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le pavé de Paris; les pépinières royales; les ports maritimes de commerce; les canaux et la navigation dans l'intérieur du royaume. » Le commerce, les manufactures. »

$4. Le département de Boullongne fut remanié. Plusieurs services en furent détachés. D'autres y furent maintenus ou ajoutés. Il resta fixé comme suit :

« La ferme des postes et messageries; les anciens dons gratuits (subventions votées par les pays d'états) et les droits réservés (droits perçus par les officiers des poids et mesures, monteurs, compteurs, visiteurs de bois, mesureurs de grains et farines, vendeurs de poissons, priseurs-vendeurs de meubles, auneurs de toiles et draps, etc.); la régie des greffes et des droits des hypothèques, qui comprend les quatre deniers pour livre du prix des ventes des meubles; les sols pour livre des octrois; les gages intermédiaires et les chancelleries (droits sur certains actes soumis à l'apposition des sceaux des chancelleries) non aliénées; la régie des droits réunis, qui comprend ceux sur les cuirs, sur l'amidon, sur la marque des fers, sur la marque d'or et d'argent, sur les inspecteurs aux boucheries, et ceux sur les suifs; la régie des droits de la Flandre maritime; l'exécution des édits, déclaration et règlements concernant le marc d'or (droit prélevé sur tous les offices à chaque changement de titulaire).

>> Les octrois et revenus des villes et communautés d'habitants et leurs dettes; les hôpitaux, hôtels-dieu et maisons de charité du royaume; la ferme des octrois municipaux; les sols pour livre régis par la ferme générale pour le compte du roi; les droits sur les papiers et cartons; le marc d'or; les ligues suisses (gratifications et pensions distribuées en Suisse aux catholiques partisans de la France); l'état des gages des gouverneurs municipaux; les parlements; les chambres des comptes; les bureaux des finances ('); la distribution des remèdes qui se fait par ordre du roi dans les provinces aux pauvres et malades. »

$5. Un cinquième intendant des finances était Cochin, conseiller d'état depuis 1767, cousin de Laverdy, administrateur peu capable et peu scrupuleux, si l'on en croit l'abbé Baudeau. << Le Cochin est une petite tête bourgeoise, à petits préjugés; il est faux et fiscal en diable, remuant et tracassant pour faire le bon valet (2). » Et plus loin: « Il est fils d'un avocat et petit-fils d'un marchand de draps; son cousin, ce pauvre sot de Laverdy, ne fut pas plus tôt contrôleur général qu'il le tira bien vite du Parlement où il était peu

(1) Il y avait un bureau des finances par généralité. C'étaient des tribunaux financiers appelés encore chambres des trésoriers généraux des finances, et qui connaissaient des états et comptes de finances relatifs aux réparations

des maisons royales, aux ponts et chaussées et ouvrages publics, aux lettres d'anoblissement, aux pensions concernant le domaine, à la répartition et levée des tailles, etc.

(2) Chr. sec., 409.

estimé, pour en faire tout de suite un intendant des finances où il n'entendait pas plus que mons Laverdy. Un joli péculat de ces petits bourgeois de la rue Saint-Denis, c'est que mons Cochin vendit sa charge au roi, qui la supprima. On en paya le prix, et par dessus le marché on fit une rente viagère au Cochin, et ensuite on lui donna la place d'intendant des finances par commission. Il y a fait force tripotages qui ont révolté contre lui (1). »

Turgot pensait probablement peu de bien de Cochin, car il le renvoya «< tout à plat » dit Baudeau (2); il supprima son département, d'ailleurs peu étendu, et forma d'attributions en grande partie nouvelles celui de son successeur, qui fut Amelot. Celui-ci devint en même temps conseiller d'État. C'était un protégé de Maurepas. Il avait une intelligence médiocre. Il fut plus tard ministre de la maison du roi, à la place de Malesherbes. Maurepas lui-même, après avoir obtenu cette nomination, disait de lui en 1776: « On ne prétendra pas que j'ai pris celui-là pour son esprit (3). ».

