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Dès qu'on eut annoncé au roi l'arrivée de Numan bey, S. M. defcendit dans la falle du fénat, & fe plaça fur fon trône : les fénateurs & les miniftres occupement leurs places felon leur rang. Numan bey étant defcendu de cheval, fut reçu au pied du premier efcalier par les gentilshommes de la chambre du roi, qui l'introduitirent dans la falle du fénat. L'ambaifadeur ayant été conduit près du tabouret du maréchal du royaume deux chambellans le menerent jusqu'au pied du trône, où ayant pris les lettres des mains de fon fecrétaire, qui l'avoit fuivi, il les préfenta au roi : S. Maj. les ayant acceptées, les remit au comte Mlodziejowski, grand-chancelier du royaume, & les deux chambellans reconduisirent l'ambasfadeur, la face toujours tournée vers le trône jufqu'au milieu de la falle, où l'on avoit mis deux carreaux, un grand & un petit de foie rouge brodée en or. Numan-bey s'y plaça fuivant l'ufage des Turcs; & le maréchal Rzewuski lui ayant fait figne du bâton, qu'il pouvoit parler, il fit une inclination de tête vers le trône, & prononça un long difcours, portant en fubftance: Que le trèspuiffant, le très-invincible Abdul-Hamed, fils de Mahomet, imitateur d'Alexandre le Grand, ferviteur des deux cités, maître des deux parties, du monde, l'avoit envoyé au féréniffime, au trèsmagnifique, très-vertueux roi Stanislas, pour lut annoncer que l'empereur fon. maitre s'en tiendroit toujours religieufement au traité de paix conclu à Carlowitz entre les deur nations; que, depuis longtems, il avoit voulu lui envoyer un ambaffadeur fur cet objet, mais que d'autres circonftances l'avoient empêché jufqu'ici de s'acquitter de fa bonne volonté, & que ces circonstances n'exiftant plus, il faifoit affurer le roi, fon bon ami tranquille voifin, de fes intentions à cet égard. M. Krutha, interprête du royaume, ayant rendu ce ΑΣ

difcours en latin, le grand-chancelier, qui étoit debout à la droite du trône, y répondit en la même langue, & cette réponse fut rendue en langue turque par le même interprête.

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L'audience étant finie, le comte de Rzewuski frappa de fon bâton de maréchal, & dit à Numan-bey; Généreux internonce, vous pouvez maintenant vous retirer. Numan-bey fut conduit alors chez le comte de Rzewuski, où, après avoir pris du café, il dîna à une table de 40 couverts, avec les fénateurs, miniftres & grands officiers de la couronne. Son fecrétaire d'ambaffade & fes principaux officiers étoient à une autre table de 12 couverts, dont le colonel Bachminski faifoit les honneurs; les autres officiers inférieurs furent fervis à une troifieme table de 18 couverts. Numan-bey ne viola pas le précepte de l'Alcoran qui défend l'ufage du vin il ne but que de la limonade, & mangea fort peu. En fortant de l'audience on lui ôta un turban blanc fort élevé, pour lui en donner un jaune de moindre volume; il quitta auffi fa peliffe de marte zibeline, & en mit une d'hermine moins pefante. Après le repas, on lui donna à laver avec de l'eau, du favon & des herbes; enfuite il paffa dans un autre appartement, où on lui offrit du café, des confitures, des pipes, du tabac, des eaux de fenteur, & de l'encens, qui fut brûlé. Telle eft, à peu près, l'étiquette qui fut fuivie dans cette cérémonie.

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De retour à fon hôtel, où il fut reconduit avec le même appareil, il envoya un très-beau cheval turc au comte de Rzewuski. Quant aux préfens que cet internonce a fait offrir au roi de là part du grand-feigneur, ils confiftent en quatre fuperbes chevaux richement caparaçonnés en quelques pieces d'étoffes précieufes. Ce miniftre jouit ici du même traitement qui a été ac

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cordé à celui de la république qui eft actuellement à Conftantinople; il eft de 52 ducats par jour. Les gens de fa fuite font un commerce affez lucratif de marchandifes du levant, & ont des Juifs pour courtiers.

Le 26, le roi eft parti pour aller à Kozienice, & à Pulawi. Quelques jours auparavant, le comte de Mnifzeck, caftellan de Cracovie, & l'un des chefs de la confédération de Bar, étoit arrivé ici, & avoit été faire ses foumissions à S. Maj.

