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CHAPITRE VIII

En France, de 1848 à 1906

I. SOUS LE SECOND EMPIRE ET LA TROISIÈME RÉpublique.
II. ROMANS ET DRAMES. A. DUMAS, E. AUGIER, etc.
III. 1880-1901. DANS LES CHAMBRES FRANÇAISES.
IV. ANTIJÉSUITISME SECTAIRE ET FRANC-MAÇON.
V. CONCLUSION.

I

Revenons en France.

L'antijésuitisme, sous la monarchie de Juillet, n'avait pas eu toutes les suites qu'on s'en était promis. Il avait abouti à la mission Rossi, c'est-à-dire en somme à rien de sérieux. En 1849, lors des grands débats autour de la liberté d'enseignement, les Jésuites furent encore mis en cause il s'agissait de savoir si, Français comme tout le monde, ils auraient, comme tout le monde, leur part des libertés françaises. A cette occasion, M. Thiers fit encore une charge à fond contre

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eux, cita les arrêts du parlement, invoqua Bossuet, l'opposition d'une partie notable du clergé, les répugnances de l'esprit public; il leur reprocha de n'être pas un Ordre vraiment français, et le reste. Victor Cousin vint à la rescousse. Cela se passait non à la Chambre mais à la Commission. L'abbé Dupanloup défendit les Jésuites. Il le fit avec tant de force qu'en sortant Thiers disait : « Cousin, Cousin, il a raison l'abbé, nous avons combattu contre la justice ». Cette fois la justice l'emporta (1).

Pour une trentaine d'années il n'y eut plus d'antijésuitisme parlementaire et politique. Tout au plus pourrions-nous signaler, à la tribune du Sénat, sous l'empire, quelques sorties du président Bonjean. Elles ne prouvent qu'une chose, c'est que l'esprit d'Etienne Pasquier, et d'Arnauld l'ancien, de la Chalotais et de Montlosier, se transmettait de génération en génération, s'adaptait à tous les régimes, et que, partout et toujours, sans autres preuves qu'un préjugé indiscuté, on considérait la Compagnie de Jésus comme incompatible avec les gouvernements quels qu'ils fussent. Elle est, disait-on, une société politique, pas autre chose. Quant à son programme, on l'interprétait au gré des circonstances. Les parlementaires de Louis XV avaient présenté les Jésuites, qu'ils voulaient perdre, en adversaires de la royauté. Ceux de Louis-Philippe et du second Empire, les voyant, avec la grande majorité des catholiques

(1) De la Gorce, Histoire de la seconde République, I, p. 284. H. de Lacombe, Les débats de la Commission de 1849, Paris, 1879, p. 322. Lecanuet, Montalembert, t. II, p. 456 et suiv.

d'alors, fidèles à la monarchie traditionnelle, en firent les ennemis irréconciliables de tout système libéral et républicain. Leurs missionnaires de campagne, sans doute pour avoir rappelé aux riches leurs devoirs, furent accusés de propagande socialiste. Mais qu'importent les prémisses? la conclusion seule comptait pas de Jésuites (1). Pendant un bon quart de siècle, on s'en tint là.

Trente ans de paix dans un pays, surtout dans un pays miné par la révolution, c'est beaucoup pour la Compagnie de Jésus. Il est vrai que sur les frontières, il n'en était pas de même. Il est vrai encore qu'en 1871, elle eut à payer l'impôt du sang. Mais les massacres de la Commune, qui enrichissaient de cinq nouveaux noms son long martyrologe furent un épisode sans lende-main. Durant ce temps, l'antijésuitisme français sommeille; ou plutôt il se confine dans la littérature. Drames et romans, livres d'histoire et de critique, forment un petit courant ininterrompu où les outrances d'Eugène Sue et de Michelet se diluent et se rendent acceptables. Nous parlerons plus loin des auteurs de cette période, comme Sainte-Beuve et Taine, qui se sont occupés des Jésuites, non en sectaires, mais simplement en savants prévenus. Tenons nous en pour le moment à la littérature de fiction.

(1) Voir dans la Vie du R. P. X. de Ravignan, par le Père de Ponlevoy, t. II, p. 178, la conversation de ce Père avec Napoléon III, en 1854. du Lac, Jésuiles, p. 209.

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