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Jamais un Ouvrage de ce genre n'eut un fue cès plus brillant. Je n'ignore pas les reproches qu'on lui a faits depuis peu; mais fans vouloir examiner quelques points qu'il faut laiffer difcuter aux Savans, je dirai du moins, relativement au ftyle, qu'il n'y en a point de particulièrement affigné aux Voyages, non plus qu'au Roman non plus qu'à l'Hiftoire; que le ftyle de Clarifle n'eft point celui de Tom Jones; ni le ftyle de Cleveland, celui de Gil-blas; ni le ftyle de la nouvelle Héloïfe, celui du Sopha que parmi les Hiftoriens, il n'y a pas plus de rapport entre Hérodote & Tite - Live, qu'entre Thucydide & Sallufte, ou qu'entre Xénophon & Tacite : qu'enfin un Voyageur écrit & doit écrire, comme il a vu, avec chaleur, avec feu, avec enthoufiafme, fi la grandeur & la beauté des objets lui a fait éprouver des fenfations vives & profondes ; que c'eft à fon ame de peindre tout ce que fon ame a fenti; que fi une claffe nombreuse de Lecteurs ne veut apprendre de lui que l'existence, la pofition & la forme des chofes, les Loix les mœurs & les coutumes des hommes, il en eft peut-être une auffi nombreuse qui aime à puifer dans fes peintures les émotions qu'il a éprouvées lui-même, à l'afpect de ces grands & antiques monumens, de ce ciel nouveau pour lui, de cette terre féconde, de ces productions extraordinaires, & de ces peuples que nous nommons Barbares, chez qui fe confervent encore tant de traces des anciennes mœurs.

Quant à l'exactitude des faits, voici tout ce que j'en fais. Je me trouvai l'année dernière chez M. Savary, lorfqu'il reçut la vifite d'un Voyageur arrivant d'Egypte, qui lui rendit compte de la fenfation que fes Lettres y avoient produite, lorfqu'elles y furent apportées par un Négociant François. » Eh bien! dit M. Sayary, on me conHS

» tefte ici des faits & des détails fur lefquels vous » pouvez me rendre juftice. Je ne fais, répondit "le Voyageur, s'ils font regardés comme fabuleux à Paris; mais ils paffent pour très- vrais >> au Caire «<<.

M. Savary travailloit alors à fon Dictionnaire Arabe. La Grammaire qu'il devoit y joindre étoit finic. La féchereffe & la difficulté de ce travail loin de le rebuter, l'engageoient au contraire s'y livrer avec plus d'ardeur. » J'ai hâté, me di» foit-il un jour, d'être délivré de mon gros Livre, & de la Grèce. quitter l'Arabie pour

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Son voyage dans les Ifles de l'Archipel lui revenoit fans ceffe dans l'efprit. Il avoit bien pu par fagefle, s'interdire de feuilleter les Notes & les Lettres dont il devoit composer ce nouvel Ouvrage; mais il ne pouvoit de même défendre à fa mémoire de lui rappeler fouvent des lieux dont un féjour de près de deux années lui avoir laiffé de profonds fouvenirs.

Cependant fa fanté commençoit à s'altérer. L'obstruction du foie s'étoit formée. Ses amis ebtinrent de lui que, pendant le printemps, qu'il alloit paffer à la campagne, il feroit les remèdes néceflaires, & ce qui lui coutoit beaucoup davantage, qu'il s'abftiendroit de tout_travail. ***

A peine convalefcent, il fe donna tout entier à la rédaction de fon Voyage de Grèce. Ce fut, pendant l'été & l'automne, l'objet de tous fes foins & de toutes fes penfées. Une fanté robuste auroit à peine réfifté à une application auffi continue, & à la chaleur d'une compofition où fon imagination & fon ame avoient toujours part.

Ses incommodités revinrent avec l'hiver ; & malgré tous les fecours de l'Art, l'obftruction fut bientôt fuivie d'une hydropific déclarée.

