Un nombre en foi, par foi multiplié, compté; Une conjonction; une courbe; un bateau; (Par le même. ) NOUVELLES LITTÉRAIRES. ÉTRENNES DE MNÉMOSYNE, ou Rey cueil d'Épigrammmes & de Contes en vers, 1788. A Paris, chez Knapen & Fils, Imprimeurs-Libraires, rue SaintAndré-des-Arts, au bas du Pont SaintMichel. ON N ne fera jamais renoncer le François aux bagatelles agréables. L'efprit léger qui préfide à fes modes, étend fon influence fur les Arts & fur les Lettres. Peuple gai, vif, & un peu malin, il aime les bons mots, les facéties les contes pour rire. M. Knapen a imaginé de lui donner déformais chaque année des Etrennes récréatives cn ce genre. Quoiqu'il n'ait fongé qu'au mois d'Octobre dernier à exécuter cette idée, il fe feroit trouvé, dit-il, en état de publier un Volume plus confidérable s'il eût été moins févère dans le choix des Contes & des Epigrammes qui le compofent. Cela fe conçoit fans peine. Une Epigramme, une faillie ne doivent guère excéder la mefure d'un quarrain d'un fixain, & d'un huitain. Boileau a dit dans l'Art Poétique: L'Épigramme plus libre, en fon tour plus borné, N'eft fouvent qu'un bon mot de deux rimes orné. Cette carrière fi courte eft facile à courir. On a pas befoin pour cela du Cheval Pégafe, qui d'ailleurs ne pourroit fuffire à tant d'Ecuyers, & feroit bientôt hors d'haleine. C'eft de ce genre de Pièces légères qu'il eft vrai fur-tout de dire: ·Condimus indocti, doctique Poemata paffim. Mais parmi les noms des Amateurs dont les productions légères ont paru dignes d'être publiées, on trouve des Auteurs très-connus, & faits pour donner une idée avantageufe du Recueil. Je puis placer à la tête de ceux-ci M. Imbert, qui s'eft amusé à embellir le canevas des anciens Fabliaux, d'une broderie élégante, poétique, & deffinée avec grace. Celui dont M. Knapen a orné ses Etrennes de Mnémofyne, eft intitulé Hippocrate. Par le privilége attaché à l'igno à rance de fon fiècle, l'Auteur du Fabliau original a choifi Rome pour le lieu de la fcène; c'est-à-dire qu'il fuppofe Hippocrate contemporain & concitoyen de l'Empereur Augufte. M. Imbert a cru que les règles de l'imitation ne l'aftreignoient pas fuivre cet anachronisme, & il a transporté la Scène à Salamine. Quoique ce Conte foit un peu long, il ne le paroîtra pas aux Lecteurs. Je vais le citer en entier, & fi l'on m'accufe d'avoir cherché à faire valoir cet article & la Collection qui en est le fujer, j'en conviendrai volontiers. O qu'Hippocrate étoit grand Médecin! Il guérit tant & tant, qu'une Statue enfin Comme des Dieux on invoque l'appui. Finit Et Salamine, en peu de par temps, rire au nez qu'elle enfuinoit d'encens. Une Etrangère, jeune & belle, Enchaînoit à fes pas nombre d'adorateurs. Sa naiflance même étoit telle, Que le Roi crut devoir lui rendre des honneurs, Quelques Malins ont dit qu'il cherchoit à lui plaire, Deux vers, au piédestal, exaltoient fur l'airain D'un long éclat de rire. Oh! oh! dit-elle enfin, Un Dieu qui fait guérir, & l'on y meurt encore? Le jour même on vient au Docteur La Belle a tant d'attraits, de grace naturelle !... Bref, cet effai, fait pour fe Ne fert qu'à la justifier. venger d'elle, Eh! que fais-tu, Docteur, quand la gloire t'appelle? Ah! fonge à ta Statue, à ta Divinité. Je parle en vain : fon cœur fe livre à la Beauté ; Qu'il en perd repos & fanté. Le Roi même inquiet lui vint faire vifite. La Cour lui porta fes regrets. Et... des remords d'être fi belle. Puis d'un air fort touché : Je fens bien, entre nous, . Qu'envers l'Etat je deviens criminelle, Si je laiffe mourir un homme tel que vous. Mais jugez-moi : que puis-je faire? Mille témoins n'ont d'autre affaire Que de compter mes pas, les mots que je profère, Er votre amour & votre adreffe Pour vous empêcher de mourir. |