Depuis le départ de M. Gaudi, ce commiffaire pruffien qui a terminé l'affaire des limites on ne s'apperçoit pas que la cour de Berlin fé foit occupée de celle qui concerne le commerce; les douaniers pruffiens continuent de percevoir 30 & 40 pour 100 de droits fur les marchandifes & denrées importées en Pologne, & fur celles qui en font exportées. La cour de Vienne agiffant d'après des principes tout différens vient de faire diminuer de 2 pour 100 tous les droits de tranfit, afin de faire prendre la route de fes états à une partie de l'importation néceffaire à la Pologne. Cette opération, qui réduit ces droits au tiers de ce qu'ils étoient il y a deux ans, déterminera infailliblement les marchands à prendre la route la moins onéreuse.

On vient d'apprendre par un courier arrivé de Pétrikau, que le nouveau tribunal de la couronne y a été établi au gré de la nation, & avec la plus parfaite tranquillité. L'élection du maréchal n'a rencontré aucune difficulté; & tous les fuffrages le font réunis en faveur du comte Krafinski, quartier-maître-général de la couronne.

La comteffe douairiere Branicka, née Poniatowska, fœur du roi, a fait faire, le 18 Août dernier & les deux jours fuivans, dans l'églife de St. Pierre à Cracovie, de magnifiques obse

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ques au comte Branicki, caftellan de Cracovie grand-général de la couronne, chevalier des ordres de l'aigle-blanc, de la toifon d'or, & de St. André, dont le corps y étoit en dépôt depuis 5 à 6 ans dans une chapelle fondée par les ancêtres de ce feigneur. Lorfque le cercueil fut defcendu dans le caveau, on y dépofa auff l'écu de fes armes, fon illuftre maifon s'étant éteinte en fa perfonne.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 12 Septembre.) Le duc d'Of rogothie, qui étoit arrivé ici le 8 de ce mois fous le nom de comte d'Oeland, en eft reparti kier II, pour retourner à Stockholm.

Il est toujours queftion d'alliances entre l'Angleterre & quelques autres puiflances, qui ont pour principal objet le maintien de l'équilibre dans la balance politique de l'Europe, & la fareté des états de S. M. britannique. Il exifte, dit-on, entre la cour de Pétersbourg & celle de Londres un traité particulier en vertu duquel la premiere fournira 30 mille hommes, mais dont la deftination ne fera point pour l'Améri que. Dans le cas où l'Allemagne deviendroit le théâtre de la guerre, ce corps de troupes ruf, fes fe porteroit dans le Hanovre, & pourvoiroit à la défense de cet électorat; & s'il arrivoit que la Ruffie eût à foutenir une guerre qui exigeât des forces navales extraordinaires, l'Angleterre, s'engage de fon côté à lui fournir un certain nombre de vaiffeaux de guerre équipés & armész

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BERLIN (le to Septembre: Le roi revint le 31 de ce mois, de la Siléfie à Potzdam. S. M., qui a pour maxime que l'œil du fouverain anime out, & qu'il fortifie dans tous les individus

d'un corps militaire, le defir de se diftinguer en rempliffant à l'envi, tous les devoirs de leur état, ne manque jamais de parcourir fes différ rentes provinces, & d'y remplir les fonctions d'inspecteur-général de fon armée. C'est ainsi que ce prince juge par lui-même de l'exactitude ou de la négligence des officiers de tous les grades; & s'il punit féverement les infractions a fes or donnances, le mérite n'a pas besoin de protect tion pour être auffi-tôt récompensé que connu. Ses officiers ne lui font point étrangers; il les voit, & leur parle à la tête de leurs troupes, & c'eft fouvent fur le terrein de farevue, qu'après leur avoir marqué fa fatisfaction fur la tenue, ou fur la précifion des évolutions, il leur fait annoncer la diftribution de fes graces. C'est ce qui eft arrivé au camp de Breslau, où S. M. a décla ré la promotion fuivante.

Les généraux-majors de Pomeiske, de Lolhoffel, de Renzel, & de Loffow, ont été élevés au grade de lieutenant-général, les deux premiers dans la cavalerie, & les deux autres dans l'infanterie : les colonels comte de Gortz, de Pofadowski, de Bohlen, comte de Lottum, de Thun, de Marwitz, d'Erlach, & de Rohr ont été nommés généraux-majors, les deux derniers dans l'infanterie, les autres dans la cavalerie. S.. M. a accordé en même tems au général-major de Papfein fa retraite avec une penfion, vu fon âge avancé; au général-major de Thun le régi ment de dragons du feu général d'Alvensleben; au général-major de Mar witz celui de cuiraffiers. du feu général de Manftein; & au lieutenantcolonel de Trayard le régiment de garnifon du feu, colonel de Tumpling. Elle a fait expédier des lettres de légitimation au fils naturel du lieu enant-général de Belling, chef d'un régiment: de bullards.

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