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Ce n'est qu'après que l'arrestation lui avoit été annoncée, et qu'il étoit en effet dejà prisonnier du ministre requérant, qu'il leva tardivement le masque, et voulût passer, tout d'un coup, pour un officier Français, sans néanmoins en donner la moindre preuve.

Il est presqu'inutile d'observer, que si, par des explications aussi tardives, et aussi insuffisantes, des hommes pouvoient échapper aux arrêts, il n'y auroit plus personne, qui, en changeant de nom et de qualité, ne cherchât à se soustraire aux plus justes et légitimes arrestations.

La légation Française ne tarda pas à les réclamer comme officiers brevetés de la République. Le ministre n'a jamais jugé à propos de confier ces brevets à nous-mêmes, et ne nous en a pas seulement donné les copies. Il auroit été cependant, évidemment d'une grande utilité, de nous fournir les moyens de pouvoir documenter et vérifier, tout de suite, au Gouvernement Britannique, leur véritable rapport actuel avec la république. En régardant peut-être comme une prérogative de son poste de pouvoir exiger une croyance implicite, dans ces affirmations officielles, le ministre devoit au moins se rappeler, que par là, il justifiait les mêmes prétensions du ministre Britannique.

Celui-ci les avait déclarés officiellement sujets du Roi de la Grande Bretagne. Il l'avoit même dit le premier et le soutenoit, Il avoit indiqué officiellement les noms sous lesquels ils s'étoient faits arrêter eux-mêmes. Sur Jones on avoit trouvé l'épée aux armes Britanniques. Nous étoit-il permis, après des circonstances de cette force, de refuser équitablement toute croyance aux déclarations officielles du ministre Britannique, et de n'en accorder qu'à celles du ministre de la République ? Le ministre de l'Angleterre, instruit de l'opposition de celui de la République, en demanda l'extradition avec plus de véhémence, en y joignant les plus violentes menaces, et nous faisant craindre le plus vif ressentiment de la part de son Governement.

Des diplomates estimés soutenoient que tous ces faits, et plusieurs exemples dans l'histoire, militaient fortement pour les réclamations du Gouvernement Britannique.

Parmi les exemples, on s'appuyait surtout de celui de l'arrestation du fameux Trenk, qui, quoiqu'au service de la Russie, avoit été arrêté à Dantzic, à la requisition du ministre de Prusse, et remis en son pouvoir, comme sujet Prussien.

Résistant à-la fois aux menaces de l'Angleterre et à toute la force de ces argumens plausibles, nous crûmes ne pas nous conduire d'une manière plus satisfaisante pour le Gouvernement de la République, qu'en confiant la décision de cette affaire délicate à uu Prince, qui, lié à la République par un traité de paix et d'amitié, avait avec nous un même puissant intérêt, pour observer et maintenir les principes d'une stricte neutralité.

Ces motifs nous porterent à mettre cette affaire à la décision du Roi de Prusse, en sa qualité de premier prince directeur du

cercle de la Basse-Saxe, et de garant de la neutralité du Nord de l'Allemagne, et au prince co-directeur du cercle.

Il ne nous appartient pas, citoyens consuls, d'analiser les motifs Vous savez que qui ont empêché le Roi de ne pas la décider. malgré nos instantes sollicitations, le Roi la laissa toujours indécise.

L'Empereur de Russie, enfin, s'en mêla; il ne s'en tint pas à de vaines menaces. Pendant plusieurs mois qu'a duré notre résistance inutile, il nous fallut supporter le poids des plus sévères hostilités, de la part de la Russie; ses escadres, dominant dans la mer du Nord et devant l'embouchure de l'Elbe, nous enlevoient nos vaisseaux. Des avis, aussi alarmans que dignes de foi, nous faisoient même craindre, sinon une occupation effective de la part des troupes Russes, au moins leur débarquement certain dans nos environs, et leur apparition devant nos portes comme ennemis. Cependant, au milieu de ces inquiétudes, qui devoient nous faire regarder notre résistance comme absolument gratuite, et appréhender qu'en même nous exposant, nous ne réussirions pas à sauver les prisonniers, et à pouvoir satisfaire le Gouvernement François en ce point, rien ne fût oublié pour obtenir au moins de pouvoir garder les prisonniers jusqu'à la paix. Nous implorámes les interventions de presque toutes les Puissances, mais tous les efforts étoient vains.

Le Roi de Prusse déclara enfin ne pas vouloir prononcer dans cette affaire. Ce refus inattendu d'un si grand et puissant Gouvernement, après un si long et profond silence, et à cette époque, étoit bien fait pour augmenter et justifier nos allarmes et ouvrir nos yeux sur les dangers d'une plus longue résistance.

