vent ne pouvant pas vous approcher, quand vous ne le vouliez point vous provoqua envain à un combat qui ne dépendoit que de vous; & lorfque la nuit fut venue maître du champ de bataille, allumant fes feux pour que vous n'euffiez pas l'excufe de l'avoir perdu de vue, ne vous difcernant plus dans la profonde obfcurité dont vous vous étiez prudemment enveloppés, vous vous remites dans la Manche auffi promptement que le défordre de quelques uns de vos vaiffeaux traîneurs pouvoit le comporter.

C'eft avoir cédé le champ de bataille, après avoir été for. cés à un premier combat de ligne, quand vous n'aviezcherché qu'une furprise d'arriere-garde, après avoir évité une feconde action, après avoir fui toute une nuit fans fanaux vers Plymouth, & enfuite plus avant jufqu'à Portsmouth, pour y réparer vos vaiffeaux délabrés, que vous dites aux 20,000 compagnons de cette fuite & à l'Europe entiere , que les François n'ont pas voulu combattre. Le général françois refla toute la journée du 28 dans les mêmes eaux où il avoit combattu; il vous fit fuivre par fes frégates, & vous étiez déjà bien loin quand il profita de la proximité de fon port pour y débarquer fes bleffés & réparer des dommages, fuites inévitables d'un combat. Dès le lendemain trois de fes vaiffeaux reparurent à l'entrée de la Manche.

J'étois occupé, faites-vous dire à l'amiral, de la pourfuite d'une flotte nombreuse de vaisseaux de guerre françois. Quoi dans la Manche, où ils n'étoient pas entrés, d'où vous n'êtes fortis que par les mêmes vents qui les avoient éloignés, & pour éviter les mêmes dangers de la côte ? Vous ne les avez pas pourfuivis dans la Manche: dans quel efpace les avez vous donc pourfuivis La flotte fran coife étant toujours au vent & gagnant le large, j'employai tous les moyens poffibles de la ferrer de près... Cette précaution étoit devenue néceffaire à raifon de la maniere circonfpecte avec laquelle les François manœuvroient. Ils fuyoient & manoeuvroient! Ils gagnoient le large & fe trouvoient au plus près fur Oueffant? La vérité eft qu'ils yous ferroient de près eux-mêmes & fur la ligne la plus avancée dont ils vouloient vous défendre l'approche.

Les François, ajoutez vous, commencerent à faire feu fur celui des vaisseaux de la divifion du vice-amiral Sir Robert Harland. Les François devant Oueffaut, fur la ligne qu'ils ne vouloient ni ne devoient pas dépafer

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font feu les premiers ; ils avoient le vent & pouvoient Vous éviter; eft-ce ainfi qu'ils vous fuyoient? C'eft le premier vaiffeau de la divifion de votre vice-amiral qui tira fa premiere bordée fur le St. Efprit, quand la manoeuvre preffante & hardie du général françois, en ordonnant qu'on virât enfemble vent devant, eut déconcerté vos projets & vous eux obligés de combattre non pas une arriere-garde, mais une ligne entiere. Vous vou driez bien que l'on crût que, par le premier feu, les François ont été les aggreffeurs. Eh! qu'importe ce premier feu? Dès qu'ils avoient été fi bien pourfuivis, bien ferrés de près, vous vous étiez déclarés leurs ennemis, & la défenfe, au moins, leur étoit permife. Il paroit, dites-vous pour M. l'amiral, que l'objet des François a été de défemparer les vaisseaux du roi de leurs mâts & de leurs voiles, projet dans lequel ils ont fi bien réuffi, qu'ils ont mis plufieurs vaisseaux de ma flotte hors d'état de me fuivre, lorfque je virai vent arriere à l'effet de porter vers la flotte françoife; je me vis donc obligé de virer encore pour joindre les vaisseaux, &c. Les François avoient donc bien réuffi à défemparer plufieurs vaiffeaux, & fi bien réuffi, que plufieurs ne pouvoient pas vous fuivre, &c. Et qu'auriez-vous voulu que les François euffent fait de mieux ? Ils avoient mis une partie de votre armée hors de combat, & obligé l'autre de manœuvrer pour la joindre, c'eft-à-dire, de ceffer de combattre, de refter dans l'impoffibilité, non-feulement de nous attaquer, mais même de fe défendre. Si l'aveu de votre embarras & de votre impuiffance étoit moins clair, moins précis, je vous dirois que votre ligne étoit dans le plus grand défordre; que plufieurs de vos vaiffeaux étoient démâtés, quelques-uns fans voiles & fans vergues; qu'un de ceux à trois ponts, qui portoit pavillon bleu à sa misaine, étoit démâté de fon grand mât; qu'un autre des vôtres fit ridiculement feu de fes deux bords hors de toute portée; que votre vaisseau amiral, après avoir effuyé la bordée de la Bretagne & de la Ville de Paris, arriva tant qu'il le put, & ceffa tout fon feu; que celui des François fur & prompt & fi terrible, que la Bretagne feule, en longeant votre ligne tira 1400 coups de canon; que la Ville de Paris, dé rivant par défaut de conftruction, affaillie de basbord & de firibord par votre amiral de 100 canons, le Formidable de 90, les combattit tous deux à la fois, & les força de fe retirer; qu'enfin, en terminant le premier sombat, nous avions fi bien réuffi à vous défemparer,