Son département, d'importance secondaire, comprit :

<< Les parties casuelles (les revenus casuels, c'est-à-dire éventuels, étaient composés : du centième denier des offices; des droits de mutation; du prix des offices courants); la suite de l'exécution de l'édit du mois de février 1771, concernant l'évaluation, le centième denier annuel, et les droits de survivance et de mutation des offices; celle des édits et déclarations portant création des offices de gouverneurs et lieutenants du roi des villes closes, des offices municipaux pour l'administration des revenus patrimoniaux des villes, et de ceux des offices du point d'honneur; la formation des rôles et fixation des finances desdits offices, de ceux nouvellement créés, et de ceux qui sont tombés vacants dans le casuel du roi; et toutes les affaires contentieuses relatives aux offices. »

$6. Le sixième intendant des finances était Foullon, conseiller d'État depuis 1771, ancien commissaire des guerres et ancienne créature de l'abbé Terray. Baudeau en dit le plus grand mal : « Le Foullon est sans conscience, sans entrailles et sans pudeur, un de ces hommes qui prennent toutes les formes et tous les principes, n'ayant d'autre but que leur intérêt. » Et ailleurs : « Foullon est né à Saumur, d'un petit bourgeois enrichi par le commerce. Il avait acheté une charge de commissaire des guerres. Comme il était aussi pécunieux, vif, intrigant, audacieux, il se fit employer en cette qualité dans les armées que le maréchal de Belle-Isle commandait en Italie pendant notre avant-dernière guerre. Le maréchal de Belle-Isle aimait les hommes entreprenants, décidés et aventuriers, parce qu'il

(1) Chr. sec.. 410.

(2) Id., 408.

(3) Cond. à Volt., 12 juin 1776. Il fut sans doute impose à Turgot par Maurepas.

l'était lui-même. Foullon lui plut à l'armée; il le poussa de son mieux. Le Choiseul, qui aimait les roués, se prit de belle passion pour celui-là, qu'il fit intendant de la guerre. A l'expulsion du Choiseul, l'abbé Terray mit le nez dans le département de la guerre pour y grapiller quelques millions. Le Foullon se vendit à lui pour une place d'intendant des finances, où il a fait maintes friponneries, ayant grande analogie avec l'âme féroce de l'abbé Terray (1). »

L'auteur des Mémoires concernant l'abbé Terray ménage aussi peu Foullon. << Depuis longtemps on détestait le sieur F[oullon], intendant des finances, dont la dureté était insupportable. Son âme de bronze sympathisait à merveille avec celle du ministre qui l'avait choisi pour son bras droit, pour son successeur, au cas où il aurait passé aux dignités auxquelles il aspirait (2).

Turgot força Foullon, qui exerçait par commission, de céder sa place à Boutin. Celui-ci, conseiller d'État depuis 1766, auparavant intendant des finances, par hérédité, après la mort de son beau-père Chauvelin, avait vraisemblablement quelque pratique des affaires, puisque dès 1769 nous le voyons chargé des rapports de l'État avec la Compagnie des Indes (3). Il fut remis en exercice par Turgot (*). Son département, relativement restreint, comprenait :

<< Les droits de contrôle des actes de notaires, insinuations et centième denier (droit sur les actes, tels que contrats de vente, baux, cessions de fonds avec fruits, et généralement tous actes translatifs et rétrocessifs de propriété, de biens immeubles ou rentes foncières) (5). Les droits de petit scel (pour l'expédition des actes de justice). Le contrôle des exploits. La formule (droit sur la vente des papiers timbrés). Les amortissements (droits payés par les main-mortables), francs-fiefs, nouveaux-acquéts et usages (droits perçus sur les roturiers acquéreurs ou possesseurs de terres nobles). Les aides et droits y joints. >>

On pense bien que tous ces changements n'eurent pas lieu sans faire beaucoup de mécontents. « Il y a de grandes rumeurs et fermentations de cour sur le renvoi du grand Foullon et du petit Cochin,» écrivait Baudeau le 10 septembre (").

En résumé, six intendants se partageaient l'administration des finances. Bien que Turgot eût essayé d'introduire de l'ordre dans leurs départements, la répartition des services était restée très arbitraire et très peu logique, car tout était confus et enchevêtré

(1) Chr. sec., 409-410.