L'Empereur, chef de l'empire, se joignit en même temps aux demandes de ses alliés, et ne nous demanda pas que notre résistance devoit finir, à moins que nous ne voulussions nous y voir forcés au nom des lois constitutionelles de l'empire.

Malgré toutes ces insiuuations comminatoires, nous nous per mimes cependant une dernière tentative, en nous offrant de solliciter auprès du Gouvernement de la République, pour que ces prisonniers fussent échangés contre quelques autres prisonniers de marque, faits sur les Puissances coalisées. Mais cette tentative n'eût pas plus de suite que tout ce que nous avions fait jusqu'à présent.

Nous ne nous en sommes pourtant pas laissé rébuter, et venons de renouveler, ces jours-ci, nos plus instantes sollicitations auprès du Gouvernement Britannique pour adoucir le sort de ces prisonniers.

Voilà les faits véritables de ces malheureux événemens. Si vous les considérez sans prévention, citoyens consuls, et réfléchissez équitablement sur les ménagemens que nous impose notre vous convaincrez situation délicate et fortement exposée, vous aisément qu'il etoit d'une impossibilité absolue de persister, après un an d'efforts inutiles, dans une plus longue résistance.

Notre ruine et anéantissement entier en auroient été la suite inévitable et même bien gratuitement, comme nous l'avons démontré. Le seul moyen qui nous restoit pour nous y soustraire, étoit celui de se confier dans la générosité Française.

Vous justifierez, Citoyens Consuls, comme nous osons nous en flatter, par le retour de votre amitié et de votre bienveillance, cette confiance que la sévérité peu méritée du Directoire n'a même pu entièrement effacer dans nos ames, et nous espérons qu'après avoir dans votre sagesse, tout mûrement pesé, vous ne balancerez plus à faire cesser les mesures séveres que le Directoire a pris et ordonné contre cette ville.

Recevez en même temps l'hommage de notre profond respect. Donné sous le sceau ordinaire de notre ville; ce 16 Décembre 1799.

Bourguemestres et Sénat de la ville libre et impériale d'Ham

bourg.

T. A. WAGNER,
Licencié et Premier Président.

Bonaparte, Premier Consul de la République, aur Bourguemestres et Sénat de la ville libre et impériale de Hambourg. Du 9 Nivôse, an 8.

Nous avons reçu votre lettre, Messieurs, elle ne vous justifie pas. Le courage et les vertus conservent les Etats: la lâcheté et les vices les ruinent.

Vous avez violé l'hospitalité. Cela ne fût pas arrivé parmi les hordes les plus barbares du désert. Vos concitoyens vous le reprocheront à jamais.

Les deux infortunés que vous avez livrés meurent illustres: mais leur sang fera plus de mal à leurs persécuteurs, que n'auroit pu le faire une armée.

1800.]

Le Premier Consul, (Signé) Bonaparte.
Par le Premier Consul.

Le Secrétaire d'Etat, (Signé) H. B. MARET.

(Moniteur, No. 116.)

Le Ministre de Relations Extérieures de la République Françoise, au Lord Grenville, Ministre des Affaires Etrangeres. Paris, le 5 Nivóse, an 8 de la République.

Mylord,

J'expédie, par l'ordre du Général Bonaparte, Premier Consul de la République Françoise, un courier à Londres. Il est porteur d'une lettre du Premier Consul de la République, pour Sa Majesté le Roi d'Angleterre. Je vous prie de donner les ordres nécessaires pour qu'il puisse vous la remettre sans intermédiaire. Cette démarche annonce d'elle-même l'importance de son objet. Recevez, Mylord, l'assurance de ma plus haute considération. CH. MAU. TALLEYRAND.

D

République Françoise.-Souveraineté du Peuple.-Liberté.— Egalité.

Bonaparte, Premier Consul de la République, à Sa Majesté le Roi de la Grande-Bretagne et d'Irlande. Paris, le 5 Nivóse, an 8 de la république.

Appelé, par le vœu de la nation Française, à occuper la premiere magistrature de la République, je crois convenable en entrant en charge,. d'en faire directement part à Votre Majesté.

La guerre qui, depuis huit ans, ravage les quatre parties du monde, doit-elle être éternelle? N'est-il donc aucun moyen de s'entendre ?

Comment les deux nations les plus éclairées de l'Europe, puissantes et fortes plus que ne l'exigent leur sûreté et leur indépendance, peuvent-elles sacrifier à des idées de vaine grandeur le bien du commerce, la prospérité intérieure, le bonheur des familles? Comment ne sentent-elles pas que la paix est le premier des besoins, comme la premiere des gloires?

