fures à Brinn,où ils avoient été tranfportés. Comme ils avoient contracté quelques dettes, les officiers autrichiens, au lieu d'en donner avis aux parens des défunts, fe font cotifés pour fatisfaire aux engagemens des deux braves militaires morts au fervice de leur fouverain, & les ont fait enterrer avec tous les honneurs militaires.

On lit dans plufieurs papiers publics, que la cour de France fait paffer, en Franche-Comté, en Lorraine & en Alface plus de 40 mille hommes, dont la majeure partie eft en cavalerie. Les uns difent qu'on n'y envoie tant de cavalerie qu'à cause de l'abondance des fourrages qui font dans ces provinces; les autres prétendent que ces troupes font destinées à former fur le Rhin, au printemps-prochain, une armée d'obfervation.

ITALI E.

ROME ( le 20 Octobre. ) Le peu de condefcendance que le St. fiege a montré pour la cour de Madrid, entr'autres, dans l'affaire de la béatification du vénérable Palafox, vient de lui attirer un défagrément très-fenfible. Le duc de Grimaldi, ambaffadeur de S. M. catholique, a déclaré que ce monarque avoit rigoureufe'ment défendu d'envoyer à l'avenir à Rome aucunes requêtes ni actes concernant la canonifation de faints, les difpenfes pour des mariages, les abfolutions, &c. Cette défense cause à la daterie une perte d'autant plus considérable, que la nation efpagnole étoit dans l'ufage de recourir fouvent, pour de pareils objets, à Rome, & d'y payer libéralement les graces fpirituelles.

NAPLES (le 15 Odobre. ) Le roi vient de faire publier une ordonnance concernant la neutralité que S. M. a réfolu d'observer dans

les circonftances où l'Europe fe trouve actuellement. S, M. y défend à tous fes fujets de fervir fur las vaiffeaux des puiffances belligérantes, de fabriquer des armes pour leur compte d'embarquer & tranfporter des matelots ou foldats, des armes ou autres munitions de guerre pour le fervice de ces puiffances, ainfi que de prendre part ou intérêt, directement ou indirectement, dans les armemens de guerre; les peines prononcées font la prifon, le banniffement ou des amendes confidérables, fuivant les ciconftances. S. M. permet cependant à tous les bâ imens des nations en guerre de renforcer leurs équipages des étrangers qui fe trouvent par hazard dans fes états, de fe faire radouber dans fes ports, & d'acheter tour ce qui leur fera néceffaire; elle permet auffi à ces nations de faire venire dans fes états les prifes par elles faites légitimement, &c.

Ces jours derniers, le peuple se porta en foule au marché , pour y voir un poiffon extraordinaire, long de 25 palmes & gros de 12, qui avoit été pris fur nos côtes.

LIVOURNE ( le 21 Odobre. ) La frégate de guerre ruffe l'Aigle du Nord, & les trois autres petites frégates marchandes de la même nation revinrent, le 10 de ce mois, de Gibraltar, avec les deux qui ont efcorté jufqu'aux états du roi de Maroc, l'ambaffadeur de ce fouverain, qui avoit été envoyé à la cour de Tofcane.

Tout ce qu'on a appris ultérieurement de la miffion de l'alcaïde Hague El-Habas à Gibraltar, c'eft que M. Logié, conful anglois, pourra aller remplir fon emploi à Tanger, fans fe préfenter à la cour du roi de Maroc. Cet officier maure a fignifié auffi au gouverneur de cette place qu'il falloit qu'il fit acheter actuellement

pour fa garnifon 500 bêtes à cornes; fans quoi fon fouverain l'empêcheroit de tirer à l'avenir aucunes provifions de fes états. Le monarque africain continue d'exercer une douce vengeance envers plufieurs grands officiers de fes états en leur impofant de groffes amendes qui augmentent le revenu du fifc. Ce prince étant informé que le pacha Coftali, gouverneur de Salé, s'étoit amufé dans un moment de loifir, à faire expirer environ 200 perfonnes feulement fous le bâton, & S. M. Africaine confidérant que c'étoit la premiere fois que ce pacha avoit pris ce plaifir innocent, elle s'eft bornée à le condamner à une forte amende, & à lui faire couper enfuite les deux jambes, avec injonction d'être plus circonfpect à l'avenir. Il faut croire que ces pachas maures font de la nature des limaçons, dont la tête coupée fe régénere, & qu'il Jeur pouffe d'autres jambes au bout d'un cer

tain tems.

