un café, lut les Petites-Affiches, Ouvrage fi utile à Paris! & courut porter le portefeuille au Propriétaire. C'étoit un homme de Finance, qui, voyant un Ecolier, fut touché de fon air honnête, & doubla là récompense. Le jeune Fillot ne pouvoit fe contenir; il fauta de joie, & s'enfuit en courant de toute fa force. Le Financier, furpris de cet amour de l'argent dans un jeune homme, le fit fuivre. Fillot entra chez la Ravaudeufe, & lui remit un louis : c'étoit la huitième partie de ce qu'il avoit reçu. Enfuite, fans s'arrêter, il se rendit à fon Collége tout en fueur. Le domestique alla rendre compte de ce qu'il avoit vu. Le Financier fut curieux : il fit mettre fes chevaux, & vint d'abord chez la Rávaudeufe: il trouva une pauvre femme, & des marmots fort fales; il demanda le nom du jeune homme qui étoit venu chez elle; la malade raconta prolixement fon aventure (c'étoit pour toucher, tant l'art oratoiré eft naturel!) enfuite elle dit :- Monfieur, c'eft un jeune. Ecolier que je voyois tous les jours, mais qui jamais ne m'avoit parlé : ila fu mon accident, & depuis, il m'a tous les deux jours apporté fix francs; aujour d'hui voilà un louis... Mon cher Monfieur, fi c'est votre fils, & qu'il vous ait volé, je tâcherai de vous le rendre un jour. mais vous voyez l'ufage qu'il en fait !... Le Financier ne pouvoit contenir fes larmes: il donna quelque chofe à la malade, & lui promit de ne pas l'abandonner; il lui permit enfuite de recevoir ce que l'Ecolier lui donneroit. Les Ecoliers fortirent du Col lége, & le domeftique, laiffé en fentinelle, vint avertir fon maître : on apperçut Fillor; on le faivit; on le vit entrer chez fes parens. On s'informa. C'étoit le fils aîné d'une maison refpectable. Le Financier fe tut; mais il fuivit la conduite de l'Ecolier. Les huit louis furent fidèlement portés à la malade, qui, à ce terme, fut en convalefcence. Au dernier louis, le Financier, bien fûr de l'emploi, vint fe préfenter chez les parens de Fillot, à l'instant où leur fils rentroit. Il demanda un entretien particulier au père, à la mère, & au parrain, M. de Fondmagne, qui fe trouva là: il leur raconta tout ce qu'il favoit. On appela le jeune homme. M. de Fondmagne lui dit froidement : - C'eft toi qui as trouvé le forte - feuille de Monfieur? Oui, mon parrain! Et tu as reçu de l'argent ! -O mon parrain... c'eft que.... c'est que.... Et il bailla la vue. Qu'en as-tu fait ? En vérité, mon pats rain, rien de mal. Répondez! Je le dirai à ma mère. Et Fillot alla parler bas à l'oreille de sa mère, qui, ne pouvant fe contenir, le preffa contre fon fein. - C'est à moi qu'il l'a donné, dit- elle, & c'est moi qui le lui rendrai.... Allez, mon fils; laiffez-nous un moment.... Dès que fon fils fut forti, cette excellente mère fondit en larmes Elle fe jeta dans les bras de : fon mari, elle embraffoit fon parrain; elle remercioit le Financier. Après m'avoir tout avoué, il m'a prié de dire que c'étoit à moi qu'il l'avoit donné, parce qu'il refpecte cette femme, à caufe de fa mère. ! - Et cet enfant, s'écria le Financier, réparoit le mal que j'avois fait ! C'est mon cabriolet qui a bleffé la femme. Je vois ici le doigt de la Providence! Je perds mon porte-feuille; je double la récompenfe, parce que c'eft un jeune homme, pour l'encourager au bien, & cet argent est donné à celle à qui je le devois !... C'est un ordre de la Providence: cette femme aura une penfion; je prendrai foin de fes huit enfans qu'elle foit éternellement reconnoiffante pour votre cher fils, pour fa digne mère; car les vertus des enfans appartiennent aux parens. Toute la famille de Fillot pouffa un cri 'de joie, de voir la bonne action de Fanfan fructifier auffi heureufement. Vous voilà bien heureufe (dit M. de Fondmagne à fa filleule): c'eft votre ouvrage : continuez; le travail n'eft pas fini, mais qu'il eft heureufement commencé ! (Par M. Rétif de la Bretonne.) Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogriphe du Mercure précédent. E Le mot de laCharade eft Fabrique; celui de T'Énigme eft Quinola; celui du Logogriphe eft Cocher, où l'on trouve Coche, Cor, Croc, Roche, Or, Coc. CHARADE. MOINEAU, qui de l'entier D'une compagne chère Les faveurs regrettant, (Par l'Auteur du Manuel des Oififs, dont ÉNIGM E. JE fuis un lieu trop méprilé (Je ne fais par quel préjugé,) Car tout refpire en moi grandeur, fanté, fervice D'Agriculture & de Milice; Le Noble, ainfi que le Soldat, Ont acquis dans mon fein leur titre & leur état; Mon fein, bien plus heureux, fut autrefois l'afile, Le fort, l'unique domicile De celui.... j'en dis trop ! l'Univers m'apperçoit, Et ne dédaigne plus mon être, quel qu'il foit. (Par M. de Bouffannelle, Brig. des A. du Roi. ) LOGO GRIPHE. JE fuis l'armé d'un ancien Reître, Une arme à feu ! c'eft-là mon premier être s Trois villes; un fleuve orgueilleux ; Ce qui fe dit des chiens, des chevaux, des Héros, Même des Rois; le nom d'un cruel, d'un avares Celui de ce frère barbare ; |