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à l'Institut de saint Ignace; nous lui sommes attachés par des vœux. Nous ne nous laisserons arracher de nos Maisons que par la violence ou par un ordre formel du Pape, seul dépositaire ici-bas de l'autorité de JésusChrist. » Ils demandaient que le Cardinal produisît le Bref dont il arguait. Le Père Recteur Belgrado fait la même prière. Malvezzi lui répond en ordonnant de le jeter dans un cachot. Les jeunes Religieux persistaient dans leur résolution; Malvezzi les prive des Sacrements.. Il s'obstine à vouloir qu'ils se dépouillent de l'habit de la Compagnie, Les Scolastiques restent inébranlables. Des soldats aux ordres du Cardinal déchirent cet habit sur leurs épaules. Après les avoir revêtus d'un costume laïque, ils les contraignent à prendre la route de leur patrie. Ce système de persécution, dont Malvezzi a l'initiative, se développe à Ravenne, à Ferrare, à Modène et à Macerata. Le peuple s'irritait d'une pareille tyrannie; le Cardinal de Bologne a prévu ce mécontentement; il n'en poursuit pas moins son œuvre, et, le 7 avril, il écrit au Pape qu'il a suspendu les Jésuites de quelques fonctions sacerdotales seulement «parceque, ajoute-t-il, si je les eusse suspendus de toutes, on aurait pu découvrir ce que Sa Sainteté veut encore tenir caché. >>

Macedonio était le complice salarié des ambassadeurs et de Malvezzi. Ce dernier, dans une lettre du 10 avril 1773, est plus explicite, s'il est possible, avec lui qu'avec Clément XIV. Il s'exprime ainsi : « Je déclarai, dans une autre occasion, à Sa Sainteté, et je lui répète dans la lettre ci-incluse, qu'on ne peut procéder avec ces Religieux par la voie d'examen dans la discipline, dans la morale, que sais-je encore? Les recherches non seulement seraient vaines, mais elles démontreraient que nous n'avons pas dans nos mains d'armes suffisantes et révélant quelque chose d'essentiel. Elles seraient un triomphe pour les amis de l'Ordre. Soyez persuadé que la route

dans laquelle je me suis engagé est la meilleure; il faut poursuivre l'exécution de telle manière que l'on ne soupçonne pas le grand dessein. >>

La lettre ci-incluse à laquelle Malvezzi fait allusion, la voici. C'est la plus éclatante justification que jamais magistrat prévaricateur ait prononcée sur des accusés qu'il va condamner. En présence de pareils documents. émanés d'un prince de l'Église et reçus par un Souverain Pontife dont le cœur n'a pas bondi d'une sainte colère en les lisant, il n'y a plus qu'à baisser la tête et à humilier sa raison sous le poids de tant d'iniquités. Le 10 avril, Malvezzi s'exprime en ces termes : « Il semble, comme me le témoigne monsignor Macedonio, que Votre Sainteté désirerait avoir quelque détail de désordres intérieurs dans le gouvernement, la discipline, les études et la morale des Jésuites. Mais comme il sera plus facile d'obtenir cette connaissance lorsqu'on aura dissous une Société d'hommes qui se lient entre eux par le secret le plus impénétrable, je me rendrais ridicule en recherchant ces faits actuellement, et d'ailleurs, ne découvrant rien d'important, je fournirais l'occasion d'un triomphe aux amis des Jésuites, qui proclameraient comme une injustice toute sentence contraire à ces derniers... Je sais que Votre Sainteté a décidé qu'au moment de publier la nouvelle il fallait informer les Présidents et les Légats, ne fiat tumultus in populo. Sans qu'il soit nécessaire que Votre Sainteté s'exprime sur le point de la suppression, il suffit qu'elle dise qu'elle veut donner une règle nouvelle à la Société. Votre Sainteté sait que nous avons ici le vice-légat Buoncompagni, et Caroni, auditeur del Torrone (1). Je crois le premier trop atta

(1) L'auditeur del Torrone était le président du tribunal criminel du cardinal légat à Bologne. Ce tribunal tirait son nom d'une tour attenante au palais apostolique, tour batie au temps de Sixte-Quint et que le cardinal Bernetti fit détruire.

ché au Saint-Siége et le second si honnête que leur affection pour les Jésuites leur ferait oublier leur devoir; et d'ailleurs l'on ne pourrait se servir d'eux sans encourir leur blâme. >>

Il est avéré par le cardinal Malvezzi lui-même, épanchant ses déceptions dans le sein de Clément XIV, qu'il faut tuer la Compagnie de Jésus, et qu'après on instruira le procès de ses membres s'il y a lieu. Buoncompagni est trop attaché Siége Apotolique, Caroni est trop honnête pour assister de sang-froid à une pareille prostitution de la conscience. Il faut que la force armée intervienne, car le juste va être frappé, et, comme dans la Passion de Jésus-Christ, on ne veut pas que la voix du peuple proteste en faveur de l'innocence. Le Caïphe de Bologne avait tout prévu; tout, excepté qu'un jour viendrait où un prêtre, Italien réfugié, aurait l'audace que lui, Cardinal, ne s'est pas sentie, et que ce prêtre oserait dire que les Jésuites furent justement mis à mort, meritamente morti (1). Vincent Gioberti efface Vincent Malvezzi, qui, le 29 mai 1773, s'applaudit avec Macedonio de son astuce. «Heureusement, lui écrit-il, je n'ai pas même montré le premier bref dans lequel se rencontraient talia et talia, que j'ai omises, et, n'ayant pas agi selon les règles de l'Institut des Jésuites en faisant ces omissions, ils auraient prétendu que j'avais reconnu leur innocence, et peu s'en eût fallu qu'on ne les eût tous canonisés; puis si j'en étais venu à l'exécution, on m’aurait chargé d'un anathème éternel. >>

La ville et le Sénat de Bologne, ce peuple, dont Malvezzi avait tâché d'étouffer la voix, portait enfin sa plainte aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ. Deux mémoires lui furent adressés; ils réclamaient contre les actes du Cardinal; le Pape les lut, et il fit mander par Macedonio «< qu'il lui renvoyait ces papiers inutiles.» Malgré la puis(1) Proleg. del Primato, p. 125.

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