صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

gence qui regne entre cet amiral & le pacha; les autres à la mutinerie des janiffaires, qui ont, diton, affaffiné leur aga, & c'eft pour cette caufe que l'aga des janiffaires, qui commandoit ici eft parti pour lui fuccéder dans l'armée, & a été remplacé lui-même par le kout-kiaya.

[ocr errors]

Quoi qu'il en foit, il paroît qu'il y a un motif encore plus naturel pour différer les hoftilités : c'eft que les négociations fe continuent toujours, fans autre deffein peut-être, de part & d'autre que de gagner du tems. L'éloignement des lieux où fe trouvent les deux principaux négociateurs favorife ces vues: ce font le capitan pacha & le feldt-maréchal comte de Romanzow. Le ministere de M. de Stackieff, envoyé de Ruffie, étant devenu par-là peu néceffaire en cette capitale, il a demandé fon paffeport à la Porte, ajoutant que fon départ préviendroit tout défagrément, au cas que les négociations n'euffent pas le fuccès defiré; mais les vifirs n'ont pas jugé à propos de confentir à cette demande, & ont répondu à M. de Stackieff, « qu'ils efpéroient que les différends entre les deux cours s'ajufteroient à l'amiable, par le moyen de l'amiral & du comte de Romanzow, & que fi, contre toute attente, ils ne réuffiffoient point, M. l'envoyé jouiroit de toute la protection du droit des gens ».

Au refte, les triftes circonftances où l'on fe trouve ici, détournent l'attention du gouvernement & du peuple des affaires politiques. Les ravages que la pefte y fait, égalent ceux de la funefte époque de 1751. Prefque toutes les boutiques font fermées; les marchands fe font retirés à la campagne ; il ne fe fait aucun commerce; la dépopulation devient de jour en jour plus fenfible; & le nombre des habitans que ce terrible fléau a emportés, va, felon le calcul le plus modéré,

80 mille. M. de Stackieff, qui s'eft retiré à Bujukdaré pour éviter la contagion, y a néanmoins perdu un domeftique, & l'interprête de l'ambaffade françoife, nommé Ruftan, en eft auffi très-mal: ce fléau a pénétré jufques dans les appartemens du ferrail: malgré le fatalisme ottoman, le grand-feigneur & fes vifirs ufent de précautions en donnant audience. Dans une conjoncture auffi défagréable, trois minifires étrangers font attendus ici inceffamment. Le comte de St. Priest, ambassadeur de France, eft déjà arrivé aux Dardanelles; le baron Van Haaften, ambaffadeur des Provinces-Unies, étoit le 22 Juillet, à bord d'une frégate de guerre de fa nation à la hauteur de Tenedos, où se trouvoit auffi le baile de la république de Venife.

Quoique la ville de Smyrne foit exempte de la pefte, elle eft plongée dans un état encore plus déplorable que Conftantinople: la lettre fuivante, du 23 Juillet, offre un récit abrégé de ses malheurs.

il en

[ocr errors]

Depuis le 25 du mois dernier, cette ville s'eft de nouveau trouvée dans la fituation la plus déplorable. Après avoir reffenti, du 26 Juin au 2 Juillet, deux ou trois légeres fecouffes de tremblement de terre par jour, furvint le 3, à 2 heures & demie du matin, une fi violente & fi continue, que tout le monde fut rempli d'effroi. Perfonne n'ofa refter dans fa maison: il n'y en eut aucune qui ne fut endommagée : plufieurs s'écroulerent ainfi que quatre mosquées & trois bains publics: toutes Les cheminées furent renversées nombre de perfonnes périrent fous les décombres de 40 hommes enfévelis fous les ruines d'une mofquée, on en retira, 24 heures après, quelques-uns qui étoient encore en vie. Cette fecouffe ter rible fut fuivie, à 7 & à 20 heures du matin, de deux prefqu'également fortes, & enfuite fucceffivement jufqu'à minuit, de 24 autres plus légeres. Le 4, la terre trembla encore 5 fois, mais moins violemment que la veille. Les Lecouffes furent précédées d'un bruit fouterrein femblable à des décharges d'artillerie. La journée du 5 fut encore plus pleine d'allarme que les précédentes: tous les habitans s'attendoient à périr. Le tremblement commença à une heu

