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blé, & diverfes autres productions de la province, dont les droits des fermes du Roi, qui ne montoient dans les commencements des travaux de ce Port, qu'à 350 liv. par an, ont été portés au-delà de cinquante mille livres, & qu'il parot affuré qu'avant peu ils monteront au-delà de cent mille livres.

François-Jofeph-Paul, Comte de Graffe, Marquis de Graffe-Tilly, des Princes Souverains d'Antibes, Seigneur de Flinx, Mondreville, la Jennette, Preffonet, Jofaphat, Chambrier, & autres lieux, Lieutenant-général des armées navales, Commandeur de l'Ordre royal & militaire de Saint-Louis, eft mort, le 11 de ce mois, à Paris, dans fa 65°, année.

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François-Louis de Baroille, Chevalier, Seigneur de Nucourt en Vexin-François, Piémont & autres lieux, Brigadier des armées du Roi, Chevalier de l'Ordre royal & militaire de Saint-Louis, Colonel au Corps royal de l'Artillerie, & Directeur à Besançon, eft mort à Magny en Vexin, dans la 70°. année de fon âge, & fa 54°. de fervice dans l'Artillerie, étant entré dans le régiment Royal-Artillerie, le 10 décembre 1733.

Les Lettres ont perdu, le 24 de ce mois, M. Le Tourneur, Ecrivain non moins eftimable par fes qualités perfonnelles, que par fes Ouvrages. Né à Valognes en BaffeNormandie, il avoit débuté, jeune, dans le genre Oratoire, par des Difcours très intéreffans que couronnèrent les Académies auxquelles ils étoient adreffés. Ces victoires, qui souvent nuifent à la célébrité ainfi

qu'au talent des Triomphateurs, lorfqu'elles leur font facrifier, à la pourfuite de quelques Médailles, la véritable gloire que décerne le Public, ne portèrent aucune atteinte à la modeftie de M. Le Tourneur. Il lui eût été permis cependant de s'énorgueillir d'un fuccès mérité. Ces Difcours fe réimpriment, en ce moment, avec d'autres Opufcules, chez Le Roi, Libraire, rue St. Jacques. Le ftyle en eft plein d'harmo nie & de nobleffe: c'eft une lecture à recommander aux jeunes gens qui fe dévouent à l'Eloquence Académique, & même à tout genre d'Eloquence.

Une étude savante de la Langue & de la Littérature Angloifes, conduifit M. Le Tourneur à d'autres travaux. Le caractère de fon imagination & fa profonde fenfibilité décidèrent fon choix dans les traductions des Poëtes Anglois qu'il nous a fait connoître. Celle des Nuits d' Young eut un fuccès brillant & foutenu. Le Traducteur put à juste titre s'attribuer une grande partie de la réputation de cet Ouvrage, qu'il rendit en notre langue avec la force de l'original, avec le rhithme l'élévation & la tournure poétique dont la Profe eft fufceptible.Cet Ouvrage, qu'on devroit nommer une imitation, plutôt qu'une verfion d'Young, fit une espèce de révolution dans notre Littérature;

& l'on a vu, quelques années après, le genre fombre ajouté dans un Poème didactique digne de fa réputation, à ceux que les Auteurs de Rhétorique avoient clatlés, depuis Ariftote jufqu'à l'Abbé Le Batteux.

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La traduction des Poéfies Galliques, monument bien plus fingulier & bien plus original que les Nuits d'Young cupa enfuite M. Le Tourneur. Au même temps, il fe chargea de la redoutable entreprise d'une verfion complette de Shakespeare. M. Le Tourneur enrichit le premier volume d'un Difcours préliminaire, où il examina, en le célébrant, le caradère du Tragique Anglois & celui de fa Compofition Dramatique. Les idées nouvelles expofées dans ce Difcours, furent traitées par quelques Perfonnes, comme une affaire d'Etat : à ce déchaînement, dont M. Le Tourneur fut l'objet, on eûr dit qu'il s'agiffoit d'une querelle nationale. Celle-ci néanmoins se réduifoit à une difpute d'opinion fur la Tragédie; mais cette guerre d'un moment n'eft pas le premier, ni ne fera le dernier exemple de la delpotique intolérance qui furveille à l'introduction de toutes, nouveautés,

On doit à M, Le Tourneur plufieurs autres Traductions de l'Anglois. Les Dif

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cours ou Préfaces raifonnées qui les précèdent, font toutes pleines d'idées fortes. Si l'on excepte l'ébranlement paffager qu'avoit donné M. de Voltaire à la curiofité, par fes Lettres publiées, il y a près d'un demi-fiècle, fur les fublimes productions de quelques Ecrivains Anglais, perfonne n'a plus contribué que les Auteurs du Journal étranger & que M. Le Tourà étendre le goût, la culture, la connoiffance des Lettres Angloifes parmi nous. Obfervons que dans tout ce qu'il a écrit, on trouve le mérite infiniment rare, d'un ftyle noble, lié & foutenu.

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Cet Ecrivain, pleuré de tous fes amis, ne laiffe point après lui une bibliothèque de volumes entièrement originaux. Perfonne néanmoins n'eût été plus capable d'acquérir la gloire d'une défolante fécondité, n'étoit plus laborieux, plus patient, plus renfermé dans la folitude du Cabinet. Sa feule modeftie, je dirois prefque fon humilité, lui infpiroit la défiance de fes talens. Sa vie a été un cours de vertus privées & de philofophie pratique. Jamais il ne s'éleva dans fon cœur un mouvement de haine, de jalouffe, de malveillance. Il ne connoiffoit ni le tourment des prétentions, ni celui des rivalités. L'exercice de fa raifon & la retraite l'avoient rendu abfolument infenfible au

funefte defir de la renommée. Etranger dans fa maison de Montrouge, à toutes les agitations littéraires de la Capitale, fon nom ne fut mêlé à aucun parti, à aucun débat, à aucun concours. Il portoit dans la fociété, la candeur & la timidité d'un enfant; fa converfation étoit douce comme ses mœurs; fa maison, l'image du calme & du bonheur, Au milieu des chagrins, des revers même, fon humeur ne s'altéra pas une minute. Confrère officieux, bon maître, époux & père tendre, aucun ami ne fut plus fûr, plus conftant, plus zélé. Ses vertus pourroient fervir d'exemple aux Gens de Lettres, à tous les hommes; & le tribut que je lui paie fera confirmé par tous ceux qui l'ont approché. L'hommage que je rends ici à la mémoire d'un ami, n'eft point un ftérile éloge funèbre; c'eft l'expreffion des fentimens qu'il laiffe à fes relations, douloureusement affligées d'une perte qu'il eft bien rare de remplacer.

M. Le Tourneur eft mort à Paris, âgé de 52 ans.

Carte du Gouvernement de Tauride, comprenant la Crimée, les villes & forts de Kinburne, Oczakow, Kerfon, & tous les pays aux environs, jufqu'aux extrémités de la mer d'Azow, pour fervir au théâtre de la guerre entre les Tures & les Ruffes. Dreffée principalement d'après la carte manufcrite faite fur les lieux par les Ingénieurs Ruffes, pour

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