Ces sentimens ne peuvent pas être étrangers au cœur de Votre Majesté qui gouverne une nation libre, et dans le seul but de la rendre heureuse.

Votre Majesté ne verra dans celte ouverture que mon désir sincere de contribuer efficacement, pour la seconde fois, à la pacification générale, par une démarche prompte, toute de confiance, et dégagée de ces formes, qui, nécessaires peut-être pour déguiser la dépendance des états faibles, ne décelent dans les états forts que le désir mutuel de se tromper.

La France, l'Angleterre, par l'abus de leurs forces, peuvent long-temps encore, pour le malheur de tous les peuples, en retarder l'épuisement; mais j'ose le dire, le sort de toutes les nations civilisées est attaché à la fin d'une guerre qui embrâse le monde entier.

De votre Majesté,

BONAPARTE.

Réponse du Lord Grenville, au Ministre des Relations Extérieures, à Paris.

Monsieur,

Londres, Downing-Street, 4 Janvier, 1800.

J'aireçu et remis sous les yeux de S. M. les deux lettres que vous m'avez adressées. Sa Majesté ne voyant point de raison pour se départir des formes depuis long-temps établies en Europe, au sujet des affaires qui se transigent entre les Etats, m'a ordonné de vous rendre, en son nom, la réponse officielle, qui se trouve incluse dans cette Note.

J'ai l'honneur d'être; avec une haute considération, Monsieur, votre très-humble et trè-obéissant serviteur,

GRENVILLE.

Note au Ministre des Relations Extérieures, à Paris.

Downing Street, 4 Janvier, 1800.

La Roi a donné des preuves fréquentes de son désir sincere pour le rétablissement d'une tranquillité sûre et permanente en Europe. Il n'est, ni n'a été engagé dans aucune contestation pour une vaine et fausse gloire. Il n'a eu d'autres vues que celles de maintenir, coutre toute aggression, les droits et le bonheur de ses sujets. C'est pour ces objets que, jusqu'ici, il a lutté contre une attaque non-provoquée; c'est pour les mêmes objets qu'il est forcé de lutter encore; et il ne sauroit espérer, dans le moment actuel, qu'il pût écarter cette nécessité, en négociant avec ceux qu'une révolution nouvelle a si récemment investis du pouvoir en France. En effet, il ne peut résuiter d'une telle négociation aucun avantage réel, pour ce grand objet si désirable d'une paix générale, jusqu'à ce qu'il paroisse distinctement qu'elles ont cesse d'agir, ces causes qui, originairement, ont produit la guerre, qui en ont depuis prolongé la durée, et qui, plus d'une fois, en out renonvellé les effets.

Ce même systême, dont la France accuse à juste titre l'influence dominante, comme la cause de ses malheurs présens, est aussi celui qui a enveloppé le reste de l'Europe dans une guerre longue et destructive, et d'une nature inconnue, depuis bien des années, aux usages des nations civilisées. C'est pour étendre ce systême, et exterminer tous les gouvernemens établis, que, d'année en année, les ressources de la France ont été prodiguées et épuisées au milieu même d'une détresse sans exemple.

A cet esprit de destruction qui ne savait rien distinguer, on a sacrifié les Pays-Bas, les Provinces-Unies et les Cantons Suisses, ces anciens amis et alliés de sa majesté.

L'Allemagne a été ravagée; l'Italie, maintenant arrachée à ses envahisseurs, a été le théâtre de rapine et d'anarchie sans bornes. Sa Majesté s'est vue elle-même dans la nécessité de soutenir une lutte difficile et onéreuse, pour garantir l'indépendance et l'exiştence de ses royaumes.

Et ces calamités ne se sont pas bornées à l'Europe seule; elles se sont étendues aux parties les plus reculées du monde, et même jusqu'à des pays si éloignés de la contestation présente, tant par leur sitnation que pas leurs intérêts, que l'existence même de la guerre était peut-être inconnue à ceux qui se sont trouvés subitement enveloppés dans toutes ces horreurs.

des

Tant que dominera un système pareil, et que le sang et les trésors d'une nation populeuse et puissante peuvent être prodigués pour soutenir ce système, l'expérience a démontré qu'on ne pouvait s'en garantir efficacement d'aucune autre maniere que par hostilités ouvertes et fermes. Les traités les plus solennels n'ont fait que préparer la voie à de nouvelles aggressions. C'est uniquement à une résistance déterminée que l'on doit aujourd'hui la

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