(2) Mém. sur l'adm. fin. de l'abbé Terray, attribues, probablement à tort, à l'avocat Coquereau, 232.

Il communiqua à cette époque à l'abbé Morellet les états de la Compagnie des Indes, sur l'ordre de Maynon d'Invau (Morell., Mém., I,

172). Il essaya le premier un jardin anglais en France (Walp., lett. du 30 juillet 1771).

(4) Edit de sept. 1774 (Anc. l. fr., XXIII, 29). L'office de Boutin fut supprimé de nouveau

en 1777.

(5) Euv. de T. Ed. D., II, 409.
(6) Chr. ser., 409.

dans les administrations de l'ancien régime. Cependant on peut dire, en laissant les détails de côté, que :

1o Ormesson avait les impôts directs et l'intendance militaire; 2o Moreau de Beaumont, les eaux et forêts et les domaines;

3o Trudaine, les fermes, les ponts et chaussées, le commerce et l'industrie;

4° Boullongne, l'assistance publique, les hypothèques, les gages des magistrats, les finances des villes;

5o Amelot, l'administration des droits relatifs aux offices; 6° Boutin, l'enregistrement et les aides.

Chaque intendant était ainsi une sorte de chef de division. Des chefs de bureau placés sous leurs ordres dirigeaient les divers services compris dans chaque division. Mais chaque division était isolée, suivant le domicile de chaque intendant, l'une rue Saint-Honoré, l'autre rue Saint-Antoine ou rue de l'Université. Les chefs de bureau eux-mêmes avaient presque tous leur bureau à domicile, ce qui ajoutait encore à la complication et aux inconvénients de cette organisation. On voyait bien qu'elle n'avait pas été imaginée de toutes pièces, mais qu'elle était née, s'était développée au jour le jour, suivant le hasard des circonstances. Boullongne seul avait tous ses bureaux réunis chez lui. Moreau de Beaumont n'en avait que la moitié. Les autres intendants se contentaient d'avoir chez eux un secrétaire et un seul employé.

Ces détails ne sont point inutiles. Ils nous permettent d'apprécier l'importance des auxiliaires dont Turgot était assisté au contrôle général.

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Outre les intendants des finances relevant à la fois du conseil royal des finances et du contrôleur général, il y avait des intendants du commerce, dépendant du conseil royal du commerce, et dont le contrôleur général était également le chef.

$1.- Boula de Quincy avait les généralités de Rouen, Caen et Alençon (Normandie), la Bretagne, les généralités d'Orléans, de Bourges, de Moulins et du Bourbonnais. Il y joignait « les manufactures de bas et autres objets de bonneterie ». C'était un doyen des maîtres des requêtes. Son inscription au tableau remontait à 1739.

$2. Montaran père était aussi maître des requêtes; il l'était depuis 1743. Il avait été adjoint à son fils (1) en survivance. Il avait la généralité de Paris, à l'exception de la ville, le Roussillon, le Languedoc, la Provence, le Dauphiné, l'Auvergne, les généralités d'Auch, de Montauban, et le Béarn. Il y joignait « les manufactures de toiles et toileries ».

$3. Cotte, maître des requêtes depuis 1758, avait le Lyonnais, le Forez et le Beaujolais, la Bourgogne (duché et comté), la Bresse, les généralités de Limoges et de Tours, le Maine, le Poitou, les généralités de La Rochelle et de Bordeaux. Il y joignait « les manufactures de soie ».

$ 4. Brochet de Saint-Prest, maître des requêtes depuis 1762, dont nous aurons à reparler, avait la généralité de Soissons, la Picardie et l'Artois, la Flandre, le Hainaut, la Champagne, les Trois Évêchés, la Lorraine et l'Alsace. Il y joignait « les papeteries et les tanneries ».

Turgot le remercia et le remplaça par un de ses amis, l'économiste

(1) Montaran fils avait publié en 1762 un Mémoire sur les tarifs des droits de traites en géneral, et en particulier sur le nouveau projet de tarif unique et uniforme. Il s'y montre bien instruit de la matière, mais très

attaché à la routine administrative. On a aux
Archives nationales un registre in-folio de
Renvois faits par M. le Contrôleur général à
M. de Montaran fils, intendant du commerce,
F.2562.

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