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Les nouvelles de notre armée navale fe font longtems defirer; les uns attendent avec confiance & les autres avec crainte, l'événement d'un fecond combat. On eft dans la même incertitude fur ce qui fe paffe en Amérique. Les couriers des différens départemens ont ordre de fe tenir prêts à porter à S. M. les nouvelles qui peuvent arriver d'un moment à l'autre. Nous avons chaque jour des motifs de nous défier des bruits qui fe répandent on affuroit dernierement qu'il étoit arrivé à l'amirauté un exprès avec la nouvelle que nos efcadres ayant rencontré 14 vaiffeaux marchands françois très-richement chargés, en avoient pris 9 qui avoient été conduis à Plymouth par la Revange, de 74 canons. A l'examen, il s'eft trouvé que le vaiffeau de ce nom3 n'étoit point en mer.

Depuis les deux relations, fi différentes l'une de l'autre, de l'affaire du 28 Juin entre l'armée: du roi & celle des Américains, on a reçu d'autres avis dont voici les principaux détails:

Le général Clinton, en s'échappant enfin des Ferfeys, fçavoit fi bien qu'il alloit abandonner un grand nombre de bleffés, qu'il crut devoir prendre la précaution de les recommander à Poumanité de Washington, par une lettre qu'il laiffa fur le champ de bataille, enforte que dans ·la lifte qu'il a envoyée ici des bleffés, qu'il ne fait monter qu'au nombre de 159, il n'a fans doute entendu parler que de ceux que leurs blef fures n'ont pas empêché de le fuivre jufqu'au moment où il a ceffé d'ètre pourfuivi. On fçair que le général Washington, dans une lettre du 30 Juin au congrès, en parlant de 240 Anglois qu'il a déjà fait enterter, ajoute qu'il ne peut fçavoir encore le nombre des bleffés & des tués des troupes royales.

Ce que dit le général Clinton, dans fa lettre

à Mylord Germaine, fur le double féjour qu'il fit à Navefink, dans l'efpoir que Washington auroit pu s'avancer vers le pofte de MiddleTown, où il l'auroit attaqué avec avantage pendant les deux jours qui fuivirent les combats du 28, fe concilie difficilement avec ce que rapportent les lettres particulieres qui parlent de fa retraite des Jerseys, & dont quelques-unes nous apprennent que ce général, pour fauver la majeure partie de fes troupes, parut, en les mettant en ordre de bataille avoir le projet d'engager un combat décifif, que le général Lée, toujours à fa fuite, ne jugea pas à propos d'accepter, aimant mieux tomber le lendemain fur fon arriere-garde, efpoir que fit évanouir le général Clinton, au moyen d'une marche forcée pendant la nuit, qui mit affez de diftance entre les Américains & lui pour effectuer fon embarquement à Sandy-Hook fans avoir à fe défendre de nouvelles attaques.

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On lit dans les papiers publics américains une lettre du major-général Lée adreffée au Sr. Collins, imprimeur de la gazette de Trenton, au fujet de quelques réflexions qui avoient été hazardées fur fa conduite dans une feuille du 1er. Juillet. « J'ai été, dit-il, infulté d'une façon fi groffiere que j'ai demandé un confeil de guerre qui fera tenu demain ». Il prie enfuite l'imprimeur d'engager fes lecteurs à regarder la relation qui a paru de l'affaire du 28, comme une fiction qui fera bientôt détruite par un nouveau récit auffi détaillé qu'exact, & le même jour il ajoute, comme un Poftfcriptum à l'avis ci-deffus, la note fuivante:

Appeller l'affaire du 28 une victoire complette, feroit une gafconnade déshonorante ; dans le fait, c'est un échec qu'a reçu l'ennemi & qui fait honneur aux Américains; ils n'ont

point encore eu d'affaire qui ait auffi bien prou vé ce dont ils font capables.... La conduite des officiers & des foldats a été fi également bonne, qu'il feroit injufte de faire des diftinctions: j'avouerai cependant qu'il eft difficile de paffer fous filence les éloges dus au corps d'artillerie, en y comprenant depuis le général Know & le colonel Ofwald jufqu'aux conducteurs mêmes. Il n'eft pas aifé de dire quel a été le point ou le moment décifif; c'étoit une bataille par parcelles; à force de combattre en quantité de lieux différens, dans la plaine & dans les bois, en avançant & en reculant à propos, est enfin venu à bout de repouffer honorablement l'ennemi. ( Signé, LÉE) ».

on

On a été informé depuis que dans le confeil de guerre qui s'eft tenu, le général Lée a été juftifié de la maniere la plus honorable.

