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la liberté polonaise; car si le conseil permanent venait à s'établir... le roi de Pologne, à qui il ne serait pas difficile de gagner les membres qui le composent, pourra faire passer successivement à son gré l'augmentation des troupes, celle des revenus de la couronne, et en général tous les arrangements qui peuvent mener à la souveraineté. Ce ne sont point des imputations vagues que d'attribuer ce dessein au roi de Pologne d'aujourd'hui. Toute sa conduite depuis qu'il a été élevé sur le trône, est systématique à cet égard, et prouve ses intentions. On ne peut oublier encore les négociations formelles, qu'il a fait entamer à la cour de Sa Majesté l'impératrice... pour oser rechercher l'approbation de Sa Majesté impériale même pour le renversement des lois fondamentales de la république par la cassation de la pluralité aux diètes, et comment sous l'apparence d'une entière résignation aux volontés de cette cour impériale, il a su si bien manier par les intrigues de ses amis et de ses parents, qu'il a obtenu plus de revenus et plus de troupes à sa seule disposition, qu'aucun des rois ses prédécesseurs,... qu'il a obtenu, par l'établissement de deux commissions, la disposition de l'armée entière et celle des revenus de l'État... Comment enfin, contre les propres intérêts des Cours intéressées à la conservation de l'ancienne forme du gouvernement de Pologne, il a trouvé moyen de faire insérer, dans le décret de la dernière diète, cette clause double, qui confirme tout ce qu'on croyait avoir aboli. Si ces preuves de l'intention de ce prince ne suffisaient pas... son propre aveu, donné dans les deux discours qu'il a tenus le 12 octobre...

pourraient achever la conviction. Il ne s'y reconnaît pas obligé de gouverner la nation selon la forme de son gouvernement, il dit simplement, que sa maxime est de la rendre policée, heureuse et considérée. Il se plaint de ce qu'une nation, qu'il avoue lui-même être libre, a fait ce qu'il lui a plu... Il demande à être informé du contenu du créditif des envoyés de la confédération qui se trouvent présentement à Moscou, et de savoir les démarches qu'ils y ont faites auprès de Sa Majesté l'impératrice de Russie pour la garantie de l'affaire des dissidents et de la forme du gouvernement. Comme si c'était à un roi de Pologne de juger du degré de liberté de sa nation, comme si c'était à ce roi d'aujourd'hui... de demander à connaître l'étendue des liaisons, dans lesquelles l'impératrice de Russie a bien voulu entrer avec une partie de la nation... L'affaire paraissant donc devenir trèssérieuse et affectant les intérêts de la Prusse autant que ceux de la Russie, l'opinion de Sa Majesté le roi de Prusse est de redoubler en cette occasion de vigilance et d'activité pour contrecarrer les vues du roi de Pologne. Sa Majesté... a donné les mains à tout ce que Sa Majesté l'impératrice de Russie a exigé de lui dans l'affaire des dissidents... il se flatte que cette princesse viendra s'unir à lui pour s'opposer aux projets d'agrandissement, que le roi de Pologne paraît avoir formé de nouveau dans le moment présent, et dans lesquels il pourra aisément réussir, vu la supériorité des voix qu'il aura dans la députation établie actuellement pour régler les affaires de l'État... Comme l'intérêt constant de la Russie et de la Prusse demande de ne point voir sur le trône de

Pologne un prince souverain, cet intérêt devient d'autant plus fort et pressant à l'égard du roi de Pologne d'aujourd'hui. Les marques d'un oubli de reconnaissance qu'il a données aux puissances qui ont été la cause de son élévation,... les fréquents exemples qu'il a fournis de l'abus de la confiance que les Cours lui ont témoignée, le ressentiment qu'il doit conserver contre elles, d'avoir mis obstacle à ses dessins,... son penchant enfin et ses liaisons secrètes avec les cours de Vienne et de Versailles, sont des motifs puissants pour se persuader que, loin d'employer son pouvoir pour le système adopté par la Russie et par la Prusse, il ne fera que se lier aux puissances rivales... Il y a encore une autre considération trèsimportante à faire, c'est celle qu'un changement aussi essentiel dans la forme du gouvernement de Pologne, comme le serait la réussite de toutes les nouveautés proposées par le roi de Pologne, ne ferait que donner le plus grand ombrage à la Porte... La Porte ne s'est tranquillisée que sur l'assurance qu'il ne serait question que de la seule affaire des dissidents, mais elle ne manquera pas de se réveiller si elle craignait des entreprises tendant à altérer la constitution, et ne souffrirait certainement pas que le pouvoir arbitraire s'établit en Pologne... Par la conduite passée du roi de Pologne, il paraît encore bien douteux que ce prince soit sincèrement intentionné de soutenir l'affaire des dissidents... Il est plutôt croyable qu'il ne fait semblant de l'épauler dans le moment présent que pour se faire dans la suite un mérite auprès de la nation en l'abandonnant, et en rejetant tout l'odieux des démarches qui se sont faites en

