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On y répondra cependant en détail, dès que le teme aura permis de fuivre cet écrit volumineux, & l'on mettra alors également dans leur vrai jour les fophifmes & les faits controuvés dont il eft rempli. Mais la cour de Vienne, en publiant ce manifefte, a jugé de plus à propos d'adreffer féparément aux états de l'empire une repréfentation fuccinde en forme de réquifition, à laquelle il convient de répondre préalablement. Confondue de voir les prétentions fur la Baviere généralement condamnées, la cour de Vienne s'efforce dans ce mémoire à pallier fa mauvaise caufe & à fe donner des apparences de modération & d'amour pour la paix, tandis qu'elle voudroit au contraire charger le roi de vues d'agrandiffement & du bláme d'un éloignement décidé pour la paix. Elle fait extrêmement valoir dans cette vue l'offre faite mais rejetée à Braunau, de délier l'électeur Palatin des engagemens pris par la convention du 3 de Janvier 1778, & de lui reftituer les parties démembrées de la Baviere, pourvu que le roi s'engage à ne point réunir les margraviats d'Anfpach & de Bareuth à la primogéniture de fa maiton auffi longtems qu'il y exifte des princes puînés. Cette affertion tenant à des circonftances peu connues, pourroit induire en erreur ceux qui n'en feroient pas fuffifamment infruits. Il eft donc néceffaire de dévoiler fans délai le nouvel artifice de la politique infidieufe de la cour de Vienne. On expofera pour cer effet, fans réferve & d'après les originaux, toute la négociation du miniftere de Pruffe avec le baron de Thugut. C'eft à regret qu'on s'y détermine. La cour de Vienne y force celle de Berlin, en ne préfentant cette négociation que d'une maniere tronquée, felon qu'elle a cru convenable ou contraire à fes vues d'en allégues ou d'en omettre les détails. On ne fçauroit auffi s'empêcher d'obferver à cette occafion, que la cour de Vienne a communiqué par couriers aux cours de Ruffie & de France les propofitions du baron de Thugut avant qu'elles aient pu être préfentées au roi, & dans le tems mê me que S. M. l'impératrice-reine avoit requis S. M. par une lettre de fa propre main de lui garder le fecret de la mition & des ouvertures du baron de Thugut; ce que le roi a religieufement obfervé jufqu'au 18 Août terme de la rupture de la négociation.

Les déclarations des cours de Vienne & de Berlin du 24 Juin & du 3 Juillet, annexées à l'expofé des motifs de S. M. le roi de Prute, avoient rompu la négo ciation de Berlin, & les armées étoient entrées en cam

pagne, lorfque S. M. l'impératrice-reine envoya le ba ron de Thugut au roi avec une lettre de fa part, en date du 12 Juillet. S. M. Imp. y témoignoit fes regrets fur la guerre qui venoit d'éclater, & le defir de Ja voir terminée. Le baron de Thugut, muni d'un pleinpouvoir de la propre main de S. M. l'impératrice, fi au roi trois courtes propofitions portant en propres termes : « que l'impératrice-reine ne vouloit conferver de fes poffeffions actuelles de la Baviere qu'une étendue de pays d'un million de revenu ; qu'elle rendroit le refte à l'électeur Palatin, & qu'elie conviendroit avec ce prince d'un échange de gré-a gré de ces poffeffions contre une autre partie de la Baviere, dont le revenu n'excéderoit pas un million, qui n'avoifiaeroit pas Ratisbonne, & qui ne couperoit point la Baviere en deux; enfin que les deux cours réuniroient leurs bons offices pour ménager un áccommodement entre l'électeur Palatin & l'éle@eur de Saxe relativement aux prétentions de ce dernier fur l'aleu de Baviere x. Le roi manifefta dans fa réponse > du 17 Juillet, des difpofitions également favorables à uo accommodement; il ajouta quelques articles préli minaires, & marqua à l'impératrice-reine qu'il faifoit venir fes minifires pour mettre la derniere main à la négociation, S. M. requit en même tems le baron de Thugut de retourner à Vienne pour fe procurer des inftructions plus précifes & des éclairciffemens qui miffent en état de voir fur la carte ce que l'électeur Palatin devoit conferver, & ce que l'électeur de Saxe devoit recevoir, & pour demander en conféquence l'avis' de ces princes. Comme on s'apperçut bientôt que les propofitions de S. M. l'impératrice-reine étoient auffi vagues & auffi captieufes que celles qui avoient fait rompre la négociation de Berlin, le roi crut ne pouvoir mieux faire pour accélérer la négociation par des propofitions plus déterminées, que d'envoyer un nouveau plan de conciliation à l'impératrice par une lettre en date du 22 Juillet, fous le couvert du miniftre de Ruffie à Vienne. Ce plan ne différoit pour l'effentiel, de celui de Berlin que la cour impériale a publié dans fon manifefte, que dans un feul point. Dans celui-ci on offroit deux diftricts de la Baviere contre la ceffion des duchés de Limbourg & de la Gueldre-Autrichienne à l'électeur Palatin.

