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de prétention ni à l'une ni à l'autre : mais il plaifantoic fur fon fort, railloir fon perfécuteur, & fembloit fatisfait de fa nouvelle fituation. Dans ce féjour de la défolation, éloigné de fes amis privé de tous les plaifirs, méme des commodités de la vie, il confervoit encore fa gaîté, se moquoit de fes ennemis, & il pouffa la plaifanterie jufqu'à fe venger d'eux en écrivant la Vie de fon

Geolier.

Tout ce que l'homme fuperbe peut apprendre de la fageffe, c'eft de favoir fe roidir contre le malheur, & concentrer fon chagrin. L'exemple du Cardinal nous enfeigne à être gai au milieu des plus grands revers: qu'importe que cette gaîté. foit regardée comme une preuve d'infenfibilité ou même de bêtife? elle fait notre bonheur : cela ne doit-il pas nous fuffire? Il faudroit être fou pour ne s'eftimer heureux qu'autant qu'on paroîtroit l'être aux yeux des autres. Pour moi je ne paffe jamais devant nos prifons, où l'on enferme pour dette, que je ne porte envie à la fécurité qui règne encore parmi ces malheureux : féqueltrés du monde, ils paroiffent avoir oublié toutes les inquiétudes qu'on y éprouve...

Le plus fortuné des mortels que j'aye jamais connu en ma vie, étoit un de ces réjouis que l'on a coutume d'appeler de bons vivans. Lorfqu'il étoit fans le fou, ce qui lui artivoit souvent, it' appeloit cela faire fon cours d'expérience: au demeurant, la meilleure pâte d'homme qu'on puifle trouver ne fe chagrinant jamais de rien, prenant toujours galamment fon parti lorfqu'il effuyoit quelque défagrément. Son apathie, & fur - tout fon infouciance pour l'argent, avoit fi fort in-: difpofé fon père contre lui, qu'il ne put jamais fe rétablir dans. fon, efprit, malgré tous les efforts de fes: parens. Le, Vieillard étoit au

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lit de la mort. Entouré des fiens, parmi lefquels
fe trouvoit aufli Dick, il faifoit connoître fes
dernières volontés : » Je laiffe à mon fecond fils
» André, dit l'Avare moribond, tout mon bien
> en l'exhortant fur-tout à être économe «<. An-
dré, du ton le plus touché, tel qu'on a coutume
de le prendre dans ces cas-là, dit : » Ah!
que
» le Ciel vous conferve la vie & la fanté, pour
» que vous en puiffiez jouir vous-même «.

:

Je recommande Simon, mon troisième fils, aux foins de son frère aîné, & lui donne en "outre 4000 liv. fterl. Ah! mon père, s'écria Simon dans la plus grande affliction, comme on n'en peut douter, que le Ciel vous conferve » la vie & la fanté, afin que vous en puiffiez jouir vous-même. Se tournant à la fin vers Dick Quant à vous, lui dit-il, vous ne ferez » jamais qu'un garnement & un vaurien ; vous x n'aurez jamais le fou je vous laific un fchelling & une beface. Ah! mon père, s'écria Dick fans la moindre émotion, que le Ciel vous conferve la vie & la fanté, pour que vous en » puiffiez jouir vous-même «. Et par cette plai fanterie, il fe confola de la perte de toute fa fortune.

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Oui, laiffons le Monde crier après un Banqueroutier qui fe divertit, après un Auteur qui ferit d'un Public dont il eft fifflé, après un Gé→ néral: qui méprife les reproches du vulgaire ignotant; enfin, après une Coquette qui conferve fon enjouement au milieu du fcandale qu'elle cause : : ce font encore là les exemples les plus fages que nous ayons à fuivre. Loin de chercher à combattre le malheur avec les armes de la fermeté & de la raifon, n'employons jamais pour lui réfifter que celles de la gaîté. Par cette der-i nière méthode, nous parvenons à oublier nos.ca

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lamités; tandis que par la première nous ne fai fons que les cacher aux autres. En voulant attendre l'infortune de pied ferme, nous fommes furs d'en recevoir quelques bleffures dangereufes mais un moyen infaillible de les éviter, c'est de fuir à fon approche.

