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dans les administrations de l'ancien régime. Cependant on peut dire, en laissant les détails de côté, que :

1° Ormesson avait les impôts directs et l'intendance militaire; 2o Moreau de Beaumont, les eaux et forêts et les domaines;

3o Trudaine, les fermes, les ponts et chaussées, le commerce et l'industrie;

4° Boullongne, l'assistance publique, les hypothèques, les gages des magistrats, les finances des villes;

5o Amelot, l'administration des droits relatifs aux offices; 6° Boutin, l'enregistrement et les aides.

Chaque intendant était ainsi une sorte de chef de division. Des chefs de bureau placés sous leurs ordres dirigeaient les divers services compris dans chaque division. Mais chaque division était isolée, suivant le domicile de chaque intendant, l'une rue Saint-Honoré, l'autre rue Saint-Antoine ou rue de l'Université. Les chefs de bureau eux-mêmes avaient presque tous leur bureau à domicile, ce qui ajoutait encore à la complication et aux inconvénients de cette organisation. On voyait bien qu'elle n'avait pas été imaginée de toutes pièces, mais qu'elle était née, s'était développée au jour le jour, suivant le hasard des circonstances. Boullongne seul avait tous ses bureaux réunis chez lui. Moreau de Beaumont n'en avait que la moitié. Les autres intendants se contentaient d'avoir chez eux un secrétaire et un seul employé.

Ces détails ne sont point inutiles. Ils nous permettent d'apprécier l'importance des auxiliaires dont Turgot était assisté au contrôle général.

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Outre les intendants des finances relevant à la fois du conseil royal des finances et du contrôleur général, il y avait des intendants du commerce, dépendant du conseil royal du commerce, et dont le contrôleur général était également le chef.

$1.- Boula de Quincy avait les généralités de Rouen, Caen et Alençon (Normandie), la Bretagne, les généralités d'Orléans, de Bourges, de Moulins et du Bourbonnais. Il y joignait « les manufactures de bas et autres objets de bonneterie ». C'était un doyen des maîtres des requêtes. Son inscription au tableau remontait à 1739.

$2.- Montaran père était aussi maître des requêtes; il l'était depuis 1743. Il avait été adjoint à son fils (1) en survivance. Il avait la généralité de Paris, à l'exception de la ville, le Roussillon, le Languedoc, la Provence, le Dauphiné, l'Auvergne, les généralités d'Auch, de Montauban, et le Béarn. Il y joignait «<les manufactures de toiles et toileries ».

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$3. Cotte, maître des requêtes depuis 1758, avait le Lyonnais, le Forez et le Beaujolais, la Bourgogne (duché et comté), la Bresse, les généralités de Limoges et de Tours, le Maine, le Poitou, les généralités de La Rochelle et de Bordeaux. Il y joignait « les manufactures de soie ».

$ 4.

Brochet de Saint-Prest, maître des requêtes depuis 1762, dont nous aurons à reparler, avait la généralité de Soissons, la Picardie et l'Artois, la Flandre, le Hainaut, la Champagne, les Trois Évêchés, la Lorraine et l'Alsace. Il y joignait « les papeteries et les tanneries >>.

Turgot le remercia et le remplaça par un de ses amis, l'économiste

(1) Montaran fils avait publié en 1762 un Mémoire sur les tarifs des droits de traites en général, et en particulier sur le nouveau projet de tarif unique et uniforme. Il s'y imontre bien instruit de la matière, mais très

attaché à la routine administrative. On a aux
Archives nationales un registre in-folio de
Renvois faits par M. le Contrôleur général à
M. de Montaran fils, intendant du commerce,
F. 2562.

