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» doit être l'objet des voeux de tout Phi- »lantrope. »

Nous avons déja parlé du Bill, qui à la rentrée du Parlement doit lui être préfenté, contre l'exportation frauduleufe des laines. Il eft inutile de dire que ces démarches font l'ouvrage des Manufactu riers,dont la cupidité s'enflamme à la moindre atteinte qui menace leur Monopole. Déja ils ont inondé les Papiers publics de leurs argumens. Ils ont ofé imprimer qu'en 6 mois on avoit exporté plus de 40,000,000 pefant de livres de laine; que cette fraude étoit très-nuifible aux intérêts du Royaume, c'est-à-dire au leur, & qu'ils devoient refter en jouiffance d'écrafer les Propriétaires des bergeries, comme d'envoyer au fupplice les Contrebandiers furpris à leur faire concurrence. Peu de queftions économiques plus importantes auront été foumiles à l'examen du Parlement; celle-ci exige toute la fageffe & toute fon impartialité. Il en a donné une preuve en rejetant les objections intéreffées, par lefquelles les Manufacturiers ont combattu le Traité de Commercé avec la France. En chaque occafion on les voit empreffés d'exiger le facrifice de l'intérêt général au leur particulier. Le Philofophe Smith s'eft élevé dans fon bel ouvrage, avec autant de force que de folidité, contre cet efprit perni

cieux, Son influence en Angleterre prouve combien eût été dangereufe l'adoption du plan de réforme Parlementaire, pour augmenter les Repréfentans des villes dans la proportion du nombre de leurs Habitans; alors les campagnes feroient reftées à la merci du Commerce; tout équilibre eût été détruit, & chaque pétition en faveur des fabriques, & au détriment des autres travaux utiles, eût été à peu près fûre d'être écoutée. Par cette raifon, entre autres, on combattit le projet très-judicieux de M. Pitt, qui vouloit opérer cette réforme, en augmentant le nombre des Repréfentans des Comtés. Le morceau qu'on va lire détruit les affertions des Fabricans, & établit les vérités contraires; il eft de M. Arthur Young, eftimable & favant Auteur de plufieurs Ouvrages très-connus. Sa réclamation au fujet du commerce des laines, fe trouve dans les Annales de l'Agriculture; il ne parle point d'après des notions prifes dans les livres, mais d'après des témoignages & des faits qu'il eft venu lui-même chercher en France.

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Les Fabricans en laineries, qui font le monopole de la laine, ayant fufpendu, dit-il, à la dernière Seflion, leurs projets contre les Propriétaires des bêtes à laine, viennent de prendre les mesures né ceffaires pour renouveler leur attaque, & annoncent hautement qu'ils préfenteront enfin leur

Bill au Parlement, immédiatement après fa rentrée. »

J'ai déja développé en plufieurs occafions, la nature, l'objet & les conféquences de ce Bill; & j'ai démontré que jamais une claffe d'hommes n'a fait une tentative auffi tyrannique, ni plus attentatoire que celle-ci à la liberté & à la propriété d'une autre claffe de Citoyens. »

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Qu'il me fuffife aujourd'hui de calculer l'exportation clandeftine des laines, prétexte du Bill', & de découvrir quelles font les Manufactures Françoifes alimentées de laine Angloife, & juf qu'à quel point ces Manufactures nous rivalifent: tous objets très-importans, & qui forment les bafes de cette difcuffion. Pendant l'été dernier j'ai parcouru en France un espace d'environ mille lieues; j'ai paffé dans les villes les plus renommées pour leurs laineries, & fur-tout dans celles qui emploient, à ce que l'on fuppofe, des laines Angloifes. J'ai eu l'attention de prendre les informations néceffaires, & de me procurer des échantillons de prefque toutes, leurs objets de manufacture, avec leurs prix, leur largeur, & la laine dont elles étoient fabriquées. J'ai auffi pris note des qualités & des prix des laines produites par toutes les Provinces où j'ai paffé. Le résultat de ces recherches m'a prouvé invinciblement qu'il étoit impoffible que la quantité de laine fraudée d'Angleterre en France fût confidérable; que pas une feule Manufacture dans ce Royaume ne ferojt obligée d'interrompre fes travaux, quand même le commerce interlope des laines feroit détruit à jamais; enfin, que les Manufactures Françoifes, dans lesquelles on fait ufage des laines Angloifes, ne font pas à beaucoup près les plus floriflantes, ni même du nombre de celles qui nous rivalisert avec le plus de fuccès. »

« Le premier de ces faits m'a détrompé moi

même; car je croyois que les fraudeurs, attendu la différence de prix entre les deux Royaumes faifoient un commerce beaucoup plus étendu. »

Mais ce qui prouve ce fait encore mieux que tous les calculs d'approximation, c'eft la 'copie d'un état officiel que je me fuis procurée, & qui eft à tous égards la pièce la plus authentique & la plus complète que l'on puiffe defirer. »

Un Miniftre, il y a fort peu de temps, fit dreffer en France des états du commerce d'importation & d'exportation, afin de connoître la balance; il prit toutes les précautions pour connoître exactement la valeur des divers objets de contrebande. On recueillit des informations de toute efpèce dans les ports, & on approcha de la vérité, autant qu'un Miniftre peut en approcher. L'article de la laine eft un des plus confidérables de cet état; je vais le préfenter à mes Lecteurs. »

Evaluation des Laines importées en France pendant t l'année 1782.

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(*) M. Necker estime à 70 millions de livres tournois l'importation des matières premières, propres aux Manufactures, telles

que le chanvre, le coton, la

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que

soie, la laine, le lin, les cuirs, l'ivoire, les drogues les teintures, la cire, les bois, etc. On voit donc qu la laine, montant elle seule à plus de 27 est de tous ces objets le plus important,

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« Cette fomme réduite en argent d'Angleterre, fur le pied de ro & demi deniers fterling pour livre tournois, (*) forme.....1,211,873 liv. 5 sh.

« Je n'ai pas befoin d'obferver que le résultat d'un pareil examen mérite plus de crédit que les idées vagues que l'on a fur ce point en Angleterre, où communément l'on ne fait ces recherches qu'à fin de raffembler des armes pour ou contre quelque mefure qui intérefle vivement ceux qui la propofent ou ceux qui la combattent. »

«En Angleterre, les exportations étant clandeftines, & févèrement punies lorfqu'elles font dé couvertes, nous n'avons pas de moyens d'en apprécier la valeur : en France, les importations ne font point clandeftines; il est donc infiniment plus aifé de les connoître. L'objet du Miniftre François étoit de fe procurer des notions certaines fur tous les objets de commerce, fans s'attacher particutièrement à aucun, & il avoit certainement, pour y parvenir, plus de moyens que tous les Marchands Anglois. »

"A Beauvais, Abbeville, Amiens, Lille, &c. les villes où l'on eftime qu'il fe confomme le plus de laines Angloifes, j'ai pris les informations les plus exactes & les plus nombreuses. Les Fabricans conviennent tous, & très-franchement, qu'ils emploient réellement de la laine Angloife; mais ils ajoutent que c'est en très-petite quantité; & quant

(*) Cette réduction quoique la plus commune, n'est point exacte; le Chevalier James Stuart, qui a traité mieux qu'aucun Ecrivain des monnoies des deux Royaumes, calcule sur le pied de 22 et demi liv. tournois pour livre sterling (Political Enquiry, vol. I, 405). Il compte 49,922 grains d'argent fin dans Pécu de 6 liv., et établit la proportion du grain poids de marc, au grain Anglois poids de Troyes, comme 821,78 est à 100 (vol. 11, p. 73.)

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