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point de femaines qu'il ne fe déclare des faillites, foit dans le commerce, foit dans la finance; triftes effets du luxe effroyable qui s'eft introduit dans toutes les conditions.

La maréchale de Noailles eft partie pour aller à Rome accomplir un vou; elle eft accompagnée de l'abbé Joly, docteur de Sorbonne.

Quantité de perfonnes de la cour & de la Ville vont voir le camp de St. Gabriel, qui eft compofé d'environ 30 mille hommes. La confommation des vivres y eft très-confidérable. Malgré les magafins de grains établis dans tous les couvens de Bayeux, de Caen & des environs, la grande féchereffe empêchant les moulins à eau de moudre, on auroit manqué de farine, fi l'on n'avoit eu la précaution d'en tirer des endroits éloignés qui font pourvus de moulins à vent. Le maréchal de Broglie fait exécuter dans ce camp tous les exercices nouveaux, & obferver la plus exacte difcipline, telle qu'elle doit être fuivie en tems de guerre. Comme tout eft effentiel afin d'affurer le fuccès du réglement de l'infanterie en campagne, il entre dans les plus grands détails, depuis le panfement des chevaux deftinés à porter des tentes & marmites, jusqu'aux honneurs funebres à rendre aux militaires, depuis le maréchal de France jufqu'au fimple foldat, qui mourront à l'armée. Déformais on exercera les foldats de tems en tems à marcher plufieurs lieues avec leurs havrefacs, leurs armes & uftenciles de toute efpece, afin qu'ils s'accoutument à les porter pendant la campagne fans en être fatigués. Les marmites de cuivre étant fujettes au verd-de-gris, il n'y en aura plus que de fer battu. Il est défendu aux officiers d'avoir des chevaux & voitures au-delà du Odobre. ze. quinz. 1978.

C

nombre fixé par le réglement, fous.quelque prés texte que ce foit.

Au titre 21 de l'inftruction particuliere pour tout officier commandant dans un pofte ou lieu fermé, il eft dit : « Si l'ennemi lui a coupé le chemin de la retraite, & qu'il ne puiffe plus fe l'ouvrir, ni compter fur aucun fecours, il ne capitulera qu'à une des extrémités fuivantes : de n'avoir plus de munitions, de manquer de vivres après avoir réduit la nourriture du foldat & avoir fouffert quelque tems la faim ou la foif, & enfin d'avoir perdu la plus grande partie de fon monde. Il obfervera toutefois qu'il n'y a que deux formes de capitulation, dont on ne peut s'écarter; l'une d'obtenir les honneurs de la guerre, & la feconde, de fe rendre prifonnier de guerre, derniere condition qu'il n'acceptera qu'à l'extrémité, toute autre capitulation, comme de ne pas fervir pendant la guerre, ou dans un pays déterminé, ne pouvant jamais être admife dans fa juftification ».

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Il eft dit au titre 26 de l'inftruction pour les jours de combat : « Rien n'ayant tant de force fur les hommes que l'exemple des chefs, les officiers-généraux & fupérieurs feront en forte que le leur infpire l'affurance & l'audace aux troupes qu'ils commandent. C'eft furtout lorfque les actions font les plus vives ou qu'elles balancent, qu'il eft néceffaire qu'ils fe montrent; car il est bien différent d'ordonner aux hommes de marcher au danger, ou de les y conduire ».

On a auffi imprimé un réglement provifoire touchant le service de la cavalerie, des dragons & des huffards, auffi volumineux que celui de l'infanterie. A l'article des équipages des officiers-généraux & de la police des tables à l'armée, il eft dit « que l'équipage des lieutenans

généraux confiftera en 40 chevaux, & celui des maréchaux de camp en 30; que les lieutenans généraux ne pourront avoir plus de 20 couverts, les maréchaux de camp 12, les colonels-brigadiers, ou les colonels-commandans des brigadiers 10, & les colonels 8; que toute efpeco de vaiffelle d'argent, à l'exception des fourchet tes, cuillers & autres effets de menue argenterie, connus vulgairement fous la dénomination de petite oie, fera défendue; que les tables des officiers-généraux & autres, de quelque grade qu'ils foient, ne pourront être fervies que de mets fimples & militaires, fans aucune recherche de luxe; qu'on ne pourra s'y fervir ni de criftaux ni de fruits montés ». S. M. charge expreffément les généraux de fes armées de tenir la main à l'exécution de cet article.

