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trigant. Almada le choisit pour son agent de publicité. Nous avons entre les mains la correspondance ainsi que les manuscrits de ce libraire, et c'est dans un mémoire autographe que, le 12 mars 1788, il adresse à la reine dona Maria, que l'on trouve le nœud des manœuvres tentées en Portugal. Voici ce document, que nous traduisons sur l'original:

« Son Excellence don François d'Almada, ayant, en 1757, reçu ordre de la cour de faire imprimer la Relation abrégée des faits des Jésuites en Amérique, pour la présenter au Pape Benoît XIV et aux cardinaux, et n'ayant pas pu obtenir la permission de le faire à Rome, le cardinal Alberico Archinto, secrétaire d'État, lui suggéra l'idée non seulement de la faire imprimer hors des États du Pape, mais de plus lui insinua de se servir de Nicolas Pagliarini, qui, ayant des correspondances en Toscane, pourrait avec toute l'exactitude et la sollicitude désirables s'employer pour la cour de Sa Majesté très fidèle. Pagliarini fut en conséquence envoyé par le secrétaire d'État à M. d'Almada, qui, par le moyen du frère Antoine Rodriguez, son secrétaire, lui livra le manuscrit qui, en quinze jeurs, vint de Lucques tout imprimé. Les copies en furent distribuées au Pape et aux cardinaux ; et bientôt après parut le célèbre bref de réforme adressé au cardinal Saldanha. Benoît XIV mourut le 3 mai 1758; et pendant le conclave vint de Lisbonne la notice de ce bref, que Pagliarini imprima par ordre de l'ambassadeur Almada:-Clément XIII fut créé pape, et aussitôt le Père général des Jésuites lui remit un mémorial dans lequel il demandait que le bref fût retiré. Almada, ayant eu une copie de ce mémorial, pensa à le réfuter. Mais se rappelant les difficultés qu'il avait rencontrées sous Benoît XIV pour imprimer la Relation abrégée, le secrétaire frère Antoine s'arrangea avec Nicolas Pagliarini pour trouver les moyens d'imprimer

tout ce qui pourrait seconder les vues de Sa Majesté fidèle. On convint d'établir une petite imprimerie dans le palais de l'ambassadeur, comme l'avaient établie les ambassadeurs d'Espagne et de France dans leurs rési– dences. Ce fut cet exemple qui donna à Pagliarini la pensée de créer ladite imprimerie; et il exécuta són dessein avec tant de secret et de circonspection, qu'il n'en transpira absolument rien. Lorsque pour réponse au Mémorial durent paraître les célèbres Réflexions faites par monseigneur Jean Bottari, sur une minute du secrétaire don Antoine, elles furent imprimées et distribuées dans Rome par le moyen de la poste de Gênes avec tant de circonspection, que les Jésuites et le cardinal Torregiani crurent que ce livre avait été imprimé à Gênes; et ils s'en plaignirent au sénat de la république. Voyant l'applaudissement universel avec lequel étaient reçues les Réflexions, le P. Urbain Tosetti (des écoles-pies) voulut composer l'Appendice, et le même monseigneur Bottari fit la Critique: ·

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« De la même imprimerie sortit tout ce que la cour voulut qui se publiât à Rome; la matière fut abondante et intéressante. Tout fut exécuté par les soins et sous la direction de Pagliarini et sans qu'il ait reçu aucune récompense. Bien loin d'avoir touché de l'ambassadeur la plus petite somme d'argent pour avoir assisté continuellement à l'impression desdits ouvrages, il n'a pas même obtenu le simple remboursement de ses dépenses. n'était pas possible de cacher plus longtemps à la vigilance des Jésuites et de Torregiani le secret de notre imprimerie, et il suffisait pour tout découvrir de voir Pagliarini aller chaque jour au palais de l'ambassadeur, et y rester beaucoup de temps. Il devint donc leur point de mire, et fut destiné à être la victime de leur fureur. Pagliarini demanda au ministre une patente pour sa défense, mais au lieu d'une patente on lui donna un billet

d'office par lequel il était chargé de mettre en ordre les Archives royales; les juges n'en tinrent aucun compte dans le procès. En 1760, étant survenue la rupture entre la cour très fidèle et le ministère romain, l'ambassadeur Almada partit de Rome, et Pagliarini, qui restait abandonné à la vengeance des Jésuites et du secrétaire d'État Torregiani, fut recommandé par l'ambassadeur au cardinal Neri Corsini, protecteur de la couronne de Portugal. Mais cette recommandation n'empêcha pas que le pauvre Pagliarini ne fût arrêté le soir du 11 décembre 1760, et mis au secret aux Prisons Neuves pour y rester jusqu'au 14 novembre 1761.

