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fent ; & de l'autre, l'extrême importance des vérités généralement ignorées, que l'Auteur y a mifes dans le plus grand jour

Dans ce Livre que nous annonçons l'Auteur part d'un fait lumineux pour éclairer enfuite un immenfe horizon, c'est-àdire, pour développer les principes, &, pour ainfi dire, la contexture de l'organiTation des fociétés civilifées, les vices que des circonstances particulières ont introduits parmi les Nations de l'Europe moderne, & les fâcheux effets qui en réfultent.

Le fait par où débute M. Smith, eft la prodigieufe multiplication d'Ouvrages, due à la perfection qu'acquierent les facultés productives du travail, par la division ou la diftribution du travail même, partagé convenablement entre les différens Ouvriers qui ont chacun leur tâche & concourent tous au même but. On voit ainfi, dès le premier Chapitre, la fource de toutes les Sciences, de tous les Arts & de tous les Métiers, & la caufe de cette variété prefque infinie d'occupations & de talens, qui met entre des hommes, nés avec d'égales difpofitions, une fi grande différence, que l'orgueilleux Financier a peine à reconnoître fon femblable dans un homme de la claffe du peuple, On y voit ce qui donne la fupériorité aux peuples civilifés fur les peuples barbares, & d'où vient celle des Nations plus civilifées fur celles qui le font moins. Mais pour décider une quel,

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tion où l'amour-propre de chacune a tant d'intérêt, il faut les comparer plutôt relativement à leurs Manufactures, qu'a leur Agriculture; car celle-ci n'étant pas fufceptible de la même féparation de tâches, il est tout fimple que les Nations les plus avancées & les plus opulentes l'emportent moins par ce côté que par l'autre.

L'Ouvrage eft divifé en cinq Livres. La fichelle d'une Nation confiftant dans l'abondance des chofes néceffaires, commo des, agréables, qu'elle fe procure annuellement par fon travail, on montre dans le Ter. comment le travail procure cette abondance, & comment elle fe répand jufque dans les derniers rangs du peuple.

Le travail étant toujours en proportion avec les fonds qui le mettent en mouvement, le Ile. Livre traite de la nature, de l'accumulation des fonds; & des diverfes quantités de travail qu'ils font agir fuivant les divers emplois qu'on en fait.

Le III., des circonftances qui ont déterminé machinalement la Politique de l'Europe à encourager l'application des fonds aux Arts, aux Manufactures & au Commerce, plutôt qu'à l'Agriculture.

Le IVe., des Systêmes d'économie politique, & de leur influence, non feulement fur les opinions des Savans, mais fur la conduite publique des Etats & des Princes.

Le Ve., qui traite du revenu du Souverain, des impôts, &c. et comme un ap

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pendice naturel aux quatre autres, où il eft question du revenu du grand corps du Peuple.

La voix prefque unánime de l'Angleterre pour placer cette Production de M. Sinith à côté de l'Esprit des Loix, malgré le peu de rapport des deux Ouvrages, & la réputation dont jouiffoit déjà l'Auteur par fa Théorie des Sentimens moraux, ne pouvoient qu'exciter le défir d'en voir une Traduction dans notre Langue. L'Auteur de la Vie de M. Turgot fut le premier qui témoigna publiquement ce défir. Il fait en peu de mots un bel éloge de ce Livre, en difant qu'il cft trop peu connu pour » le bonheur de l'Europe «. En effet, fi les lumières qu'on peut y puifer venoient à fe répandre & à changer l'opinion, les er reurs les plus fatales à l'humanité difparoitroient, & les hommes feroient gouver hés par les principes de juftice & de raifon, qui peuvent rendre moins malheu reufe notre existence."

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En 1778, il fe fit hors de France une Traduction de cet Ouvrage, qui, quoique destinée pour Paris, n'a pu ŷ parvenir, par l'empreffement des Etrangers à l'enlever. Deux ans après, une autre fut annoncée en Hollande, dont il n'y a eu ici qu'un petit nombre d'exemplaires. Cette dernière s'étant trouvée différente de la première, & plus foignée, c'eft d'après celle- ci conférée, conjointement avec celle de 1778, für

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l'original anglois, qu'a été faite l'Edition que nous annonçons. La fituation actuelle des efprits & des affaires dans ce Royaume, donne lieu d'efpérer qué cet important Ouvrage trouvera parmi nous des Lecteurs capables d'en profiter.

VARIÉTÉ S.

LETTRE au Rédacteur du Mercure.

MONSIEUR,

LES Lettres viennent de perdre M. SAVARY, mon compatriote, Auteur de la Traduction du Coran & des Lettres fur l'Egypte. Il eft mort Paris le 4 Février, d'une obftruction au foie, & d'une hydropifie qui en étoit la fuite, l'une & l'autre occafionnée par une vie trop sédentaire, & par un excès de travail.

M. Savary étoit né à Vitré en Bretagne. Il fit fes études au Collège de Rennes, où je fus pendant plufieurs années témoin de fes fuccès. J'en fortis avant lui. M. le Chevalier de Parny y étu dioit dans le même temps.

Ronnes offre peu de reffources à un jeune homme dont l'imagination cft active, fur tout quand cette activité fe porte du côté des Arts & des Lettres. M. Savary en fortit en 1775; & partit peu de temps après pour l'Egypte, où il féjourna près de trois ans.

Là cette ardeur inquiète qui jufqu'alors n'avoit été pour lui qu'un tourment, devint une paffion utile, qu'alimentèrent fans relâche l'étude de la. Langue Arabe, la recherche des Monumens antiques, & l'examen des Mœurs nationales.

Après avoir quitté l'Egypte, il fe rendit aux Ifles de l'Archipel, qu'il parcourut pendant plus de dix-huit mois. Ce temps fuffit à peine pour fatisfaire fon efprit observateur & fa curiofité

naturelle.

De retour en France en 1780, fes premiers momens furent confacrés à fa famille & à fes amis: Il vint enfuite à Paris, la tête remplie de projets de voyages, & du désir de les rendre utiles à fa Patrie.

Il propofa dans un Mémoire, de retourner en Egypte, & de remonter le long du Nil jufqu'à fa fource; dans un autre, de parcourir les Oafis & le Delta, pour rechercher d'anciens Manufcrits (projet dont il fait mention à la fin de fes Lettres fur l'Egypte ); dans un troisième, d'aller par terre jufqu'aux Indes, &c.

Enfin, dégoûté de plans & de propofitions inutiles, il réfolut de refter à Paris, ayant pour toute fortune un porte-feuille rempli des matériaux de plufieurs Ouvrages, & déformais pour toute ambition celle des fuccès littéraires.

L'un de ces Ouvrages étoit entièrement fini. Il en avoit même envoyé le Manufcrit à l'un de fes amis long-temps avant fon retour : c'est la Traduction du Coran. Il la revit avec foin, & la publia peu de temps après.

L'accueil que reçut cette première Production,. encouragea M. Savary à rédiger fon Voyage en Egypte. Il fit paroître en 1785 fon premier Volume, qui fut bientôt fuivi des deux autres.

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