Albert, qui était son secrétaire général. « M. d'Albert, dit Baudeau, qu'on avait renvoyé parce qu'il est honnête homme, vient d'être remist à sa place (1). »

$5. Vilevaut, maître des requêtes depuis 1759, avait «<les affaires concernant le commerce extérieur et maritime, et les affaires de l'intérieur qui y ont rapport ». Il fut également renvoyé et remplacé par Fargès, maître des requêtes honoraire, inscrit au tableau en 1756. C'était un ancien intendant de Bordeaux, « que l'abbé Terray avait tracassé au point qu'il l'avait obligé de quitter son intendance, plutôt que de se rendre l'instrument de ses vexations et de son despotisme ("). »

Turgot lui attribua les monnaies par une commission extraordinaire du conseil. Il le chargea également des « détails relatifs au commerce de l'Inde ». C'étaient, sous un autre nom, les mêmes attributions que celles de Vilevaut. Le reste du commerce extérieur appartenait de droit au ministre de la marine. Fargès n'eut pas tout d'abord le titre d'intendant du commerce, bien qu'il en exerçât les fonctions (3).

VI.

LES BUREAUX DU CONTRÔLEUR GÉNÉRAL.

Le contrôleur général avait ses bureaux particuliers situés rue Neuve-des-Petits-Champs, au palais Mazarin, aujourd'hui dépendance de la Bibliothèque nationale. Turgot y trouva à son arrivée, comme premier commis, Leclerc, personnage prodigue et fastueux, compromis sous Terray et dont le luxe insolent indignait le public, dit l'auteur des Mémoires sur Terray. Il lui fit écrire une lettre sèche et sévère pour lui signifier [son renvoi], et lui apprendre en même temps qu'il ne s'attendit point à avoir de pension; qu'il était trop riche, et l'État trop obéré. Il ôta également au fils l'espèce d'adjonction qu'il avait à la place de son père, et le regarda comme trop imbu des mauvaises maximes de celui-ci pour le conserver (*). »

Leclerc fut remplacé par De Vaines. C'était, on se rappelle, un ami de Turgot. Lié avec les philosophes et les économistes, il les recevait tous les mardis; il était de la société de Mlle de Lespinasse. << M. de Vaines, dit cette dernière à la date du 29 août, est nommé à la place de M. Leclerc; mais il n'en aura pas le faste: point de jeu, point de valet de chambre, point d'audience, en un mot la plus grande simplicité, c'est-à-dire au ton de M. Turgot (5). » Et plus tard: << Il a sacrifié son intérêt à son amitié pour M. Turgot et à son

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amour pour le bien public; en un mot il a été entraîné par le désir de concourir au bien, il a eu l'activité de la vertu (1). » L'abbé Baudeau enregistrant de son côté la nomination du nouveau premier commis l'appelle << un très habile et honnête homme » (2). Nous lisons enfin dans les Mémoires secrets dits de Bachaumont, à la date du 7 septembre : « M. de Vaines qui remplace M. Leclerc... ne l'imitera vraisemblablement pas dans son luxe. La philosophie dont il est sectateur le rendra traitable et modeste. Il est connu pour avoir travaillé à l'Encyclopédie, ce qui donne une grande idée de ses lumières et de sa sagesse... Tous ces choix (Turgot, d'Angivillers et de Vaines) annoncent que l'on rend justice à cette secte qu'on avait noircie dans l'esprit du feu roi, en la peignant sous les plus affreuses couleurs ("). »

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$1. De Vaines fut auprès de Turgot une sorte de sous-secrétaire d'Etat. Il dut s'occuper spécialement des fonds et dépenses du Trésor, de la caisse d'amortissement, de la liquidation des offices supprimés, de l'expédition des ordonnances de paiement, des fonds destinés aux dépenses de la guerre, de l'artillerie, de la marine, des colonies, des affaires étrangères, des troupes de la maison du roi, c'est-à-dire de presque tous les grands services publics. Il centralisa entre ses mains les états de situation de tous les comptes et fut chargé du contrôle du Trésor. Il avait d'ailleurs ses bureaux particuliers établis à l'hôtel du contrôle général, et dirigés par quatre commis. Un cinquième, chargé des pensions, gratifications, et de la correspondance des bureaux de Paris, résidait à Versailles.

