صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

qu'il auroit été prefqu'impoffible de fuivre ce procès, il y a quelques années, faute de documens; mais qu'aujourd'hui tous les événemens arrivés dans l'Inde font publiquement & généralement connus au Parlement & à la Nation, grace aux travaux zélés & à l'habileté de M. Burke, Oui, M., le génie fublime d'un fimple particulier a arraché le voile qui nous cachoit la vérité, & montré dans toute leur noirceur les crimes énormes & variés qui ont fouillé l'honneur du nom Anglois, & flétri le carafère national dans l'Inde. Réhabilitez la gloire de la Patrie; vengezla; détrompez des millions d'hommes fondés jufqu'ici à attribuer les fautes d'un feul à toute la Nation; en un mot, fi Warren Haftings eft coupable, qu'il foit puni, & que fon châtiment juftifie & abfolve les généreux Bretons. « Les yeux de » l'Europe entière font ouverts fur la » Chambre Haute, répéta plufieurs fois » M. Fox, qui effaya de convaincre les » Pairs qu'ils fe déshonoreroient s'ils ne » trouvoient pas le Prifonnier coupable. »

M. Grey fuivit M. Fox; & après avoir répété les affertions de fon Confrère, il ajouta :

«En vain M. Haftings avoit prétendu justifier fes exactions fur les principes de la féodalité. Sans doute, felon les loix féo

dales, le vaffal étoit obligé d'accompas gner fon fouverain à la guerre, & de lui. fournir des troupes; mais le tempsde ce fervice, & ce qu'il devoit.contribuer, étoient définis d'une manière claire & pré cife, & le fuzerain n'avoit point le droit d'écrâfer fon vaffal, & d'exiger de lui, arbitrairement, au-delà de fon contingent encore moins de le punir arbitrairement (1). »

»Entr'autres crimes reprochés au Rajah par M. Haftings, étoit celui d'avoir différé à payer les cinq lacks de roupies qu'on l'avoit fommé de fournir au-delà de fon tribut ordinaire, & d'avoir laiffé régner de grands défordres dans fes États. A la première accufation, le Rajah avoir ré

(1) Ce contingent, qu'il faut encore une fois diftinguer du tribut ordinaire ou de la rente que paye le Tenancier, n'avoit été réglé par aucun traité. Les circonftances & l'équité devoient feules en déterminer l'étendue. Il ne s'éleva dans le Cont feil de Bengale, où fiégeoit M. Francis, aucune objection fur la quotité de ce contingent militaire. Quant à l'amende par laquelle M. Haflings vou. loit punir la défobéiffance & le manque de fidelité reprochés à Cheyt-Sing, elle n'étoit pas plus arbitraire que les peines auxquelles il s'étoit foumis, au cas qu'il altérât la monnoie, lorfqu'on lui céda le privilége de la frapper. Le Souverain qui avoit le droit de le châtier pour cette prévarication, à plus forte raifon étoit autorifé à le faire pour le crime de félonje.

pondu

pondu que ce délai devoit être imputé au réfident Anglois (2). Quant à la feconde, elle étoit auffi fauffe qu'odieuse. La police la mieux réglée, l'administration la plus rigide, n'étoient pas toujours capables de prévenir les crimes des individus. Le Rajah avoit été auffi accufé d'avoir enfoui des tréfors immenfes. C'étoit, fans doute, une faute très-grave; elle avoit été la caufe du voyage de M. Hastings à Benarès: c'eft ce qui a produit les événemens extraordinaires & tragiques qui s'en font fuivis (3). »

(2) Il ne fit jamais une pareille réponse, & prétexta toujours fon impuiffance. Ce fut la veuve de Bulwant-Sing & le Rajah, fucceffeur de CheytSing, qui alléguèrent long-temps après que le délai de leur Miniftre à acquitter le tribut, devoit être attribué à M. Marckham, alors résident à Benarès,

(3) Remarquez bien qu'après avoir répété en cent pamphlets, dans les Communes, dans les articles d'impeachment, que le fubfide exigé de Cheyt-Sing étoit d'autant plus tortionnaire, que ce Rajah fe trouvoit hors d'état de l'acquitter, on nous dit aujourd'hui qu'il poffédoit d'immenfes tréfors convoités par M. Haftungs. Si le Rajah jouiffoit d'une telle opulence, fa résistance à acquitter fapart du fubfide militaire, & le menfonge de fa prétendue pauvreté ne justifioient-ils pas le Loupçon de fa déloyauté? Si au contraire fes reffources étoient réellement épuisées, comment poffédoit-il des tréfors? Comment M. Haflings pouvoit-il fonger à dépouiller un homme, done No. 11. 15 Mars 1788. f

« Arrivé à Benarès, M. Haftings avoit fait arrêter le Rajah de la manière la plus ignominieufe (4),dit M. Grey,& Cheit-Sing n'avoit répondu à ces outrages qu'en s'humiliant devant fon implacable ennemi; qu'en lui faifant présenter les remontrances les plus refpe&ueufes; qu'en lui écrivant, » qu'il étoit fon efclave, qu'il pou» voit faire de lui ce qu'il voudroit; mais » que s'il en vouloit à fa vie, il le fup» plioit de ne pas le livrer à d'autres mains » qu'aux fiennes. » Les fréquentes remontrances du Rajah ayant été fans effet, une troupe tumultueufe de fes fujets avoit paffé la rivière aux environs de Ramnagur, & fondant à l'improviste. fur les Anglois qui gardoient le Rajah, les avoit maffacrés, & avoit délivré le prifonnier. M. Haftings devoit répondre de ce carnage. Celui qui femoit, devoit néceffairement être regardé comme l'auteur. de la récolte. L'oppreffion produisoit naturellement la réfiftance; & lorfque cette réfiftance entraînoit des fuites funeftes.

on n'auroit

S

pu tirer, annuellement 5 lacks de rou pies? Chaque ligne de ces harangues préfente de pareilles contradictions.

(4) Faux, absolument faux. Il fut arrêté fans violences perfonnelles, fans menaces, fans danger pour fa vie. M. Haftings lui en donna l'affurance la plus pofitive.

C'étoit à l'oppreffeur qu'il falloit les imputer, &c. &c. (5). »

» M. Haftings s'étoit encore rendu coupable d'autres crimes, en faifant affiéger par le major Popham la fortereffe de Bedjeygur, où la femme & la mère du Rajah réfidoient, & en excitant la foldatefque au pillage & à la rapine. N'avoit-il pas écrit au major Popham: » que le meilleur » moyen de faire rendre la fortereffe à » difcrétion, étoit de rejeter toute offre de » négociation; qu'il craignoit que la Be» gum ne fruftrât les vainqueurs d'une » partie confidérable du butin, fi on la » laiffoit fe retirer fans la fouiller ; & qu'il feroit très-fâché que les officiers & les » foldats perdiffent la moindre partie de » la récompenfe qu'ils avoient fi juftement » méritée? « En conféquence la fortereffe s'étoit rendue; tout avoit été pillé; les princeffes avoient été entièrement dépouillées (6). Etoit-ce ainfi qu'Alexandre

»

(5) La fuite du procès éclaircira completement l'histoire défigurée de cette révolte.

(6) Quel récit! Comment fuppofer que ce foient-là les affertions d'un Membre des Communes d'Angleterre! M. Haflings agréa les propres articles de capitulation offerts par la mère du Rajah. Lorfqu'il apprit qu'à la retraite de cette femme & de fes gens, les Cipayes de la Compagnie avoient pillé les effets qu'elle emportoit, il étoit à plufieurs milles du fort; il écrivit au Major Popham de

« السابقةمتابعة »