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trice, de défapprouver hautement fa conduite, & de la quitter à l'inftant. La pauvre femme, livrée à elle-même, fe laiffe aller à fon défèfpoir; fon frère reparoît, voit sa douleur, les remords, fe félicite de la voir défabufée, appelle fes enfans, qui rentrent, la careffent, la confolent; & le Chevalier époufe Lucile.

Tant de petits talens où je n'ai pas de foi, Des réputations, on ne fait pas pourquoi, Des protégés fi bas, des protecteurs fi bêtes!

Ces trois vers de Greffet femblent avoir fourni à l'Auteur des Réputations la première idée de fa Pièce. Le fujet eft piquant, mais difficile & épineux. La manière dont l'Auteur la traité, annonce un homme de beaucoup d'efprit, un Ecrivain exercé dans l'art des vers, & une grande facilité à faifir comme à préfenter les ridicules Nous voudrions pouvoir lui donner les mêmes. éloges comme Ecrivain dramatique, mais la contexture de fa Pièce ne nous le permet pas. Les perfonnages de Damon, du Docteur, de Valère, font tellement odieux, qu'ils en font révoltans. Le comique ne peut s'allier avec de tels caractères. Celui que l'Auteur a prêté aux deux Journalistes, qui viennent critiquer aux ordres de Damon, n'eft pas moins méprifable; & s'il exifte un Ecrivain périodique qui foit auffi lâche que ceux-ci, à coup fûr il ne pourra jamais

fournir le modèle d'un perfonnage drama tique, parce qu'il eft des excès que la dignité de la fcène réprouve & profcrit abfolument. Et pourquoi donc ce déchaînement de l'Auteur contre les Journalistes ? Certainement jamais les Journaux n'ont été plus modérés; & pour un article où la critique abonde, il en eft vingt où furabondent les encouragemens & les éloges. At-il à s'en plaindre L'ont-ils infulté, injurié, calomnié, déshonoré ? Ce n'eft pas alors le théatre qui doit lui faire raifon de leurs outrages: il eft des Loix, qu'il les invoque; elles puniront les coupables. Ont-ils feulement mortifié fon amour - propre à tort fans caufe, fans raifon, par légèreté, ignos rance, ou partialité ? Il peut les confondre s'ils ont été injuftes à leur efcient, & les* éclairer s'ils fe font trompés de bonne foi. Si leurs obfervations étoient fondées, justes, fenfibles, raifonnables, qui a tort d'eux ou de l'Auteur? Des épigrammes, des forties, des tirades, des injures peuvent faire un moment fourire la malignité, mais elles ne feront jamais qu'un Ouvrage médiocre devienne excellent, ni qu'un homme d'efprit devienne un fot, ni même qu'un ignorant foit un lâche ou un fauffaire. D'ailleurs, comme l'a fort bien dit l'Auteur d'Amphitryon:

L'emportement eft fort peu néceffaire,

Et lorfque de la forte on fe met en colère,
On fait croire qu'on a de mauvaises raifons.

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pourroit réfukter un intérêt affez vif de la négligence & de l'injuftice de la Marquife pour les enfans, du respect & de l'attachement de ceux ci pour leur mère du caractère franc & loyal de l'oncle, de la fermeté éclairée de celui du Marquis, de la paffion intéreffante qui attache le Chevalier à Lucile, &c. Mais tous ces· moyens font affoiblis par les longs détails, les développemens très-étendus, les interminables fcènes où les protégés de la Marquife viennent exposer leur lâcheté, chercher la honte, & en boire le calice ufque ad mortém. Au reste, cet Ouvrage a été mal, bien mal, très-mal reçu à fa première repréfentation (1). Dès le commencenient du fecond Acte, les murmures fe font fait entendre, & ils ont toujours été. crefcendo jufqu'au dénouement, efcortés d'un accompagnement continuel de huées, d'éclats & de fifflets. Nous le dirons fincèrement, le Public, ou au moins une' certaine portion du Public, a encore porté à cette repréfentation, la févérité & l'humeur jufqu'au fcandale. Pour juger un Ouvrage, il faut le connoître, & comment y parvenir, quand on ne veut pas l'entendre Un homme qui a confacré fix

(1) La feconde repréfentation a été mieux écoutée, mieux entendue; les détails ont été mieux goûtés: mais le fonds de l'Ouvrage n'a pas paru pus intéreffant, & le dénouement a excité des

murmures.

mois, neuf mois, un an, à composer un Ouvrage quel qu'il foit; qui vient s'expofer à perdre, en trois heures, le fruit de fes longs travaux; qui confent enfin à prendre les premiers venus pour Juges, dans tous les rangs, dans tous les états, a au moins le droit de demander à être entendu; & s'il ne l'eft pas, il eft autorifé à dire qu'il a été mal jugé. Il feroit donc à défirer que les honnêtes gens fe réuniffent pour étouffer les cris de ces méchans par ton & par habitude, qui femblent infulter à la délicateffe & à l'amour-propre des Auteurs, qui jouiffent de leurs chagrins qui fe font un jeu de les défefpérer, qui troublent l'ordre & la tranquillité publique, & qui font un travail pénible, fatigant & douloureux d'un délaffement utile. honnête & intéreffant.

On a donné le même jour, avec quelque fuccès, au Théatre Italien, les deux Sérénades, Comédie en deux Actes & en profe, mêlée d'Ariettes nous en parlerons dans le Mercure prochain.

ANNONCES ET NOTICES.

Les Métamorphofes d'Ovide, en vers françois, Livre V, avec des Notes; par M. de St-Ange. Prix, 30 fous. A Paris, chez Moutard, Impr.Lib. de la Reine, rue des Mathurins/; Valleyre l'aîné, rue de la Vieille-Bouclerie; Hardouin & Gattey, au Palais-Royal, Numéros 13 & 14; le Fevre, rue des Bons-Enfans, Hôtel de Rafdiwil.

M. de Saint-Ange nous avoit promis désormais un nouveau Livre d'Ovide chaque année. Il tient parole. Ce cinquième, non moins beau que le quatrième, nous paroît traduit de verve d'un bout à l'autre. On y trouve entre autres Fables, l'Hiftoire de Phinée & la guerre civile qu'il fufcite à Cephée & à l'époux d'Andromède, la Fable des Mufes, & leur combat avec les Piérides, l'enlèvement de Proferpine, les regrets de Cérès, la Métamorphofe de Cyane en fontaine, les amours d'Alphée & d'réthufe, &c. &c. En attendant que l'on en rende compte, ce qui fuit en donnera un avant-goût favorable.

Erat Indus Atys quem flumine Gange
Edita Limniace vitreis peperiffe fub antris
Creditur ; egregius formâ, quam divite cultu
Augebat, bis adhuc ofonis integer annis,
Indutus chlamydem Tyriam, quam limbus obibar
Aureus ornabant curata monilia collum,

:

Et madidos myrrha curvum criņale capillos

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