A l'article des camps de paix & d'exercice il eft dit qu'on y pratiquera ce qui eft prescrit pour les armées; qu'ainfi il y fera fait des détachemens, des fourrages, des convois, avec les mêmes précautions qu'à la guerre; que les officiers fupérieurs qui les commanderont, étant feulement inftruits par le commandant du camp, de l'objet proposé, & reftant abfolument maîtres des difpofitions à faire pour leur exécution, afin de montrer s'ils en font capables, le général leur fera connoître en quoi ils pourroient avoir manqué, & fera rectifier celles qui auroient été mauvaises ou mal exécutées.

Le camp de St. Malo a commencé le 29 Août, & doit durer jufqu'au 1er. Octobre.

Il ne s'eft encore rien paffé entre les deux armées navales. Le comte d'Orvilliers s'eft préfenté à l'entrée de la Manche pour provoquer l'amiral anglois, qui s'eft tenu hors de la portée de combattre. On croit que Keppel n'a d'autre envie que de voguer paifiblement, jufqu'à ce qu'il

ait protégé la rentrée des flottes marchandes qu'on attend dans les ports d'Angleterre, & qui viennent de la Jamaïque & des ifles fous le vent. On affure que notre armée navale eft compotée de 33 vaiffeaux de ligne & de 17 à 18 frégates. Le vaffleau le Neptune, de 80 canons qui a été lancé à Breft, fera bientôt armé & en état de joindre l'armée à moins que la faifon ou d'autres caufes ne terminent la campagne. L'Augufte, de 90 canons, devoit être lancé le 16 eu le 17 de ce mois, & l'Annibal le fuivra de près.

Le comte d'Orvilliers, dans fa réponse à la lettre que le roi lui a écrite après l'affaire d'Oueffant, dit entr'autres, à S. M.: « Le profond refpect & l'amour dont vous pénétrez le cœur de vos fujets, avoient préparé ceux de votre armée navale à tout fouffrir pour la gloire de votre regne; mais le témoignage de fatisfaction que V. M. a bien voulu tracer de fa propre main, & me faire la grace de m'adreffer, ce témoignage que je baile avec le plus tendre & le plus profond refpect, a élevé l'ardeur & le courage au-deffus de l'humanité. Vos généraux, étatsmajors, équipages de vos vaiffeaux, en ont entendu la lecture avec des larmes d'attendriffement, des acclamations de vive le roi, & des proteftations finceres de verfer avec joie tout leur fang pour le fervice d'un fi bon maître. Les bleffés en ont été confolés, & regardent avec complaifance les plaies qu'ils ont reçues, auxquelles la bonté de votre cœur vous rend fenfible. La veuve & l'orphelin affurés du secours que vous leur promettez, effuient leurs larmes, & joignent leurs vœux ardens à ceux de tous les François pour la profpérité de vos armes, la gloire & la durée du regne du meilleur des rois ».

Le comte Duchaffaut eft parti de Breft le 31 Août; on le transporte en litiere à fa terre en Poitou, où il achevera de fe rétablir de fa bleffure.

aux

On dit que le corps municipal de Paris fait faire pour to mille francs de vaiffelle plate, armes de M. de Guichen, dont il lui fera préfent. Il a déterminé unanimement de le créer échevin honoraire, avec voix délibérative à perpétuité dans fes affemblées; il fait faire fon portrait, qui fera mis à une place d'honneur dans la falle du confeil de l'hôtel-de-ville. Environ 94 homines tués ou bleffés fur fon bord n'ont pas échappé à l'attentive fenfibilité du prevôt des marchands & de nos échevins. Pour entretenir la bonne volonté & la bravoure de l'équipage du vaiffeau auquel cette ville a donné fon nom, & qui eft un hommage de dévouement qu'elle a rendu à fon fouverain, elle a fait tenir à M. de Guichen dix mille écus qu'il diftribuera aux matelots bleffés & aux veuves de ceux qui ont été tués au combat d'Oueffant, & pour récompenfer l'équipage.

C'eft prématurément qu'on a annoncé que M. Cornic, armateur, a été fait capitaine de vaiffeau, pour s'être diftingué au combat d'Oues fant; cet officier n'étoit pas employé fur la flotte.

Les anglois font de tems en tems des captures confidérables; quelques uns de nos vaiffeaux qui revenoient des Indes occidentales font tombés entre leurs mains. Les négocians du Havre-de-Grace en ont fouffert plus que les autres, la plupart des navires, qui leur étoient deftinés, ayant été pris: le vaiffean le St. Martin, appartenant à la maison Fouache de la même ville revenant auffi des ifles, & dont la cargaifon s'eftime à plus d'un demi-million, a

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