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HISTOIRE DE PALMIRE,

Tirée d'un Manuferit fort ancien.

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Es cieux étoient parfemés d'étoiles; la lune s'élevoit dans les airs; & la nuit, revêtue de fa pâle lumière, couvroit les collines & les vallées. Plongée dans une rêverie profonde, Palmire fortit de fa cabane & porta fes pas fur les bords du fleuve (1). Puis, s'atleyant fous un faule ifolé, `fes` yeux contemplèrent en filence le repos de la Nature; mais bientôt d'une voix plaintive elle proféra ces mots : " Objet de mes regrets éternels! permets que je

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mouille de mes pleurs ce trifte rivage, » & que je me rappelle un fouvenir trop "téndre «. Des larmes coulèrent fur les joues de Palmire; elle étoit triftement appuyée contre le faule, & la lune couvroit fon vifage d'un éclat nébuleux; lorfqu'un foible bruit, dont la cause étoit près d'elle, lui fit tourner la tête précipitamment. C'étoit fon fils; la tendreffe filiale fe peignoit fur fon front; il étoit fortement ému ! O ma mère ! lui dit-il d'une voix attendrie, ne fuis-je plus ton fils? Tes fecrets ne font-ils plus les miens? Je t'ai fuivie de

(1) On ignore quel fleuve c'étoit.

ΕΣ

la cabane; j'ai entendu tes plaintes, mon cœur en a été navré. Qui peut donc te caufer d'auffi tendres regrets! quel mystère étonnant m'as-tu toujours caché? Verfe, verfe, ô ma mère ! tes larmes dans mon fein; le partage m'en fera doux.

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Mon fils, répondit Palmire charme unique de mes derniers momens , je ne puis te refufer rien. Je connois ton ame grande & noble ; &, te voyant fi vertueux, je m'applaudis de mon ouvrage. Je fais que de vains reffentimens ne trouveront point de place en ton cœur. Hé quoi ! reprit impétueufement le jeune homme quelle offenfe? quel crime-Tu vas fa voir tout...O mon fils! fois faifi de refpect ici repose, la cendre de ton père. Je vois ton extrême furprife!... Ecoute cette déplorable hiftoire.

J'étois dans la plus tendre enfance lorfque la mort frappa les auteurs de mes jours. Une bonne parente, dont l'ame étoit au deffus de fa naissance, m'accueillit, mè prodigua fes foins avec la tendre affection d'une mère. Je touchois à peine à ma dixhuitième année, que la mort vint m'enlever ma feconde mère, l'unique appui de ma foible jeuneffe. Je me trouvai done ifolée, abandonnée à moi-même, n'ayant pour guide qu'un cœur pur, nourri de principes inaltérables de vertu & d'honnêteté.

Mais je n'avois que dix-huit ans &

mon cœur, tendre à l'excès, fentoit le befoin d'aimer, comme on le fent à cet âge. Je voulois un ami, je voulois un fupport, & j'y cherchois les mêmes fentimens, la même vertu dont mon cœur fe rendoit un doux témoignage. Ce ne fut pas fans peine que je trouvai ce prodige. Elidor, ton père, m'offrit l'hommage d'un cœur aimant & tendre, plein d'innocence comme le mien; une douce fympathie nous attira l'un vers l'autre avec un charme irrésistible'; je lui promis ma main; il avoit déjà mon cœur. Il partit aufli tôt pour annoncer à fes parens l'époufe qu'il avoit choifie. Hélas! il partit, pour mon malheur. Un foir d'été, fuivant mon habitude, je fortis fur ces bords, & pofant mes vêtemens fur le rivage, je m'avançai dans l'onde. Bientôt j'apperçus une voiture s'arrêter vis-à-vis de moi; je friffonnai; j'aurois voulu m'abîmer dans le plus profond du fleuve. Toutefois j'examinai avec attention, & je reconnus diftinctement Dorimon, le Seigneur du voifinage. Il me voyoit de fa voiture; mais, foit qu'il craignit de trop m'effaroucher en m'abordant, foit que les gens qui l'accompagnoient le gênaffent par leur présence, il partit comme un éclair, & je crus en être quitte pour une vaine alarme. Mais le lendemain, de quel effroi je fus faifie en le voyant fans aucune fuite, s'approcher de ma cabane je favois que les gens de fa naiffance ne refpectent guère en mon fexe

les loix de l'honneur & de la vertu, & que, dans un rang inférieur au leur, ils n'imaginent ni délicateffe ni fentimens. Je frémis de l'odicux deffein qui l'amenoit, & qu'il ne tarda pas à me dévoiler. Mais je trouvai dans ma vertu d'affez fories armes pour me préferver aifément de la féduction, &pour ôter tout efpoir à ce vil corrupteur.

Elidor revint. De doux fermens enchaî nèrent nos deftinées; je verfai des larmes de joie dans fon fein; je bénis le Ciel d'avoir réuni deux cœurs vertueux. O mon fils! puifliez-vous, ainfi que votre père, conncître le véritable amour! &, comme lui, ne le point féparer de la vertu, qui feule en eft la bafe inébranlable. Mon fils! j'ai connu le bonheur, & je l'ai vu s'évanouir comme une ombre. Gage chéri de l'union la plus tendre! tu commençois à balbutier le doux nom de mère, & ton père, attentif à tous tes mouvemens, les dirigeoit avec adreffe au grand but de l'homme, à la vertu. O quelle joie inondoit nos cœurs, en cultivant de concert le germe précieux du bien, qui depuis s'eft développé dans ton ame!

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Un foir, affis enfemblé au clair de la lune nous nous entretenions des moyens de t'infpirer ces nobles fentimens, cet amour fublime du jufte & de l'honnête; en un mot, un cœur innocent & bon fi agréable aux yeux du grand Etre ! & remontant, par degrés, jusqu'à la cause

infinie,

nous admirions l'ordre immuable & l'harmonie de l'Univers, & nous nous fentions atteints d'une forte d'effroi en nous confidérant fi foibles, & comme un néant, par rapport au tout immenfe. Mais en même temps une douce confiance paffoir dans nos ames abforbées dans le plus

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délicieux ravillement ! Pour toi, tu te joucis à quelques pas de nous; la férénité de l'innocence brilloit fur ton front, &, tous deux, nous t'obfervions paré des graces na→ turelles de l'enfance. Que ces momens étoient purs & fereins! Hélas ! ils ne re viendront plus; ils m'ont été ravis pour jamais!..... Tout à coup un homme menaçant fe jette fur moi; je m'écrie, je regarde; c'étoit Dorimon qui me portoit un poignard à la gorge. Elidor, s'écria-t-il d'une voix furieufe, n'avance pas pour fecourir Palmire fi tu ne veux la voir tomber à mes pieds. Mais fi tu l'aimes plus que toi-même !........ Que faut-il ? reprit Elidor enflammé d'une fureur qu'il étoit contraint d'étouffer: Il faut, reprir le monftre, te précipiter dans le fleuve ; n'hésite pas, ou fon lang va couler. Atterrée par ces foudroyantes paroles, Elidor, m'écriai-je laille-noi mourir. O Palmire! me dit-il en verfant un torrent de larmes, il dépend de moi de conferver tes jours; tu ne périras point. Et toi, malheureux Dorimon, quelle rage te porte à troubler la paix de notre union, a te fouiller du

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