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La cárgaifon du paquebot étoit de beaucoup de valeur; mais une perte de plus d'importance pour toute la nation eft celle de 8 vaiffeaux d'Archangel & de plufieurs autres revenant de Pétersbourg, de Nerva, & de Norwege : ils font tombés entre les mains de l'armateur américain, le général Mifflin, qui, s'étant posté sur la route du commerce de la Baltique, s'y eft emparé de 23 bâtimens dans le cours du mois dernier. Comme plufieurs d'entre ce nombre étoient chargés de matériaux pour les chantiers de l'amirauté, & que durant l'hyver la Baltique & la mer blanche ne font point navigables, l'on fent aifément quel embarras il en peut réfulter dans un tems où les ports de l'Amérique, qui pourvoyoient ci-devant notre marine, nous font fermés. D'un autre côté, le cotter le Milan s'eft emparé de 8 navires qui venoient de la Baltique avec des cargaifons du même genre, deftinées pour des ports de Fran

ce; & l'on fait monter à 80 ou 90 mille liv. fterf. la valeur des captures que ce petit bâtiment de 10 canons, monté par le lieutenant Trollope, a faites dans l'efpace de peu de jours; mais comme ce font tous des vaiffeaux neutres, & que leur prife femble contraire au droit des gens & à des traités connus, l'on craint, que le procédé du Sr. Trollope n'aigriffe les plaintes que des nations neutres ont déjà faites de la conduite de nos officiers à leur égard.

La cour vient de recevoir des dépêches de Mylord Grantham, fon ambaffadeur à Madrid, où elle a envoyé fucceffivement quatre exprès depuis le 4 de ce mois ; d'où l'on peut conclure, avec quelle ardeur les négociations fe continuent entre les deux cours. Il feroit inutile de rapporter toutes les conjectures, que l'on hazarde à ce fujet. Tandis que les partifans du ministere affectent la fécurité la plus parfaite, d'après les

affurances qu'ils difent avoir été données, tant à Mylord Grantham qu'ici par le marquis d'Almodovar, d'autres, d'un naturel plus inquiet, fe plaifent à fonner l'alarme, en faisant inférer dans nos papiers publics un article de Madrid du 4 Septembre 1761, tiré de la Gazette de Londres du Ier. Octobre de la même année, où il est dit que les miniftres efpagnols venoient de donner à notre ambaffadeur les affurances les plus pofitives des difpofitions amicales de leur cour» cependant, obferve-t-il, ce fut le quatrieme jour après, fçavoir le 8 Septembre, que le pace de famille fut ratifié à Madrid; & en conféquence du fecours promis par ce traité, la guerre fut déclarée le 2 Janvier fuivant. Les per fonnes impartiales, perfuadées que S. M. Cat. préféreroit un accommodement entre la France & l'Angleterre fur un pied équitable à la néceffité de prendre part à la guerre, laiffènt au refte la décision de ces mysteres politiques à l'événement, qui ne paroît pas éloigné.

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Plufieurs Indiens ont embraffé le parti des Américains. On voit ici le difcours fuivant, adreffé par un de leurs chefs à une troupe de guerriers prêts à joindre les drapeaux du général Washington, fous la conduite du major de Thoufard.

Neveux, guerriers, ouvrez vos oreilles.

« Vous allez-vous féparer des Sachems vos oncles; en pareille occafion il eft d'ufage de dire quelques mots fouvent un jeune guerrier a befoin de confeils, vous allez entreprendre un long voyage, vous allez être exposés à la fatigue & à beaucoup de tentations : vous trouverez beaucoup d'obfervateurs, non- feulement Américains, mais parmi quelques guerriers principaux de notre pere le roi de France: gravez profondément dans votre efprit que les guerriers

ont un rôle important à foutenir; ils peuvent faire beaucoup de bien ou fe livrer à d'affreuses énormités; ils peuvent faire du bien en écartant les maux qui menacent la paix du pays: c'eft fous ce point de vue qu'ils dévoloppent le caractere du héros; mais il faut éviter avec foin tout ce qui tient à la vengeance perfonnelle & privée; il eft au-deffous, il eft indigne du guerrier, d'infulter, de piller une famille dénuée de fecours, & qui peut être innocente ».