conséquence sur les confédérés et sur la Russie qui les protège. Il est également à craindre que ce prince ne sache profiter tellement de l'indulgence qu'on a pour lui... pour lier si bien ses mesures, qu'il sera plus difficile alors qu'il le serait présentement de s'opposer à la réussite de ses desseins... Toutes les modifications telles qu'elles puissent être qui seraient accordées au roi de Pologne, moyennant lesquelles il gouvernerait son royaume sur des principes différents de l'ancienne constitution de la république, ne rassureraient pas le roi de Prusse contre l'idée qu'il ait le chemin ouvert au pouvoir absolu. En conséquence, il se flatte que Sa Majesté l'impératrice de Russie... voudra bien donner le plus tôt possible les ordres les plus précis à son ambassadeur à Varsovie, pour que, de concert avec son ministre là-bas, il ait à s'opposer à toute nouveauté dans la forme du gouvernement et nommément à l'établissement d'un conseil permanent, à la conservation des commissions de guerre et de trésorerie, au pouvoir du roi et à la concession illimitée du prince de pouvoir distribuer les charges selon sa seule volonté. »

Cherchant à voiler aux yeux du vulgaire ses desseins perfides contre toute une nation, Frédéric n'avait pas cessé un seul instant de s'occuper des dissidents. « Les dissidents de Pologne, avait-il écrit dans une note remise en avril 1764 à Saint-Pétersbourg, les dissidents de Pologne sollicitent sans cesse

Les confédérés de Radom s'étaient réunis pour détrôner le roi, et avaient élu pour leur chef le prince de Radziwill qui n'avait pas reconnu l'élection de Stanislas. (Rulhière, t. II, p. 384.)

Frédéric

cache ses projets ambitieux

contre la

Pologne sous la tolérance re

le voile de

ligieuse.

le roi de Prusse, et avec les plus vives instances de s'intéresser en leur faveur. Sa Majesté... engagée par la paix d'Olive aussi bien que par son dernier traité avec Sa Majesté l'impératrice de Russie, de ne pas regarder l'oppression de ces infortunés avec une entière indifférence, se sent très-portée à faire quelque chose en leur faveur. » L'impératrice ayant promis de recommander cette affaire au roi de Pologne, Frédéric insista dans un second mémoire en ces termes : « Les dissidents de Pologne sollicitent la protection de Sa Majesté l'impératrice de Russie pour recouvrer tous les droits et priviléges et prérogatives dont ils ont joui autrefois... afin, qu'à l'avenir ils puissent se trouver de niveau avec les autres polonais, leurs compatriotes catholiques... » L'impératrice s'associa à une demande qui devait avoir pour résultat de rendre toute liberté religieuse aux dissidents sans leur faire récupérer leurs droits civils et politiques. Son ambassadeur Repnine insista, dans la diète qui s'ouvrait, pour obtenir satisfaction; mais l'ambassadeur de Prusse qui poussait Repnine à user au besoin de la force pour réussir, ayant affirmé aux Polonais que son maître ne serait pas blessé de leur refus, la diète résista aux volontés du cabinet de Saint-Pétersbourg. Cet échec préparé par le roi de Prusse blessa l'impératrice Catherine et, lorsqu'à la diète de 1766, elle réitéra sa demande, elle insista d'après les conseils de Frédéric sur la restitution des droits civils et politiques des dissidents, tels qu'en auraient joui leurs ancêtres.

La duplicité du roi de Prusse ne pouvait échapper aux yeux des personnes qui suivaient à Varsovie les

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