On voit depuis peu de tems, dans le détroit, une espece de baleine dant les petits bâtimens de Gibraltar font la pêche avec fuccès. On fuppofe, peut-être fans fondement, que ces poiffons ont luivi quelques vaiffeaux venant du nord, ce qu'il y a de certain, c'eft que jufqu'à préfent ils avoient été inconnus dans les mers du midi. On parle auffi de poiffons monftrueux qui fe montrent fur les côtes de l'Andaloufie.

MALTE (le 27 Septembre. ) Le 27 du mois dernier, le vaiffeau de guerre françois le Caton, de 64 canons, commandé par le chevalier de Coriolis d'Efpinoufe, capitaine de vaiffeau, mouilla dans ce port à fon retour de Confiantinople.

Le 9 de ce mois, une efcadre françoife, compofée des vaiffeaux le Deftin, monté par le chę

valier de Fabry, chef d'efcadre & commandant; la Vidoire, par le chevalier d'Albert-Saint-Hippolyte; le Hardi, par M. Leroi de la Grange, & le Lion, par M. de Bordes, eít entrée dans ce port, avec la frégate la Sultane, commandée par le comte de Framont qui a remis à la voile le lendemain.

Le 15, la frégate françoise l' Aurore, aux ordres de M. de Bombar, a mouillé dans ce port, venant de Sicile.

. Un matelot d'une galiote corfaire qui avoit touché au Goze, fa patrie, ayant déferté à terre on a mis l'ifle en quarantaine; le fugitif a été trouvé & arrêté au bout de quelques jours, & fubira le châtiment que mérite son évasion dangereufe. On a formé un cordon de troupes, commandé par des chevaliers; fur la partie de cette ifle où les barques du Goze pourroient aborder furtivement.

Les galeres de la religion ont fait deux prifes qu'elles ont envoyées dans ce port; l'une eft une petite galiotte tripoline, de 25 hommes d'équipage; l'autre, une espece de lougre équi pé de 44 hommes.

Une petite goelette angloife étant entrée dernierement en ce port pour y faire de l'eau, un corfaire françois guetta l'inftant de fa fortie, la fuivit & s'en empara. On croit que cette prife fera déclarée contraire au droit des gens, parce qu'elle n'a pas été faite à la distance requise d'un port neutre.

ESPAGNE.

MADRID (le 24 Odobre.) La reine douairiere de Portugal affifta dernierement à Ségovie, aux manœuvres des canonniers, à qui elle fit diftribuer 120 piftoles en or; en fortant de la ville, elle s'arrêta à la chapelle nommée la Ma

dora de Fuenfilla, & y fit une aumône de roo piftoles.

La derniere divifion de l'expédition de Bueno -Ayres, fous les ordres de Don de Cevallos, eft de retour à Cadix. Ce général est attendu incetiamment ici.

La frégate du roi le Tucuman, montée de ro canons de 14 livres de balle, venant de Montevideo, eft arrivée à la Corogne le 28 Septem→ bre. Don Manuel d'Albona, capitaine de ce bâtiment, a rapporté que le 26 au foir, une balandre angloife de 16 canons lui donna la chaffe vis-à-vis des murs mêmes de Montevideo, & qu'en ayant été joint le lendemain, fur l'ifle de Sirfaga, elle tira ur lui pendant trois heures & demie, quoiqu'il eût arboré pavillon efpagnol; qu'il répondit au feu du corfaire avec tant de vigueur, que celui-ci ne jugea pas à propos de foutenir plus longtems le combat, & qu'enfin la frégate ayant continué fa navigation entre l'ifle & la côte, il n'ofa la pourfuivre dans ce paffage dangereux. Ce bâtiment anglois (à ce qu'affure le capitaine) étoit accompagné d'un brigantin de la même nation de 18 canons, mais qui ne fe trouva pas à portée de fortifier le feu de la balandre par le fien. La frégate espagnole n'a été endommagée que dans fes voiles & dans fes cordages.

VIGO en Galice (le 30 Septembre.) Le navire françois le Pondichery, de 26 canons & de 164 hommes d'équipage, commandé par le chevalier Querengal, & parti de la Chine le 16 Février dernier, eft arrivé en ce port le 14 de ce mois, avec un fi grand befoin de vivres, que chacun étoit réduit dans ce navire à quatre onces de pain par jour. Sa cargaifon confiftoit en foie the, porcelaine & autres marchandifes de l'Afie.