«Neveux, fouvenez-vous que vous allez fervir dans la grande armée d'Amérique, que vous ferez préfentés au général Washington, guerrier en chef, ainfi qu'à un éminent officier de notre pere le roi de France, le marquis de la Fayette, à la demande particuliere duquel vous allez joindre l'armée; le moindre écart de votre part, quelque léger qu'il puiffe être, fera de la plus fâcheufe conféquence; il fera difficile d'en laver la tache : formez-vous donc un plan de conduite digne de la profeffion des guerriers ; que la bonne intelligence regne toujours parmi vous; n'ayez tous qu'un même efprit, n'ayez qu'un feul & meme objer en vueque chacun de vous n'aille pas croire qu'il eft un chef, & qu'il peut fe permettre ces petites libertés que l'indulgence tolere auprès de nos foyers, mais que tous & chacun obéiffent implicitement au major de Toufard, qui marchera à votre tête & combattra avec

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« Défiez-vous des liqueurs fortes; leur ufage eft le féducteur commun des Indiens. Neveux, fi vous obfervez le bon ordre, fi vous êtes fobres, fi vous jouez le personnage qui convient à l'homme, votre conduite fera appréciée, exaltée par l'armée américaine; le général Washington, guerrier en chef, la remarquera avec diftinction: le rapport en viendra un jour aux

oreilles de notre pere, le roi de France, & nous Sachems, nous nous réjouirons en entendant parler de vous».

(Signé) OJISTATE, alias GRASSHOPPER, orateur pour les Sachems..

Extrait de la Gazette de Bofton du 17 Juin. Mercredi dernier, une fentinelle des gardes en faction à Prospect Hill a tué d'un coup de fufil le lieutenant Brown du 21e. régiment anglois; il couroit en chaife entre deux filles de joie de cette ville; comme l'ordre général défendoit aux femmes de paffer les lignes, il étoit du devoir de la fentinelle de l'arrêter; le malheureux offi cier la traita avec mépris, & s'obftina à paffer fans en donner de raifon : la sentinelle, après lui avoir crié plufieurs fois d'arrêter, fit feu: les prifonniers qui fe trouvoient à portée, s'emparerent de ce foldat, & le traînerent par les talons jufqu'au fommet de la montagne, ce qui déchira fon vifage: ils le maltraiterent d'ailleurs confidérablement avant que le piquet l'eût mis en liberté. L'aide-major du même régiment, inftruit de ce qui venoit de fe paffer, & fe trou vant à cheval, précipita fi violemment le g lop de cet animal qu'il s'abattit, & l'officier fe caffa la clavicule. Le major-général Philipps écrivit en conféquence le billet fuivant au ma jor-général Heath.

Cambridge, le 17 Juin 1778.

Le meurtre & la mort font enfin déchaînés: un officier fortant des cafernes de Profped-Hill a été tué par une fentinelle américaine; je fout mets à la fenfibilité de l'Europe le foin d'apprécier les horreurs émanées de ces difpofitions fanglantes, qui, dans ces colonies, fe font jointes à l'efprit de rebellion; je ne demande point juftice: car je crois que fes principes fe font éloignés de cette province; je demande la liberté d'en

voyer par le quartier-général du général Washingson un officier qui faffe au général chev. Henri Clinton mop rapport de ce meurtre.

En conféquence de ce billet infolent, & fi peu digne d'un officier, le général s'eft trouvé dans la néceffité de lui donner fa maison & fon jardin pour prison.

Du 15 Septembre.

Il vient d'arriver un exprès de l'amiral Keppel. Sa flotte croise en trois divifions, qui ne fe perdent pas de vue; elles fe tiennent feulement à une certaine diftance l'une de l'autre parce qu'en embraffant plus d'étendue, l'amiral efpere qu'il découvrira plus probablement la flotte ennemie: dès qu'on l'aura apperçue, au premier fignal les trois divifions doivent fe réunir, & l'armée navale donnera chaffe à l'inftant même : cependant les frégates le Milford, l'Aréthufe & la Médée font en avant pour reconnoître l'ennemi.

Le Honnah, vaiffeau armé, eft arrivé chargé de la partt du ford Howe de dépêches écrites à bord de l'Aigle à Sandy-Hook, & datées du 18 au 31 Juiller. Voici quelle en eft la fubftance.

Le yaiffeaux de guerre le Raisonnable, le Centurion & le Cornwall, faifant partie de l'efcadre de l'amiral Byron, font arrivés à SandyHook, le premier le 28 Juiller, & les deux autres le 29, venant en dernier lieu d'Hallifax. Au moyen de ce renfort, la flotte du lord Howe fe propofoit de mettre à la voile le 2 Août, & de donner chaffe au comte d'Estaing, qui avoit quitté Sandy Hook le 22 Juillet: on l'avoit vu d'abord gouverner vers le fud; mais le 28, on fçut qu'il avoit changé de courfe, & on le vit au nord, gouvernant vers Rhode-Island. Tandis que le comte d'Efaing étoit devant Sandy-Hook, en arborant pavillon anglois, il avoit réuffi à attirer au milieu de fon efcadre 9 ou 10 bâtmens anglois dont il avoit fait prife. Ces bâti

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