Dans le nouveau plan on n'en laiffoit qu'un à l'Autriche, fçavoir celui de Burghaufen, depuis Passau le long de l'Inn jusqu'à Wildshut; mais aufii, au lieu d'un

équivalent en pays, on n'y demandoit qu'une fomme d'argent très modique, dont le montant, joint à quelques difiries de la fucceffion de Baviere, & à la renonciation aux droits féodaux, dont il a été fait plufieurs fois mention, auroit pu contribuer à contenter les héri tiers allodiaux. Le plan étoit plus que fatisfaifant pour la cour de Vienne; il n'étoit même que trop avantageux, quand on le met vis-à-vis des prétentions frivoles de cette cour (I). Cependant l'impératrice reine fit connoître dans fa lettre du 1er. Acut, qu'elle en étoit peu contente, & qu'elle fe voyoit obligée d'en conférer au préalable avec l'empereur. Les minifires du roi, le comte de Finkenftein & le Sr. de Hertzberg s'étoient rendus à Franckenftein dès le 24 Juillet, pour attendre le retour & les propofitions du baron de Thugut. Ce, négociateur autrichien arriva enfin le 10 Août auprès du roi au camp de Welsdorf en Bohême. Il ne porta aucune réponse au plan de conciliation, mais bien la propofi tion contenue dans le n°. r des pieces annexées. D'a près cette propofition le roi devait renoncer entierement à la réunion des margraviats de Franconie à fa primogeniture; moyennant quoi la cour de Vienne vouloit reftituer ce qu'elle avoit fait occuper en Baviere. S. M, rejetta tout de fitte, de fon propre mouvement, une propofition fi contraire à fa dignité & aux droits inconteftables de fa maifon. Le baron de Thugut ayant cependant témoigné qu'il avoit encore d'autres propo fitions à faire, S. M. lui laiffa la liberté de s'aboucher avec fes miniftres, pour effayer s'il y auroit encore un moyen de conciliation. Ces deux miniftres fe rendirent donc le 12 Acût, par ordre du roi, au couvent de Brau nau en. Bohème, & le baron de Thugut y arriva le lendemain. Il débuta dans la premiere conférence, par réitérer la propofition du n°, 1. Mais convenant que S M. l'avoit déclinée elle-mère, il remit les propofitions renfermées dans le n°. 2 des pieces annexées avec une carte de la Baviere, fur laquelle la ligne de démarcation déterminée dans ces propofitions étoit marquée. Les miniftres du roi les difcurezent avec le baron de Thu

(1) Il dépend de la cour de Vienne de faire imprimer ce plan, comme, elle l'a fait à l'égard du premier. On n'a pas fujet d'ep redouter la publication; ce n'e que pour éviter des langueurs inutiles, & parce que la connoiffance de ces plans eft fuperflue dès que la cour de Vienne ne les a point acceptés, qu'on les a omis.

