صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

de ce prix amene une petite fête champêtre dans laquelle le laboureur reçoit avec la médaille une couronne de fleurs & d'épis de bled, & prend la place d'honneur au festin que le pafteur donne ce jour-là. Il s'engage à porter la médaille tous les dimanches & fêtes; on lui donne un certificat figné des experts & de tous les laboureurs, qui atteftent que les terres étoient le mieux cultivées, & qu'il a toujours été exempt de reproche. Tous les dimanches & fêtes de l'année où il a été couronné, il a fon couvert mis chez le curé, qui le fait manger à fa table, quelque compagnie qu'il reçoive ce jour-là.

L'autre établiffement eft dû à la générofité du curé de Chevannay en Bourgogne. C'est une fête qu'il a inftituée, il y a quelques années, & dont l'objet, de fa part, eft de payer 3 cottes de taille à la décharge des trois laboureurs des cantons de Chevannay, St. Helier & Champrenault, de qui les récoltes & la culture feront ju gées les meilleures par trois experts choifis dans la paroiffe. Cette fête, à laquelle on a donné le nom de Céréale, étoit indiquée cette année au dimanche 26 Juillet dernier. Elle avoit fait l'année précédente, une fi forte impreflion fur ceux qui n'avoient pas été admis au partage des trois couronnes qu'on y décerne, qu'ils avoient formé la résolution d'en être dignes à leur tour. Ce projet, hautement annoncé, avoit redoublé les efforts des uns pour conferver leur fupériorité, & ceux des autres pour y atteindre. M. Dupleix de Bacquencourt, intendant de la province, voulant affifter à cette fête, fe fit d'abord conduire à la contrée des bleds qu'il parcourut, malgré l'exceffive chaleur. A peine s'étoit-il rendu au prefbytere, que le cure y arriva de St. Helier, où il étoit, efcorté de fes laboureurs fous les armes. L'intendant étant allé à fa rencontre,

Te curé lui préfenta les rapports cachetés des experts, qui avoient prononcé une parfaite égalité de mérite entre 23 laboureurs für 26: le curé leur ayant propofé, au lieu de tirer au fort les couronnes, de nommer eux mêmes ceux qu'ils en jugeroient le plus dignes, ils répondirent par acclamation, en s'adreffant à l'intendant : << Puifque nous méritons tous également le prix, gloire à Dieu; nous ne voulons pas d'autre roi de la fête, & nous lui faifons hommage de ce qui peut nous revenir ». Tous les affiftans furent touchés de ce défintéreffement & de la gaîté franche avec laquelle il fut annoncé : l'intendant leur en témoigna fa fatisfaction. On fe rendit enfuite à l'églife, où les laboureurs, avant la meffe, préfenterent les trois couronnes d'épis au curé, qui, dans un discours fimple & touchant, les excita à la reconnoiffan ce envers Dieu, premiere fource de tous les biens qu'ils alloient recueillir. La meffe finie on chanta le Te Deum, pendant lequel il y eut plufieurs décharges d'artillerie: toute l'affemblée revint au prefbytere, où l'on avoit préparé une grande table pour les laboureurs: lorfqu'ils y eurent pris place, on s'empreffa de les aller voir, & de partager la gaieté qui les animoit. Le cu ré les ayant invités à boire à la fanté du roi & de la reine, dont l'heureufe fécondité alloit mettre le comble aux vœux de la nation, l'intendant fe fit donner un verre, & voulut porter cette fanté avec ces bons ferviteurs du roi ; ce qui se fit au bruit des inftrumens & d'une décharge d'artillerie. On a fçu que l'intendant avoit remis, en partant, dix louis au curé, & que lorfque ce dernier avoit annoncé à fes laboureurs cette gratification, ils avoient répondu unanimement qu'elle faifoit partie de l'hommage qu'ils avoient fait à Dieu de tout ce qui devoit leur re

[ocr errors]

venir pour les prix: ils connoiffent, ils eftiment affez leur pafteur pour être affurés qu'en lui laiffant la difpofition de ces fommes, elles feront à coup für employées à leur plus grand avantage.

