» Pour » lui faire les actions de graces qu'il pouvoit at» tendre, comme ayant l'autorité en mains: alors >> continuant fon Difcours, il recommanda inf » tamment aux Beys les Francs ou Négocians Européens demeurant en Egypte, & il finit en » ordonnant d'emmener les quatre Otages, pour » les conduire avec lui à Conftantinople. La conf»ternation fut générale. Perfonne n'osa se hasar» der à faire la moindre représentation; les Otages » eux-mêmes rompirent le filence, en difant: Seigneur, nous fommes vos efclaves; mais que » deviendront nos malheureuses famil ́es ? » elles l'on a eu foin, répondit l'Amiral : Quant » a vous, vous pouvez auffi emmener avec vous un » cheval & deux Mamelucks pour votre fervice. "Ils partirent; mais lorsque la nouvelle arri» va qu'ils étoient déja à bord du vaisseau, Is» mail-Bey fe hafarda à intercéder pour Ajub» Bey, l'un des quatre Otages: fur fa prière, le » Capitan-Pacha le fit quérir; & en le remettant » à Ifmaïl, il prit celui-ci pour caution de fa » bonne garde. Aux trois autres Otages, il ac>> corda encore un cheval & un troifième Mame» luck. Enfin, pour dernier acte d'autorité, » il fit publier à fon de trompe, que quiconque » abandonneroit jamais le Caire, pour aller fe » joindre à Ibrahim ou à Murat-Bey, feroit con» fidéré par-là comme un féditieux & un rebelle, » & puni en conféquence, de la manière la plus " rigoureufe. Ce fut ainfi que le Divan se fépara, » & le Grand-Amiral quitta le Caire immédia»tement après. Le 7, il arriva à Rosette, où il » refta 3 jours; & le 11, il entra à Alexandrie, » d'où, après s'y être arrêté quelques peu de jours, » il appareilla avec toute fa flotte pour Conftan>> tinople. » L'on préfume que le départ de l'Em pereur aura lieu le 16 de ce mois. Les équipages du Feld-Maréchal Lafcy font en route. Voici quels étoient les derniers cantonnemens de l'armée appelée de Hongrie. : En deçà du Danube. 3 bataillons de Grenadiers à Neufaz. I 5 I 2 2 de campagne à Peter-Waradin. à Palanka, Glofan, Bukin, New- à Czernoirz, Bufek, Nefdin, Illock, 2 divifions de Chevaux-légers à Ruma, Irrek. 4 bataillons, dont 2 de Grenadiers, à Effek. à Rotfailu, Petrowits, Valpro. à Szolos, Racsfalu, Polman, Siklos. à Bellic, Darda, Gobacs. à Cinq-Eglifes, Hossa. à Mohacz, Scezo, Macz. à Dolua, Bans. 2 dans le Bannat. Les Huffards de Wurmfer à Igal, Croffiget, Selle. Les Cui affiers de Jaquemin à Kanifcha, Komorvarofch. Les Cuiraffiers de Kavangh à Nadard, Pataff. Les Dragons de Tofcane à Sixart, Simonthornia. Au-delà du Danube. 2 bataillons à Abatin, Brecheviz, Doroflor. 2 2 à Zambor. dans le Bannat. Les Cuiraffiers de Zeftcher à Olas, Kezel. Les Cuiraffiers de Czartoriski à Reze, Pancfowa. Les Cuiraffiers de Caramelli à Therefianopel & Kanischa. Les Cuiraffiers de Harrach à Kioz, Miklos. Un régiment de Dragons à Ketschkemet & Felegyhaz. Les Chevaux-légers de Modène à Korofch. Les Chevaux-légers de Lobkoviz à Jassu, Bereny. Les quartiers des 6 Lieutenans-généraux font à Peter-Waradin, Effek, Foldawr, Sixart, Baja & Ketfchkemet. Selon quelques avis reçus par le Commerce, les troupes Ottomanes nouvellement entrées à Jaffy fe font révoltées & ont pillé les magafins des Marchands, enlevé des femmes, maffacré des hommes & des enfans, & mis le feu à la ville; 40 maisons, felon ces rapports, font devenues la proie des flammes. On ne cite aucune date de cette révolte. D'autres lettres difent que le 24 novembre 8000 Turcs étant entrés à Jaffy, il s'étoit élevé une difpute entre les Saphis & les Janiffaires, & que dans ce combat il y avoit eu beaucoup de morts & de bleffés. Le Comte Antoine de Montfort, dernier mâle de cette ancienne famille, eft mort, le 3 décembre, à Tetnang fur le lac de Conftance, dans la 65. année de fon âge. La Maifon d'Autriche a fait, il y a quelques années, l'acquifition des Seigneuries de Montfort. ESPAGNE. De Madrid, le 21 Décembre 1787. Malgré les vives follicitations des Juifs, & quoiqu'il leur ait déja été défigné différens villages & plufieurs terrains pour leur établiffement dans ce Royaume, il eft encore indécis s'ils y feront admis, & jufqu'à préfent la balance des avis ne penche pas de leur côté. er La Junta réservée continue de tenir fes Séances à l'hôtel du Comte de Campomanes, Doyen, Gouverneur du Confeil. Il paffe pour certain qu'il fera établi de nouveaux impôts, à compter du 1. janvier prochain, & qu'il y aura des changemens effentiels dans le Militaire, ainfi que dans les différentes parties de l'Administration, malgré l'oppofition & l'avis contraire des Evêques & Archevêques. Il paroît une lettre écrite au Roi par l'Evêque d'Orence, Ville Epifcopale de la Galice, où il règne des maladies épidémiques depuis plufieurs années. Cette lettre mérite d'être connue; nous en donnerons quelques fragmens. SIRE, Depuis plufieurs années je renferme dans » mon cœur le chagrin que me caufe la ma» ladie, ou plutôt l'efpèce d'Epidémie qui ac» cable les vaffaux de Votre, Majefté, mes Pa»roiffiens; leur fouffrance eft fi désespérante, le » mal tellement infupportable, que, fi ma dou» leur laiffe quelque intervalle à ma raison, ce » n'est que pour me faire mieux appercevoir de leur efclavage, de l'affreuse misère qui redou » ble leurs maux, & pour me convaincre qu'ils » ne donnent des fignes de vie que par leurs lar » mes."> » L'amour du prochain & mes obligations de » Pasteur, me forcent à rompre le filence, pour fupplier V. M. de m'honorer de fon attention. » Il eft de la gloire des Souverains de prêter l'o>> reille aux représentations des Miniftres du Sci"gneur comme il eft de leur équité de foula»ger les malheureux, & de fatisfaire ainfi les » mouvemens de leur coeur paternel. Il n'eft pas » poffible, Sire, que la clémence de V. M. foit » inftruite des tourmens de fes peuples; moins » encore que vos grands & zélés Miniftres n'en » aient connoiffance; aucun d'eux n'auroit pu le » favoir fans faire ordonner le plus prompt re» mède. » » Ces vaffaux foulés fuccombent déja fous le poids » de leur charge; ils fe voient à la veille de per»dre à la fois ce qui leur refte de leurs chétives » poffeffions, & de leurs jours malheureux comp »tés par autant d'infertunes & de fouffrances. » Je fuis témoin de cette défolation. Je vois que » leurs immenbles confumés eu tout ou en plus grande partie pour payer les contributions da "jour, il ne leur refte pas même du fang pour » fatisfaire à celle du lendemain; mes greniers, |