préfage de la confervation de la paix entre la Ruffie & la Porte ottomane.

BERLIN ( le 10 Odobre.) Le roi a récompenfé tous les corps qui fe font diftingués dans les dernieres marches. Le colonel d'Ufedom qui, avec fes huffards, a culbuté trois régimens de cavalerie ennemie, a été fait général-major; plufieurs autres officiers ont été avancés en grade, ou décorés de la croix de mérite: 12 officiers de l'armée du prince Henri ont été faits aufchevaliers de cet ordre.

L'armée du roi continuant de fe retirer par les montagnes qui féparent la Bohême de la Siléfie, on fe rappelle que S. M. avoit fon quartier à Trautenbach. Il s'eft gliffé une erreur de date dans le dernier journal. Ce ne fut pas le 18 Septembre, mais le 19 feulement que les troupes du roi occuperent ce camp. Voici la fuite de ce journal, fi intéreffant par les difpofitions fçavantes du monarque qui fait exécuter des marches rétrogrades, en préfence des forces nombreuses des Autrichiens.

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Le 20 Septembre fut un jour de repos. Le 21, l'armée fe mit en marche fur 3 colonnes pour prendre le camp derriere Schatzlar. La colonne de la gauche étoit formée par le corps du prince héréditaire de Brunswick, qui campoit fur le Rehorn elle prit fa direction par les défilés de Trautenbach, qui menent à Schatzlar, & elle paffa par cette ville pour entrer au camp. Celle du centre étoit compofée de la premiere & de la feconde ligne de notre infanterie : elle enfila fe grand chemin qui conduit du camp à Schatzlar, laiffant cette ville à fa gauche. La troifieme colonne, qui étoit celle de la droite, compofée de la cavalerie, prit fa marche par le Bretgrund & Krinsdorf: elle fut fuivie par Parriere-garde

de l'armée, que commandoit le lieutenant-général de Ramin, & près de laquelle le roi s'eft tenu jufqu'au dernier moment. Cette arriere-garde étoit compofée de 6 bataillons d'infanterie & de 200 chaffeurs, avec la grande-garde de cavalerie. Le général-major de Keller étoit pòfté avec 2 bataillons, fçavoir, un de Keller & un de Buddenbrock, outre les chaffeurs, fur une hauteur qu'on appelle la Forfte. Les 4 autres bataillons avoient occupé un pofte par lequel non-feulement ils protégeoient la retraite de ce général, mais ils étoient auffi en état de couvrir fes flancs, & de marcher à fon fecours en cas de befoin. Le général comte de Wurmfer trouva à propos d'attaquer le général de Keller, à la tête (à ce que nous ont dit les prifonniers ennemis ) de 3 bataillons & de 4 à 5 cens Croates & fcharffchutzen (a quebufiers ou tireurs), avec beaucoup de vivacité; mais les deux bataillons & les chaffeurs, après un feu d'infanterie de 4 heures, firent fi bien, que ce général fut obligé lui-même de chercher fon falut dans une prompte retraite, qui ne fe fit point avec beaucoup d'ordre, & le général de Keller auroit pu faire enterrer leurs morts, dont le bois étoit couvert, s'il n'avoit reçu ordre de marcher; mais le roi, ne voulant plus fatiguer les troupes, qui étoient fous les armes depuis 6 heures du matin jufqu'à 2 heures de l'après-midi, fit retirer ce général, & envoya ordre au prince héréditaire de Brunfwick de faire auffi retirer fes troupes, qui couvroient le flanc gauche; après quoi S. M. fit marcher fon arriere-garde pour entrer dans le nouveau camp. Cette marche fut des plus tranquilles. Notre perte eft de 20 hommes tués & 25 bleffés la plupart légerement. Parmi les derniers fe trouve le major de Ritfch, du régiment de Keller: on peut juger de la perte de l'ennemi, parce que

c'eft lui qui, voulant faire une affaire d'arrieregirde, a dû fe retirer au moment de la marche de la nôtre; ce qu'on ne peut attribuer qu'à la valeur extraordinaire de nos troupes animées par la présence du fouverain.

L'armée garda fa pofition le 22. Le roi témoigna fa fatisfaction aux officiers qui s'étoient diftingués la veille, en leur accordant différentes graces, & S. M. fit diftribuer une fomme d'argent aux bataillons de Buddenbrock & de Keller,qui avoient formé l'arriere garde. Le 23,le roi fit partir des détachemens pour aller couvrir les frontieres de la Siléfie; S. M. changea auffi la pofition de fon armée, en faisant un peu avancer fon aile gauche pour s'appuyer contre le Spitzberg. Le 24, il n'y eut aucun changement. Le 25, l'ennemi fit mine d'attaquer nos poftes avancés ; mais il paroît n'avoir eu d'autre deffein que de reconnoître notre pofition,

Un des détachemens que le roi a envoyés pour couvrir les frontieres de la Siléfie, eft comman dé par le général major de Boffe, & s'eft porté du côté de Hirfchberg & de Greiffenberg, pour arrêter les incurfions d'un détachement autrichien pofté près de Reichenberg & de Friedland. Un détachement compofé des régimens de Thadden & de Krockow, dragons, & d'un bataillon de huffards, s'eft pofté à Schmiedeberg & Dietersbach.