Dans cette journée du 28, où le thermomêtre étoit à l'exceffive hauteur de 92, un major général de l'armée angloife perdit au combat de Montmouth-Court-Houfe trois chevaux que la feule chaleur & l'impoffibilité de trouver de l'eau firent périr la difficulté d'étancher fa foif ne fut pas moins fatale aux troupes, & un très grand nombre de ceux qui ont pu triompher de ce befoin, fi difficile à vaincre, font arrivés à NewYork dans l'état le plus déplorable, & le moins fait pour la défense de cette place, qui a été inveftie prefque auffi-tôt après qu'ils y font entrés: cette malheureufe ville, furchargée & de la partie de l'armée royale qui y eft entrée, & du nombre d'habitans de Philadelpie qui l'a fuivie, of fre à peine un afyle fuffifant pour tant de monde: on fçait qu'un général & un commiffaire-géné ral ont été obligés, à leur arrivée, d'occuper la même chambre.

Un officier de diftinction écrit de New-York,

le 11 Juillet, que le général Clinton fera fare ment tout ce qui eft poffible à la bravoure & à la fagacité pour remédier à tous les maux qui le menacent; mais que tous les efforts d'un homme, quelle que foit fa capacité, ont toujours leurs bornes. «Si la flotte d'Angleterre, dit-il, arrive dans une quinzaine de jours, ou qu'au moins elle ne tarde pas plus de trois femaines, nous pourrons encore nous battre contre Washington,avec Arnold à fes côtés, fouvenez-vous cependant d'une chose : c'eft que nous n'avons pas feulement à combattre une armée, mais tout un pays. Chaque homme que nous perdons décourage fon camarade, tandis que l'armée américaine le reffent à peine de fes pertes: un foldat tué eft remplacé par un autre qui a les mêmes fentimens de haine & de vengeance. Remarquez encore que cette année, nous n'avons rien qui puiffe opé rer quelque diverfion utile: routes les forces des Américains tous leurs généraux, toutes leurs reffources font combinés contre la feule provin ce où nous nous trouvons ».

On a reçu la nouvelle que le 70e. régiment d'infanterie, le nouveau régiment des montagnards du colonel Campbell & une partie du nouveau régiment d'Hamilton font arrivés dans ta Nouvelle-Ecoffe à Hallifax.

On dit que le vice-amiral Montague, après avoir réfifté à la tempête qui a été fi funefte à l'efcadre de l'amiral Byron, eft arrivé fans accident à St. Jean de Terre-Neuve, le 25 Juillet; qu'if s'occupe à raffembler toutes les forces, & à faire les meilleurs préparatifs poffibles pour la défenfe de la place, ayant reçu avis qu'il y avoir à St Pierre & à Miquelon une efcadre confidérable de frégates françoifes & américaines qui, pour mettre a la voile, n'attendoit qu'un vaiffeau de ligne du comte d'Estaing, L'amiral Montague fe

flatte qu'il fera bientôt en état de défenfe, & que fi l'attaque fe fait à l'entrée du port St. Jean, elle pourra bien n'avoir pas tout le fuccès que les ennemis en attendent; d'ailleurs, on va envoyer inceffamment 3 vaiffeaux de guerre au fecours de cet amiral. On a ordonné aussi à un vaiffeau de ligne, 6 frégates & une chaloupe, d'aller en croifiere dans les parages des ifles de Jerfey & Guernefey, qui font menacées d'une invafion de la part des François.

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Indépendamment des flottes & efcadres déjà connues le gouvernement fait équiper avec toute l'activité poffible, dans différens ports, 24 vaiffeaux de ligne, dont 2 de 100 canons, 4 de 90, 2 de 80, 12 de 74 & 4 de 60, fans compter quelques vaiffeaux des derniers rangs. La levée des matelots fe continue à force, & ceux qui fe trouvent au fervice étranger feront au plutôt rappellés.

On apprend avec fatisfaction que notre flotte marchande de la Jamaïque eft arrivée fur nos cô tes fans avoir éprouvé d'accidens; mais on n'eft pas fans inquiétudes fur quatorze navires marchands, partis de Gibraltar le 1er. Août, fous l'escorte du Romulus, de 44 canons. Comme le plus long trajet eft de 21 jours, & que jufqu'à préfent l'on n'a reçu aucune nouvelle de ce convoi, l'on craint qu'il ne lui foit arrivé quelque accident. On affure auffi qu'une de nos flottes marchandes eft bloquée dans le port de Livourne par un vaiffeau de guerre, deux frégates, & quitre chebecs françois. Un fait certain eft la prife du paquebot le Duc d'York,capitaine Dashwood, venant de Lisbonne, par la frégate françoise l Courageufe, qu'il rencontra le 17 Août, avec les frégates la Terpficore & le Roffignol: elles avoi ent pris précédemment le Lively, armateur de Jersey, & un navire anglois, venant d'Oports.

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