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que, d'après votre propre conviction, & dans peu de momens, notre victoire auroit été complette fi notre pofition nous avoit permis de regagner, le vent... Vous avouez que les François, vers le déclin du jour, eurent le tems de rallier leur flotte & de la former en ligne de bataille fous le vent de la vôtre; ils pouvoient donc ce que vous ne pouviez plus, former une ligne de tous leurs vaiffeaux; donc aucun d'eux n'étoit défemparé: s'ils fe mirent cn bataille, ils vous offrirent le combat, que vous n'acceptâtes point, quoiqu'ayant le vent, vous fuffiez libres de l'accepter. Ils oferent vous défier fous le vent; mais comment auroient-ils pu vous rejoindre, quand vous aviez reviré pour joindre en arriere vos vaiffeaux défemparés ? Ce fut l'avantage du vent & non le déclin, fuppofé, du jour, qui pendant plufieurs heures, vous fit éviter une feconde action que vous n'étiez plus en état de foutenir.

Comment, après un double aveu fi précis, de la fituation refpective des deux armées, ofez-vous dire aux mations qui vous jugent, à la vôtre que vous n'avez trompée qu'un moment, que les François fe formant en bataille, vous ne cherchátes point à les interrompre dans l'exécution, & que vous les laiffâtes fe former fans faire feu fur eux, penfant que leur intention étoit de mefurer galament le lendemain toutes leurs forces avec les votres. Ce n'étoit pas pour le lendemain, c'étoit fur le champ qu'ils vous avoient présenté le combat: dans l'état où vous étiez, ils avoient plus de jour qu'il ne leur en falloir pour achever de vous vaincre. Vous ne cherchâtes point à les interrompre ? Qui croira jamais que vous ayez refufé l'occafion de les battre en les prenant fur le tems d'une manoeuvre affez compliquée ? Mais vous n'étiez là que pour les interrompre, & c'est pour les interrompre que fe font faits les derniers efforts de votre nation expirante. Si vous n'avez pas voulu les battre vous avez trahi l'espoir de votre patrie: fi vous ne l'avez pas pu, c'eft que vous étiez déjà vaincus. Vous comptiez fur le lendemain, avec la moitié de vos forces fans doute car vous n'avez pas oublié ces vaiffeaux défemparés, hors d'état de virer avec vous, contre la flotte françoife formée en ligne de bataille ; & c'eft cette même armée en bataille que vous fuppofez en fuite quelques heures après avec fes fanaux imprudemment allumés! Et c'eft la vôtre, à moitié défemparée, qui fe cachant dans les ténebres, craignoit modeftement d'être éblouie de l'éclat de fa victoire Vous ajoutez enfuite :

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