Ces mots ont répandu fur le front de la Belle Qui femble reprocher à fa langue infidelle Et la fanté. Bientôt même à la Cour on le vit reparoître, Mon efprit ne me fournit rien. J'ai donc plus de bonheur, dit-elle, ou plus d'adreffe. Ecoutez-moi vous n'avez qu'à venir Ce foir fous ma fenêtre, à l'heure où tout fommeille 5 Mais apportez une corbeille Capable de vous contenir. Ma coufine a promis d'aider mon stratagême; Dès L'anfe de l'utile panier Où vous devez entrer vous-même. que vous y ferez, le panier montera, Et doucement vous portera Dans une chambre où l'on pourra Dire fans crainte & prouver qu'on vous aime. Le Docteur aveuglé croit voir dans cette rufe Il fut ravi, cria merveille, Remercia cent fois de fon rare bonheur, Au rendez-vous il court foudain quel bel horizon devant lui fe déploie! Rendu fous la fenêtre où l'amour l'attendoit, Il trouve, jugez quelle joie ! La corde qui déjà pendoit, En attendant la corbeille & fa proie. Le panier monte, monte, & fait monter fon Maître, Entre la rue & la fenêtre. Il refait le fignal, il parle; on n'entend rien. Il y maudit cent fois les femmes & l'amour; Attendre en enrageant le lever de l'aurore. Il fut reconnu des paffans, Quoique dans les deux mains il cachâr fon visage Chacun dit, en paffant, fon mot au prisonnier, En paffant, le Roi courroucé De voir un fi grand Homme à ce point offense, Quelle vendange il vouloit faire, De fon malheur dont on pouvoit médire : Et le plaignit fans le venger... : Pour Hippocrate, il n'ofa plus paroître. Il fembloit au peuple malin Ce récit eft femé de détails à la fois piquans & fenfés. On ne peut mieux narrer. Mais j'avoue, & cette critique ne regarde que l'Auteur original, que le fonds du Conte me fait de la peine. C'est celui d'Ariftote amoureux, de M. Piis, & du Philofophe amoureux, de M. Marmontel. On a beau y répandre tous les agrémens que ces Auteurs ont fu lui prêter, ainfi que M. Imbert; il en résulte au bout du compte, que l'on y joue la Vertu & la Science. C'eft peindre Socrate au milieu des nuées. Quel eft d'ailleurs le Sage ou le Héros qui puiffe réfifter aux féductions de la beauté Turenne lui-même n'a pas fu s'en défendre. ? د L'efpace fi bien rempli par ce Fabliau, n'en laiffe plus pour annoncer, fi ce n'eft par leur titre les autres Pièces de ce genre contenues dans ces Etrennes tels que l'Ombre d'Etienne, Yvain & Rofamonde, la Nouvelle Mappemonde, le Danger de la Liberté, le Mifanthrope. Mais il eft jufte de tranfcrire du moins ici le Préambule des cent louis, Conte par M. Mugnerot. Cette préférence lui eft due d'autant mieux qu'il a fourni au Recueil un très-grand nombre de Pièces. Depuis la mort de ce bon La Fontaine, De nos Rimeurs n'exercent plus la veine. Par-ci, par-là, deux ou trois mots dorés ; A la fin du Conte on arrive Sans que dans l'ame aucun trait foit resté ; Qui mieux que toi d'un Conte bien curdi Pudeur, qui tout haut en murmure, C'est donner verges contre moi. Mieux, beaucoup mieux auroit valu je croi, Or la voici, fans autre commentaire On ne doit pas être étonné du goût que l'Auteur montre pour M. Robbé. C'est une affaire de fympathie. Il a beaucoup de fa |