[ocr errors]

Le lo de ce mois, une loterie anciennement fondée à St. Séverin en faveur des filles fages de la paroiffe, y a été tirée avec un concours & une folemnité propres à rendre cette pieufe inftitution auffi intéreffante & auffi utile qu'elle doit l'être. Cette fondation, exactement remplie tous les ans dans cette paroiffe, y étoit prefque ignorée; & le curé defirant donner à cette œuvre chrétienne & patriotique un éclat fait pour honorer la vertu, en faire aimer la pratique & lui acquérir des protecteurs & une récompenfe plus étendue, à invité à cette cérémonie le lieutenant-général de police, qui s'eft prêté avec zele aux vues du curè, & qui a même voulu ajouter avec le pafteur un fupplément confidérable aux lots portés par la fondation. La loterie ayant été tirée, ce magiftrat a donné un nouveau prix aux lots par la diftribution qu'il en a faite lui-même aux cinq filles que le fort avoit défignées,& que le fuffrage public en avoit jugées dignes; le curé leur a rappellé enfuite dans un difcours, le jufte devoir de reconnoiffance pour le dieu qui infpire la vertu & qui donne la fageffe. Il les a furtout exhortées à mêler à leurs actions de graces les vœux les plus ardens pour les jours précieux du roi, pour la confervation de la reine, & pour le fuccès heureux de fa groffeffe, la plus douce efpérance de la nation, fans oublier les prieres pour le repos éternel du pieux inftituteur de la fête. La cérémonie, en effet, s'eft terminée par un falut folemnel qui avoit cette reconnoiffance pour objet. Le but du curé, en tirant cet établiffement de l'obscurité

où il languiffoit, eft d'accroître le goût de la vertu par la gloire qui l'environne, d'infpirer aux ames bienfaifantes des libéralités qui puiffent rendre cette bonne œuvre intéreffante, & multiplier de fi utiles inftitutions: il fçait que dans cette capitale la vertu n'a pas moins befoin d'encouragement que dans les campagnes, & que la profpérité des nations n'a de durée que celle des principes qui confervent chez elles les mœurs públiques & la vertu.

Le gouvernement ayant autorifé M. Lacoré, intendant de Franche-Comté, à charger M. Girod, médecin du roi & infpecteur des épidémies de cette province, de répandre fa méthode d'inoculation dans les campagnes que ravageoit chaque année la petite vérole, M. Girod, depuis deux ans, a inoculé 1788 enfans dans 105 communautés de différens bailliages. Sept d'entr'eux, en bas âge, morts par complication de. maladies, telles que la rougeole & la gale, n'ont point éloigné les habitans des campagnes de la confiance qu'a méritée M. Girod dans toute la province. M. Lacoré, fur le compte qu'il a rendu des travaux de M. Girod, a été autorisé à lui accorder des gratifications, ainfi qu'aux chirurgiens employés fous lui à ces opérations intéreffantes, dont le fuccès ne peut que diffiper les préjugés qui fe font oppofés longtems a ce que l'on adoptat généralement une méthode qui a pour but le bien & l'avantage de l'humanité & de l'état.

[ocr errors]

Le 1er. de ce mois, à 10 heures du foir, le feu a pris au bourg de St. Juft en Champagne près de Sézanne; il y a eu 76 maifons brûlées compofant 82 ménages; plufieurs perfonnes ont péri dans les flammes, & d'autres font eftropiées; 329 de ces malheureux habitans font fans afyle, fans pain & fans vêtemens; les récoltes de toute

efpece qui étoient rentrées, ont été la proie des flammes, ainfi que tous les beftiaux, chevaux, vaches, moutons, harnois & charrues, de forte que ces infortunés n'ont pas même de quoi labourer & enfemencer leurs terres. Le fubdélégué de Sézanne s'y étant tranfporté auffi-tôt, a donné avec le plus grand zele tous les fecours poffibles. Suivant fon procès-verbal de la perte des habitans de cette paroifle, elle monte à 645 mille 942 livres, non compris celle du feigneur, qui eft très-considérable, tous fes fermiers, au nombre de 15, & les corps de ferme ayant été brûlés; un jeune homme de 27 ans y a péri, en voulant retirer la mere, qu'il n'a pu fauver. St. Juft eft un gros bourg, ayant foire & marché.

Les perfonnes charitables à qui la pitié infpireroit le defir d'une bonne œuvre, peuvent s'adreffer à M. Guillaume le jeune, notaire, rue du Roule, au coin de la rue St. Honoré, à Paris, & à St. Juft, au curé de la paroiffe.

M. Rouillé d'Orfeuil, intendant de Champagne, a déjà eu foin d'établir un bureau de charité, compofé du curé de la paroiffe, des officiers de juftice & des principaux habitans nonincendiés, pour travailler de concert au foulagement de ces malheureux. Il a même cru devoir faire remettre fur le champ au receveur de ce bureau 2400 livres pour fubvenir aux befoins & dépenfes de premiere néceffité, tant pour fubfiftance, vêtemens, outils & charrues, que pour mettre les laboureurs en état d'enfemencer leurs terres; ce qui eft d'autant plus intéreffant, que dans ce canton les femences doivent être faites avant le Ier. O&obre.

Un receveur-général des finances, qui paffoit. pour jouir d'une fortune très-considérable, vient de démentir cette opinion en vendant fa charge pour faire honneur à fes affaires. Il ne fe paffe

« السابقةمتابعة »