« Il est impossible de redire la rigueur employée dans le Perquiratur que la justice fit dans sa maison. Les exécuteurs cherchèrent pendant très longtemps sans pouvoir trouver dans son magasin, rempli de livres de tant d'espèces, une seule feuille quí pût servir de fondement à une accusation. Après cent cinq jours d'un pénible secret, il fut élargi et put ainsi, avec ses amis, s'occuper de sa défense. Il suffit de lire les deux Allégations imprimées qui portent la signature de l'avocat Gaetan Centomani, mais faites par son ami l'abbé Nicolas Rossi, secrétaire de la maison Corsini, pour voir avec quelle noblesse et quel courage, dans tous les interrogatoires qu'il eut à subir, Pagliarini soutint la dignité de la cour de Portugal, et conserva le secret à lui tant recommandé de ne jamais manifester les auteurs desdits écrits, ce qui était l'unique objet des recherches des Jésuites et de Torregiani, pour exercer contre eux la plus atroce vengeance. Ce fut en vain que les magistrats le tentèrent dans le procès en lui promettant, s'il manifestait les auteurs, de le renvoyer aussitôt dans sa maison.

Après une année d'emprisonnement, le procès de Pagliarini fut décidé, et au scandale universel des honnêtes géns, sur le vote de monseigneur Braschi, aujour

d'hui Pie VI, fut portée la sentence qui le condamnait à sept ans de galères, bien que quatre voix l'eussent déclaré innocent. Cependant Clément XIII, malgré ses préventions, resta si peu persuadé de la justice de la sentence, que le samedi suivant il accorda la grâce à Pagliarini, et le renvoya libre sans aucune condition ni restriction.

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« Du 15 novembre 1761 Pagliarini resta à Rome fêté par tous, et principalement par le ministre d'Espagne, don Emmanuel de Roda, jusqu'au 7 février 1762, que Sa Majesté très fidèle Joseph Ier, par décret envoyé par un exprès à don Ayres de Sà, son ambassadeur à Naples, le fit appeler à cette cour par le marquis Tanucci au nom de Sa Majesté sicilienne. Etant arrivé là, il lui fut fait communication des grâces que le Roi très fidèle lui avait accordées en récompense des services qu'il avait rendus à sa couronne. Il était déclaré chevalier Fidalgo de sa maison, secrétaire d'ambassade, avec la pension viagère de 100,000 reis par mois, et avec un présent de 42,000 crociati pour se mettre en état convenable, et avec ordre à l'ambassadeur de le tenir dans sa maison et de le traiter comme fidalgo portugais. Pagliarini rcsta à Naples depuis le mois de février de 1762 jusqu'au, mois de novembre de 1763, où, la paix ayant été faite, M. Ayres fut envoyé ambassadeur à Madrid. Le marquis Tanucci fit instance auprès de don Ayres afin que Pagliarini restât à Naples. chargé d'affaires; mais le ministre ayant écrit sur ce point au comte d'Oyeras, celui-ci lui répondit que le roi désirait connaître Pagliarini, et qu'il devait le conduire avec lui à Lisbonne. Pagliarini partit avec M. Ayres, et alla à Turin, où il fut reçu avec une bonté toute spéciale par le roi de Sardaigne et par le duc de Savoie, dont il était bien connu, parcequ'il avait été à cette cour en 1755, et qu'il avait été comblé de bienfaits par ce souverain même pendant le temps de

sa détention. Il arriva à Lisbonne le 15 mars 1764, et fut reçu avec beaucoup de bonté par le comte d'Oyeras, et habita dans la maison de M. Ayres de Sà plus d'une année, fréquentant toujours l'hôtel du ministre et la cour. Après le départ de M. Ayres pour Madrid, Pagliarini passa dans la maison de don François d'Almada, et quand cet ambassadeur fut renvoyé à Rome, par ordre du Roi une habitation commode fut donnée à Pagliarini dans le collége des nobles, dont il dut soigner la bibliothèque, et où il resta jusqu'à ce que l'administration en passa à la Mera censoria. Pagliarini alors eut son logement dans l'imprimerie royale. Outre les services rendus à Rome par Pagliarini à la couronne de Portugal, comme en font foi les pièces et les dépositions faites à l'occasion de son procès, et qui lui apportèrent de si grands dommages dans sa personne et dans ses intérêts, aussitôt arrivé à Lisbonne, il fut employé par le comte d'Oyeras à mettre en ordre sa bibliothèque et son cabinet, et resta dans sa maison quelques mois.

« Il fut chargé d'imprimer la Déduction chronologique en trois tomes in-4°; il dut choisir l'imprimeur, et même par ordre du ministre il traduisit en italien le même ouvrage, qui fut également imprimé en cinq tomes in-8°.

« Il fit par ordre de sa Majesté deux fois le plan d'un établissement pour l'imprimerie royale. Le projet fut exécuté; l'imprimeur et le substitut furent choisis selon son désir, et l'établissement fut formé tel qu'il existe aujourd'hui. Il en fut déclaré directeur général, avec deux mille crociati de paie annuelle, maison, et deux copies de chaque livre qui était imprimé.

<«< Lorsque la paix fut conclue avec Rome, en 1770, Pagliarini continua à être employé par le ministre pour traiter avec les nonces du pape, comme en font foi les faits arrivés à cette époque.

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