Sur l'avis que le corps autrichien dans la Siléfie fupérieure, aux ordres du marquis de Botta, faifoit mine d'y attaquer celui que com→ mandent les généraux de Stutterheim & de Werner, le prince héréditaire de Brunswick a hâté fa marche avec le corps fous fes ordres, détaché de l'armée du roi : il a paffé le 27 Septembre, la ri viere de Neifs fur un pont de bateaux près de la fortereffe de ce nom; & l'on compte qu'il au

ra été rendu le 30 à Troppau, où nos deux généraux fe font maintenus jufqu'à préfent.

Le général Wunsch conferve toujours fa po fition dans le comté de Glatz.

Les derniers avis de l'armée du roi font mention de la perte que S. M. a faite en la perfonne de M. de Krockow, lieutenant- général de cavalerie, chevalier de l'aigle noir, &c., qui eft mort le 7 Septembre, à Landshut, dans fa 65e. année.

DRESDE le 9 Odobre. ) L'envoyé du roi de Pruffe en cette cour a fait demander par écrit aux états affemblés, s'ils pouvoient fournir pendant 5 mois d'hyver les fubfiftances néceffaires à l'armée du prince Henri; à cette demande étoit jointe une fpécification de la quan tité de fourrage, grains, &c. Les états ont répondu qu'ils comptoient pouvoir fournir 237 mille boiffeaux d'avoine & 137 milie 760 boiffeaux de froment, mefure de Dreide, 250 mille quintaux de foin & 10 mille foixantaines de bot. tes de paille.. On est convenu du prix de ces den rées,qui feront payées comptant, en louis d'or ou en argent de Saxe, & dont le total monte ra à un million 192 mille 250 rixdalles. Suivant la répartition des quotes-parts en 6 portions, les anciens pays héréditaires & les évêchés de Nersebourg & de Naumbourg fourniront 5 parts, & la 6me. fera livrée par le margraviat de Luface. Le nombre des métairies contribuables eft de 87, 600, tant dans les pays électoraux que dans ceux qui y font incorporés.

Les états, qui ne font pas encore féparés, ont accordé toutes les demandes faites par la cour pour fournir les fonds néceffaires pendant la guerre actuelle. Les moyens de lever ces fommes extraordinaires confiftent en une augmen

tation d'impôts fur les terres, le vin, la biere, l'eau-de-vie, les liqueurs, &c, & en une taxe perfonnelle fur les perfonnes qui poffedent quelques charges. L'ordre de la nobleffe s'eft engagé à donner une fomme annuelle & extraordinaire de 100 mille rixdalers. Les états terminent le mémoire qu'ils ont préfenté, à ce sujet, à l'électeur, par cette reftriction, que tous les impôts feront remis fur l'ancien pied, à la fignature de la paix.

Ce plan de taxation éprouve quelques difficultés dont l'électeur a fait part aux états par un décret dans lequel il eft dit : « S. A. Elec. approuve le confentement des états pour les fubfides; mais le plan qu'ils lui ont remis eft fondé fur une bafe trop peu folide. Il peut arriver que la Saxe devienne le théâtre de la guerre ; & dans ce cas, la partie occupée par l'ennemi fe trouvera dans l'impoffibilité de fournir fa quote-part. Pour ne point s'expofer à une incertitude auffi dangereufe, S. A. E. defire que les états s'occupent des moyens de négocier chez l'étranger un emprunt de 2 ou 3 millions, aux conditions les moins onéreufes ». On ignore fi les états fe porteront à cette démarche, pour laquelle ils ont eu jufqu'à préfent beaucoup de répugnance.

Le journal de l'armée du prince Henri de Pruffe n'a pas été continué; pour y suppléer on rapportera trois lettres qui contiennent le détail des dernieres marches de S. A. R. en fortant du royaume de Bohême.

Du quartier général du prince Henri, à Luchfchitz, le 24 Septembre.

Aujourd'hui nous avons quitté le camp de Tfchischkowitz, & en avons pris un autre derriere Linnai, fur les hauteurs de Luchfchitz. Hier 23, nous eûmes une action fort vive près de Doxan, jans qu'on fache quel a étẻ proprement le deffein de l'ennemi en cette rencontre. Quel ques bataillons avec des Croaies fe jetterent dans Doxan