(Par M. le P. B... de G... )

Galitzine

SPECTACLE S.

CONCERT SPIRITUEL.

Il y a eu Concert la veille & le jour

de Noël. Mlle. Maciurletti a chanté le premier jour deux Airs Italiens, & a été jugée d'une manière très-févère. Sa voix eft trèsjolie, & elle annonce beaucoup de faci lité, c'en feroit affez pour faire applaudir une Françoife; mais on n'a pas fait grace à une Italienne de fa mauvaise méthode & des chofes de mauvais goût dont elle affaifonne fon chant. Il faut cependant juftifier le Public. On pardonne à un Chanteur national un début foible, parce que ce n'eft qu'un effai; il demande des encouragemens, & il les obrient quand il les mérite. Mais un Etranger qui le préfente doit être excellent; c'eft un talent tout formé qu'on en exige. Nous dirons peu de chofe de Mlle. Davion, qui a joué un

Concerto de piano- forté. Cet inftrument en général n'eft pas fait pour les grands Concerts, & la mauvaise qualité du fon de celui fur lequel elle a exécuté, a nui à fon fuccès. On a fort applaudi la Sympho-. nie à deux clarinettes de MM. Solers & Hayentshinck. M. Camille, jeune élève de M. Stamitz pour le violon, a befoin de travailler encore. La Scène de M. l'Abbé Le Preux fur le Sonner de Desbárréaux a eu du fuccès, & elle en auroit cu davantage, fi les paroles avoient prêté au Compofiteur; mais cet Ouvrage, pour la forme des vers, pour le fond des penfées & pour le genre d'expreffion, n'eft nul

lement lyrique. Le Poëte a tout dit, & n'a rien laifié à dire au Muficien, qui a été obligé de recourir aux lieux communs de fon Art. L'Oratorio de M. le Brun de l'Académie royale de Mufique, eft d'unt genre fimple, d'un chant facile, fans prétention, & très-analogue aux paroles. On l'a écouté avec beaucoup de plaifir M. Janeiwicz, Polonois, élève pour le violon de M. Jarnowick, a été extrêmement ap plaudi. On a trouvé fon exécution brillante, fon intonation parfaite, & il a une qualité de fon fort intéteffante; en un mot ila réuni les fuffrages des Connoiffeurs & du Publici

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COMÉDIES FRANÇOISE & ITALIENNE.

LE Public est le Juge né, le premier Juge des talens on ne fçauroit contefter cette vérité, mais on peut mettre en queftion, le premier Juge des Arts & des Artiftes doit en être le Bourreau. On le croiroit à la manière indécente & groffière, à l'habitude barbare que nos Parterres contractent depuis quelque temps, & au ton d'irrévérence avec lequel ils écoutent, accueillent ou repouffent arbitrairement les Ouvrages qu'on repréfente fous leurs yeux. Nous avons déjà obfervé plufieurs fois que le goût du Théatre étant devenu une manie générale, la plupart de ceux qui fe conf tituent, dans nos Spectacles, les Juges de l'Art dramatique, font dépourvus des connoiffances néceffaires pour fixer juftement le fort des Pièces de théatre; que la liberté qu'on accorde aux fpectateurs dégénère fouvent en une licence répréhenfible, & qu'il eft à craindre qu'une trop longue indulgence n'accoutume une jeuneffe indifciplinée, fans principes & fans éducation (1), à des excès qui ne peuvent entraîner que

(1) Il fe trouve toujours des gens honnêtes dans nos Parterres, mais c'eft le petit nombre, principalement dans les Partérres debout. Des Artifans de la plus baffe claffe, des Perruquiers, des Coiffeurs de femme, des gens fans aveu; voilà ce qui les compofe le plus ordinairement; voilà les Juges des talens.

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