re & demiedu matin, & jufqu'à 8 heures, la terre ne fiz pas un moment tranquille. L'on remarqua néanmoins durant set intervalle 9 chocs plus forts que les autres. Plufieurs ma fons & murailles furent encore renversées ; & comine fi ce feul fléau ne suffisoit poin pour la destruction de cette malheureufe ville il en caufa un fecond qui acheva de la remplir d'horreur & de confufion. Au milieu des ruines, il éclata un incendie d'autant plus dangereux, que le tremblement de terre qui ne difcontinuoit point, & dont on reffentit encore 13 fecouffes jusqu'à minuit, empêcha de porter du fecours & darréter le progrès des flammes. La fuite fut générale ; & ceux qui fe hazarderent à vouloir Jauver leurs effets, furent écrasés fous les mafures. Tout fut réduit en cendres jufqu'à St. Venerande, où le feu ne trouvant plus d'édifices, s'arrêta aux montagnes. Plus de la moitié de la ville, y compris le quartier le plus ri che a été réduite en cendres avec les maifons des confuls de France, d'Angleterre, de Naples de Venife & de Ragufe. Le dommage eft immenfe, les flamines laissées à elles-mêmes, n'ayant pas épargné les magafins conftruits pour être à l'abri des incendies. Trois derwes, bâtimens publics deftinés pour des occafions pareilles,& où l'on avoit transporté quantité d'effets précieux, ont été confumés avec zout ce qu'ils contenoient : ce qui eft incroyable, au milieu de la défolation générale, il s'est trouvé des monftres qui en profitoient: on découvrit des incendiaires & des voleurs. Le capitaine d'un bâtiment qui mouilloit ce jourla près des ifles d'Ourla, a rapporté, entr'autres effets extraordinaires du tremblement qu'il a reffenti en mer que la grande ifle d'Ourla avoit été fendue, & qu'il étoit forti de la crevasse une épaiffe fumée. On dit auffi que la même chofe eft arrivée à une montagne près d'Ephefe. Cependant les fécouffes n'ont pas encore ceffe. Le 5 Juillet, nous en reffentimes dix, le 7 cinq, le 8 Sept, le 9 trois, & du 10 au 14 deux chocs par jour. Du 14 au 28 nous eûmes quelque relâche; mais le 19, il furvint encore deux fecouffes très-fortes, le 21 trois, & hier deux, On ne peut fe faire d'idée de la confternation qui regne ici. Tous les habitans font fous des tentes en rafe campagne. Les Francs ont obtenu du mufelim des gardes qui font la patrouille pour garantir des défordres. Les montagnes font couvertes d'infortunés de toutes les nations qui manquent des chofes les plus nécessaires à la vie, tous les magazins de bled, d'orge, de riz & de café ayant été brûlés. Pour adoucir l'horreur de la difette générale, Cara-Ofman-Ogtou notre ancien gouverneur, fi connu par fa

[ocr errors]

bienfaisance, & Elis.Oglou, ont envoyé ici le 8, chacun 50 à 60 chameaux chargés de pain, & un grand nombre de moutons & de chevres qu'ils ont fait diftribuer aux pauvres; & depuis ce tems ils continuent de fournir tous les jours des grains & des vivres au marché. Le kiaya du capitan-pacha arrivé le 20 dans notre port avec fon efcadre deftinée à lever le tribut annuel dans l'Archipel, n'eft pas fi humain ni fi comparissant a nos malheurs : non content de la fomme accoûtumée, il exige une contribution extraordinaire. Son dragoman étant venu hier à terre avec des lettres pour les confuts, on lui a donné les préfens ufités. On dit qu'il médite une defcente pour marcher contre Cara-Ofinan-Oglou, afin de l'obliger à payer une somme de 100 mille écus que le capitan-pacha exige de lui pour le prix d'un vieux vaiffeau acheté de la compagnie angloife des Indes. La rapacité du kiaya n'eft pas la feule thofe qui nous allarme. Comme il a la pefte à bord, on eraint qu'il ne nous communique encore ce fléau qui conSommeroit notre deftruction. Quelques uns de fes malades qu'il a débarqués, ont été envoyés à un hôpital & St. Venerande. M. de Peyssonnel, conful de France, qui a tout perdu dans l'incendie, même fes habits part aujourd'hui pour Marseille, ayant reçu le 17, ordre de fa cour de s'embarquer fur le premier vaiffeau pour revenir en France.

DANEMAR CK.

COPENHAGUE (le 4 Septembre.) Les cfficiers de marine nommés par le roi pour faire une campagne fur la flotte angloife, font le comte de Moltke, chambellan, commandeur & l'un des commiffaires-députés de l'amirauté; le capitaine commandeur de Lutken; le comte de Reventlau, chambellan, capitaine & auditeur du college de l'amirauté; les feconds lieutenans Riegelfen, d'Obelitz, Soeboeker, Gyldenfeldt & Schroderfée.

[ocr errors]

MM. de Muklenborg & d'Aloner, l'un capitaine & l'autre lieutenant au corps du génie Lont partis d'ici, avec l'agrément du roi, pour fe rendre à l'armée du roi de Pruffe.

[ocr errors]

POLOGNE.

WARSOVIE (le 4 Septembre. ) La nobleffe du diftrict de Warfovie s'affembla le 17 du mois dernier, dans l'églife des auguftins ; &, conformément aux univerfaux du roi, elle y tint fa diétine ante- comitiale pour l'élection de fes nonces à la prochaine diete. Les fuffrages fe réunirent en faveur du prince Staniflas Poniatowski, lieutenant- général de la couronne, neveu du roi & de M. Gorski, juge du grod de cette capitale. On apprend de différentes provinces de cette république que les diétines s'y font tenues affez tranquillement. On en excepte cependant les diftricts de Drohutz en Podlachie & de Wirk en Mafovie, où la nobleffe s'étant divifée chaque parti a élu fes nonces. C'est la diete qui prononcera fur la légitimité de ces élections. Il eft encore douteux fi cette affemblée nationale fe tiendra fous le lien d'une confédération. On ie defire, parce qu'il eft difficile de trouver cette unanimité de voix requife par les loix dans une diete libre pour la décifion des objets les plus importans.

Sur l'avis que les fymptômes de pefte s'étoient manifeftés en Moldavie & même à l'armée ottomane, le département de la police vient dé défendre aux Juifs des provinces fituées au-delà du Niefter d'apporter ici leurs marchandifes pendant le cours de la diete prochaine. Il paroft que la même caufe a déterminé les Ruffes à former un cordon le long de ce fleuve. Cependant les lettres les plus récentes de Turquie portent que la contagion commence à y perdre de fa

force.

Le duc de Courlande a fait inférer dans la Ga zette de Mittau, du 14 Août, une réponse trèsdétaillée à la proteftation que la ducheffe Eu

« السابقةمتابعة »