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CHAPITRE VI

Autour de Michelet

(1843-1845)

I. LA REPRISE DES POLÉMIQUES. ANTIJÉSUITISME UNIVER

SITAIRE.

II. LES LEