صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

fa manière. On peut appliquer au Difciple les éloges qu'il donne au Maître. An refte, le recueil contient fur-tout des reparcies ingénieuses, des Anecdotes curieuses, des naïvetés, & même des pafquinades mais de celles qui peuvent amufer. Tel eft, par exemple, ce calembourg fur un Bas-Breton, nommé Franqlin, qui s'ima ginoit être coufm du Savant de Philadelphie, & qu'un Plaifant défabule, en lui expliquant la différence des deux noms. Le Docteur pofe un K où vous pofez un Q, Sa signature ainfi de tout temps fut écrite. Mais pour vous tirer d'embarras, De votre Q faites un K,

Et vos papiers vous ferviront ensuite.

Les fujets des Epigrammes font très - diverfifiés: en voici quelques-unes.

Sur un Opéra.

Qui veut de tout, de tout aura:
Qu'il aille entendre l'Opéra;,
Chant d'églife & chant de boutique,
Et chant bouffon & chant lyrique ;
Et du romain, & du français,
Et du baroque & du niais;
De tous genres de fymphonie,
Marche, fanfare, & cætera,
Rien ne manque à cet Opéra,
Sinon du goût & du génie.
No. 1. Janv. 1788.

B

Cette Epigramme eft anonyme. Mais on devine aifément, à fa tournure, qu'elle eft d'un Ecrivain exercé. On peut lui pardonner cette antipathie pour l'Opéra commune à Boileau, à M. de Voltaire, & au grand Rouffeau. Je ne fais, écrivoit ce dernier, fi l'on peut faire un bon Opéra mais je fais bien qu'un bon Opéra fera toujours un mauvais Ouvrage. Bien des gens font de cet avis, & à eux permis, Houdart prétend que du Théatre L'on doit expulfer Apolion.

De la profe il eft idolâtre ;

s'il a raifon.

Je ne fais trop
Mais fur le but qu'il fe propofe,
Si l'on s'en rapporte aux Experts
Prenant le parti de la profe,

Il prend le parti de fes vers.

Ces deux derniers vers font de ce Jean-Baptifte, dont je citois tout à l'heure une phrafe. On les lit dans une de fes Lettres à l'Abbé d'Olivet; M, Knapen, qui en prévient dans un Note, y a trouvé la pointe d'une bonne Epigramme, &, comme on voit, en a fu faire habilement ufage.

Sur un Chevalier comme il y en a tant. Tu te dis Chevalier! écoute, je te prie: A ce titre pompeux, chacun rit de pitié ; Mais je le trouve, moi, trop court de la moitié, N'es-tu pas en effet Chevalier d'induftrie?

En voilà affez pour donner un avantgoût de cette Collection agréable. C'est un magafin de traits piquans, où l'on peut puifer de quoi fournir aux frais de la conversation; c'est un répertoire de faillies & de bons mots qu'on aime à favoir & à fe rappeler quand ils font échappés à la mémoire; & voilà pourquoi, fans doute, le Rédacteur a pris le titre d'Etrennes de Mnémofyne.

(Cet Article eft de M. de Saint-Ange.)

ÉLOGE funèbre de Meffire JEAN MarDUEL, Docteur de Sorbonne, & Curé de Saint-Roch, prononcé dans l'Eglife de cette Paroiffe le 9 Novembre 1787, par M. l'Abbé MICHEL, Prêtre de la Communauté, Avocat en Parlement, & Membre de la Société Académique de Cherbourg. In-4. A Paris, chez J. Lottinde-Saint Germain, Imp.-Lib., rue SaintAndré-des-Arts.

SOUVENT l'amour du bien feul ne fuffit pas pour exciter ceux qui ont le plus de moyens d'être utiles; c'eft par l'hommage rendu aux talens & aux vertus, qu'on les voit fe multiplier,

M. l'Abbé Michel, Prêtre de la Communauté de Saint-Roch, déjà connu par un Eloge de Louis XII, vient d'acquitter la dette de la Société, en prononçant l'Eloge funèbre de fon ancien Curé, M. Matduel. Les larmes de fes Auditeurs ont prouvé avec quelle vérité il a peint l'objet de leurs regrets; & l'on trouve dans fon difcours un ton de sensibilité & de raifon, fait pour éclairer l'efprit & intéreffer le cœur,

M. l'Abbé Michel préfente l'ancien Curé de Saint-Roch comme l'homme de Dieu & l'homme de l'humanité; il rend ce pieux Philofophe (fuivant fon expreflion) éga lement intéreffant à l'homme religieux qui ne s'occupe que du Ciel, & au Philofophe qui rapporte tout au bonheur des hommes.

Pour donner une idée de la manière dont M. l'Abbé M. a vu le fujet qu'il avoit à traiter, laiffons-le parler lui-même, lorfqu'il peint l'importance des fonctions d'un Curé de Paris.

Pag. 4. Un Curé de la capitale, dit-il, eft un homme obligé en quelque forte de maintenir l'ordre avec la feule autorité de la vertu; c'est le protecteur des mœurs publiques, le défenfeur de la veuve & de Torphelin, un Officier de morale, un Magiftrat des confciences; aimé & respecté de tous, il doit être l'ami des grands, & le père des pauvres; fait pour veiller au bonheur de la Société, pour réprimer les vices & encourager les verras, il rétablit

paix dans les familles, réunit les époux, rappelle le peuple à fes devoirs, & les riches à l'humanité. Que de confolations il verfe dans le fein des malheureux ! que de grandes misères cachées fous de grands noms fait découvrir & foulager fa bienfaifante follicitude ! Approchez, infortunés de tous les états; ne craignez point de révéler votre déplorable fecret. Le cœur dun Pafteur de la capitale n'est étranger à aucun genre de peine, fixé fur un grand théatre, environné de la corruption fans en être atteint; témoin du choc des intérêts & des paffions humaines, des révolu tions fubites de la fortune, de la prodigieufe inégalité des richelles accumulées fur quelques têtes; placé entre l'extrême luxe & l'extrême indigence, ébloui' par l'or & révolté par la nudité, il a appris à connoître l'homme & toutes les misères; ne balancez pas à ouvrir votre ame à cet Ange de la terre il foulagera vos maux, ou les pleurera avec vous".

Il eft impoffible de peindre avec plus de vérité les devoirs du Chef fpirituel d'une paroiffe, l'utilité de fon miniftère, & de faire fentir plus fortement combien la Re ligion eft liée au bonheur des hommes. on doit favoir gré à M. l'Abbé M. d'a-. voir adopté l'expreflion du bon Abbé de Saint-Pierre, qui ne voyoit dans les Prêtres que des Officiers de morale.

Les détails de l'humanité bienfaifante de

« السابقةمتابعة »