gut de point en point, firent leur rapport à S. M. & remirent le 15 Août, au minifire d'Autriche, ea conféquence des ordres reçus, une réponse contenant les faifons qui ne permettoient pas d'accepter ni l'une ni l'autre de fes propofitions, & telle qu'elle fe trouve fous le n°. 3 des pieces annexées. Le baron de Thugut remit l'après midi du même jour, la note fous le no. 4, avec une carte fur laquelle étoit tracée une nouvelle ligne de démarcation (2). Le diftrict qu'il y demandoit pour fa cour, étoit, à la vérité, un peu moins étendu que celui de la propofition précédente, mais cependant fort/ confidérable encore & il perfifoit en même tems tou-, jours dans les précédens principes captieux. Le miniftere de S. M. lui expofa encore le même jour, dans la, réponte no. des pieces annexées, les raifons qui ren-, dolent cette derniere propofition tout auffi inacceptable, que les précédentes. Le baron de Thugut voulut alors encore continuer la négociation, & s'offroit de deman der de nouveaux ordres à fa cour. Mais les miniftres. du roi ne purent, fuivant leurs ordres, s'arrêter plus longtems à Braunau, ni prolonger fans aucun efpoir de fuccès une négociation qui ne fembloit deftinée qu'à ga-, gner du tems. On y diffécoit trop effentiellement de prin. cipes. Le baron de Thugut n'avoit préfenté que des: propofitions vagues, telles que celles qui avoient déjà f fouvent été rejettées. Ce n'étoit pas non plus fur de nouveaux moyens de conciliation qu'il vouloit encore demander des crdres, mais fimplement fur une au tre ligne de limites, & fur d'autres équivalens. L'im pératrice-reine devoit toujours, fuivant lui, prélever gra tuitement un préciput confidérable de revenus. Les fa lines de Reichenhall, dont la Baviere ne peut se passer, étoient toujours comprifes dans ce que cette princeffe demandoit, & qu'elle devoit obtenir par un échange, & cet échange devoit être réglé par une commithion avec la maifon Palatine, fans aucune concurrence de S. M. C'étoient-la tout autant de propofitions inadmiffibles par les raifons détaillées dans les réponfes des miniftres du roi. Is partirent ainsi de Braunau le 16 Mai, après avoir déclaré au baron de Thugut que fi fa cour avoit des

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(2) Tou: le&eur peut tracer lui-même fur la carte les deux lignes de démarcation, propofées par le baron de Thugut, en mettant vis-à vis de cette carte le fecond & le troifieme mémoire dudit miniftre, & la note qui fe trouve fous le troifieme mémoire.

propofitions plus acceptables à faire par des canaux aifés a trouver, la négociation pourroit toujours fe renouer.

Tel eft l'expofé fidele de toute la négociation que S. M. l'impératrice.reine a entretenue par le baron de Thugut depuis le 12 Juillet jufqu'au 16 Août, partie avec le roi même, & partie avec fes miniftres: négociation dont la cour de Vienne croit pouvoir tirer le fondement des reproches amers qu'elle cherche à faire à S. M.

Il est évident par les trois notes du baron de Thugut, qu'il a fait deux propofitions alternatives: ou le roi devoit renoncer à la réunion des margraviats de Franconie à la primogéniture de fa maifon, moyenuant quoi l'impératrice-reine rendroit la Baviere à l'électeur Palatin; ou, fi cette propofition n'étoit pas agréée, l'impératricereine auroit la partie de la Baviere qu'elle demande juf qu'à un million de revenus librement & fans compenfation, & le refte par des échanges & des ceffions faire en Souabe à l'électeur Palatin; & pour cet effet, des commiffaires de l'impératrice-reine, de l'électeur Palatin, & du duc des Deux-Ponts évalueroient & échaugeroient les pays à céder d'après les comptes de l'ancienne adminiftration.

De bonnes raifons ont fans doute empêché la cour impériale de parler de cette feconde propofition dans les écrits qu'elle vient de publier. On peut fe convaincre par les réponses du miniftere de Pruffe au baron de Thugut, fous les n°. 3 & 5, combien elle étoit inacceptable. On fe bonnera à faire quelques obfervations for fon contenu. Selon la propofition que le baren de Thugut a remife par écrit au roi avec la lettre de S. M. l'impératrice reine, cette princefle demandoit feulement un diftrict de la Baviere du revenu d'un million à échanger avec l'electeur Palatin contre une autre partie de la Baviere dont le revenu n'iroit pas au-delà d'un million, qui ne couperoit pas la Baviere en deux, & qui n'avoi fineroit pas Ratisbonne ( 3 ). Cette propofition eft bien

(3) Voici les propres termes de la propofition du 12 Juillet.

1°. L'impératrice gardera de fes poffeffions actuelles en Baviere une étendue de pays d'un million de revenus & rend le refte à l'électeur Palatin.

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2o. Elle conviendra inceffamment avec l'électeur Palatin d'un échange à faire de gré gré de fes poffeffions contre quelque are partie de la Baviere dont le re

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