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Etendroit-il enfin son pouvoir sur votre ame?
Si je n'étois instruit, je croirois bonnement...

JULIE.

Quoi! vous m'accuseriez d'un vain déguisement?
Vous, Clitandre! Ah! du moins quand la vertu m'anime,
Pour prix de mes efforts donnez-moi votre estime!
Mon cœur ne connoît plus ni la ruse ni l'art;
A ce grand changement peut-être avez-vous part...
Peut-être je vous dois ce rayon de lumiere
Dont l'éclat imprévu vous étonne et m'éclaire;
Et contre les soupçons que vous osez garder
Je laisse à ma conduite à vous persuader.
CLITANDRE, étonné.

Julie, à la raison vous vous seriez rendue!...
Non, vous ne feignez point et votre ame est émue.
Ces sentimens, ce ton d'intérêt, d'amitié,
Vous rendent à mes yeux plus belle de moitié.
Voilà les qualités, les graces séduisantes,
Qu'hier je préférois à vos graces brillantes:
C'est en les unissant toutes pour vous parer
Qu'à régner sur nos cœurs il vous sied d'aspirer.
JULIE, Soupirant.

Quoi! si j'avois été... ce que je m'en vais être...
Si la raison plutôt dans mon cœur eût pu naître,
Et si, telle qu'Orphise, et modeste, et sans art,
J'eusse fui des erreurs que je connois trop tard;
Quoi! seule, sans apprêt, dans cet état paisible,
J'aurois pu me flatter de vous rendre sensible?

CLITANDRE.

En doutez-vous, Julie? Ah! mon cœur tout entier...
JULIE, très agitée et très attendrie.
Clitandre... c'est assez. J'ose ici vous prier
D'oublier à jamais qu'il fut une Julie...

Quoi ! j'aurois pu toucher!... Ah! je suis trop punie,
Cher Clitandre!

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Oubliez... un indiscret aveu.

CLITANDRE, aux genoux de Julie.

Non, je tombe à vos pieds: non, l'amour le plus tendre....

JULIE.

Aurois-je eu le malheur de vous toucher, Clitandre? Orphise vous perdroit!... Quel prix de ses bontés!

CLITANDRE.

Orphise vous dira...

SCENE VI.

CLITANDRE, ORPHISE, dans le fond, JULIE.

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Oui, je veux t'accabler de toute ma tendresse.

JULIE.

Eh! ma tante, il se trompe, et son cœur vous est dû.

ORPHISE.

C'est trop te tourmenter d'un remords superflu.
Notre amour, notre hymen à qui, par grandeur d'ame,
Tu veux sacrifier ton bonheur et ta flamme,
N'étoient qu'un piege adroit, qu'un appât séducteur,
Que j'ai voulu t'offrir pour attirer ton cœur ;
Sûre qu'en présentant le mérite à ta vue,
Ce monde où tu nageois, qui t'a long-tems déçue,
Te paroîtroit bientôt ce qu'il est en effet,
Du plus parfait mépris le méprisable objet.

JULIE.

Orphise! est-il bien vrai? Je n'ose encor vous croire.

CLITANDRE.

On m'a daigné choisir pour tenter cette gloire.
Si malgré vos erreurs mon cœur étoit à vous,
Jugez de ses transports dans un moment si doux !
JULIE, à Orphise, en l'embrassant.

Quoi! de votre amitié mon bonheur est l'ouvrage !
Et je puis sans remords en goûter l'avantage!

(à Clitandre.),

Que de biens je vous dois!... Vous, mon cher bienfaiteur, Je vous dois ma raison, mes plaisirs, et mon cœur.

EIN DE LA COQUETTE CORRIGÉE.

EXAMEN

DE LA COQUETTE CORRIGÉE.

C'EST à la Coquette corrigée que commence véritablement la décadence de l'art de la comédie, préparée, comme nous l'avons observé, par La Chaussée et Boissy. A la force comique de nos chefs-d'œuvre succedent une délicatesse ou une sensibilité affectées: la peinture énergique et vraie des caracteres est remplacée par des esquisses de portraits dont les nuances légeres ne peuvent être senties que par une certaine classe de spectateurs; le vice a perdu ses traits difformes; on croiroit manquer au bon ton si, comme Moliere, on frappoit les ridicules; tout est pallié, tout est excusé, pourvu que dans les expressions il ne se trouve rien qui choque une sorte de décence convenue. Le germe de tous ces défauts se fait remarquer dans la Coquette corrigée : les quatre premiers actes offrent, au lieu de comique, les développemens de cette morale que la régence avoit mise à la mode. Le Marquis, que l'auteur s'est efforcé de faire ressortir, n'est point un personnage ridicule; c'est un homme dont les succès dans le monde ne peuvent qu'encourager les jeunes étourdis qui voudroient l'imiter. Le dernier acte est sur le ton du drame; le repentir subit de Julie a un apprêt et ane

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