$2. Un chef de bureau, Mesnard de Conichard, résidant à Versailles, resta en place. Il réglait les affaires de finances d'une partie des pays d'états. Il était chargé de tenir registre des affaires rapportées au conseil royal des finances, ainsi que des décisions. C'est pour cette raison qu'il résidait à Versailles, siége ordinaire de la cour et par conséquent du conseil.

$ 3. Broé conserva le bureau dit des dépêches, qui était établi à l'hôtel du contrôle général. Il ouvrait les lettres, requêtes, placets et mémoires, en renvoyait l'examen, soit aux intendants, soit aux chefs. des autres départements, expédiait les affaires instantes et du cabinet (traitées directement par le ministre), délivrait les passeports, les grâces, préparait les mémoires destinés au roi, enfin s'occupait de toutes les affaires qui n'avaient point de département fixe. Il est probable que c'est à ce bureau des dépêches que Morellet et Dupont de Nemours étaient attachés.

(1) Lettre de Mlle de Lespinasse à Guibert, 99 août 1774.

(2) Chr. sec.,

404.

(3) Mém. sec. Bach., IV, 240.

S4.- Dupuy avait le bureau des rentes établi à l'hôtel du contrôle général également. « Quoiqu'on ne se plaignît pas de lui, dit l'auteur des Mémoires sur Terray, ayant une tache originelle, étant parent de l'abbé Terray, [il] reçut un compliment plus honnête [que Leclerc], mais il fut obligé de se retirer (1). » Du bureau des rentes dépendaient, outre les rentes proprement dites, l'état des gages de la magistrature et de quelques autres officiers, ainsi que les affaires de la ville de Paris.

S5.Villiers assisté de son fils Villiers du Terrage, qui le secondait en qualité d'adjoint, avait à la fois un bureau à Paris et un bureau à la cour. C'était le même bureau cependant; l'existence de deux capitales, l'une réelle, siége de tous les grands services publics, Paris, l'autre, officielle, de création purement artificielle, Versailles, rendaient de tels doubles emplois souvent nécessaires. Villiers et son fils avaient dans leur ressort : le contentieux du conseil, les octrois et dettes des villes, la vérification des états des fermes, le visa des passeports, etc.

$6. Un sixième chef de bureau, Barbey, avait également deux domiciles, l'un à Versailles (2), l'autre à Paris. Il s'occupait de la signature et de l'expédition des arrêts, édits, déclarations, lettres patentes, états au vrai, rôles et ordonnances.

$7. Le nommé Destouches, dit l'auteur des Mémoires sur Terray (), ci-devant secrétaire général des fermes qu'il (l'abbé Terray) avait pris pour son factotum, pour le confident de ses secrets et le rédacteur de ses projets sinistres, ne tarda pas à partir. » Turgot lui donna pour successeur La Croix. Le bureau que celui-ci dirigea fut établi à l'hôtel du contrôle. Dans ses attributions étaient : les états servant à constater la population du royaume; l'administration financière de Lyon et Bordeaux; l'examen, la discussion et le rapport au ministre de tous les mémoires et projets relatifs à l'administration des finances.

VII. LES INTENDANTS.

Les Intendants étaient dans les provinces les représentants directs du contrôleur général, et comme des chefs de bureau détachés.

On parlait de grands changements dans le personnel des intendants. Dès le 11 septembre, Baudeau disait : « On attend force destitutions. d'intendants, et le public les désigne ('). » Et le 14: « Le public désigne beaucoup d'intendants qu'il dit devoir être renvoyés. La vérité, c'est qu'ils sont bien choisis, et s'ils ne sont pas renvoyés, ils méritent fort

(1) Mém. s. Terr., 232.

(2) A Versailles, mais non à la cour.

(3) Mém. sur Terr., 232.

(4) Chr. s c., 410.

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