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Il ne put revenir à Paris qu'au commencement de l'année. Son état étoit désespéré il le fentit bientôt lui-même; mais fon courage & fa férénité ne l'abandonnèrent point; il les a confervés jufqu'au dernier moment & il eft mort, pour ainfì dire, en donnant tous fes foins à l'impreffion de fes Lettres fur la Grèce.

Le premier Volume va paroître. A l'intérêt du fujet fe joindra celui d'une circonftance auffi touchante. On pourra le regarder comme le dernier chant du cygne.

Tous ceux qui ont connu ce Littérateur eftimable, rendent juftice à fes qualités morales, à l'amabilité de fon cominerce, à la bonté de fon sœur, à la sûreté de fon caractère.

Ennemi juré du manége & de l'intrigue, il n'exiftoit que pour les Lettres & l'amitié.

Un efprit délicat & cultivé, une gaîté douce & franche, une mémoire heureufe, une imagination riante, & l'heureux talent de raconter fans s'épuifer ni se répéter jamais, rendoient fa fociété auf amufante pour fes amis, que fon attachement leur étoit précieux.

Incapable de dénigrement & d'envie, il louoit tout ce qui étoit louable ; & quoique fenfible aux éloges, il n'étoit point ennemi des confeils.

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Fuyant par goût tout éclat, tout appareil, & pcu répandu dans le monde, mais ami plein de chaleur & d'égards, bon frère, excellent fils, enlevé dans la fleur de l'âge, il laiffe une mère, un frère & des amis inconfolables.

Je l'avois retrouvé depuis trop peu de temps, pour me flatter d'être de ces derniers; mais je l'avois aflez vu pour concevoir & partager tous leurs regrets.

J'ai l'honneur d'être, MONSIEUR,

Yorre très-humble & très-obéiffant ferviteur, GINGVENÉ.

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E Jeudi 13 de ce mois, M. D'AguesSEAU, Confeiller d'Etat, a été reçu à la place de M. le Marquis de PAULMY. On fait combien le nom que porte le Récipiendaire a de droits à la vénération publique. Il eft doux fans doute d'honorer le neveu d'un homme juftement célèbre; c'eft un hommage rendu au moins à fa mémoire, & cet hommage confole de celui qu'on ne peut lui rendre à lui-même.

Ce motif devoit naturellement amener l'affluence à la réception de M. D'AGUESSEAU; mais il a dû à la fageffe du ftyle & à la nobleffe des fentimens, les applaudiffemens qui ont été donnés à fon Difcours. On y a vu un bon esprit, & un bon Ecrivain. Ses voyages qu'il a rappelés, lui ont fourni un cadre heureux pour l'éloge de l'Académie qui l'adoptoit. Il a dignement loué dans fon Prédéceffeur l'Homme d'Etat & l'Homme de Lettres; il a excité d'autres fentimens, en rappelant à la Nation les généreux facrifices dont un Roi bienfaifant & une Reine fenfible viennent de don..er l'exemple à la Nation.

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M. Beauzée, en qualité de Directeur actuel, a répondu au Difcours du Récipiendaire; & l'on a applaudi aux éloges qu'il lui a adreffés. Il l'a invité à donner au Public un Manufcrit refté dans fes mains du célèbre Chancelier d'Agueffeau; c'étoit folliciter un bienfait envers le Public.

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M. Marmontel a terminé la Séance par un Poëme qu'il a confacré à l'action héroïque du Prince DE BRUNSWICK. Le Public y a vivement applaudi le double mérite des idées & des fentimens. Si un pareil Ouvrage avoit été envoyé la première année à l'Académie, elle n'auroit pas renvoyé le Prix à un nouveau Concours.

SPECTACLE S.

ACADÉMIE ROY. DE MUSIQUE.

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y a eu cette année feize Opéras envoyés au Concours des Prix fondés par le Roi en 1784, pour l'encouragement du Théatre Lyrique. Les Académiciens nommés pour l'examen des Ouvrages, ont déclaré que dans ce nombre ils n'en avoient trouvé aucun qui répondît aux vûes de l'Inftitution, & leur parût mériter un des Prix.

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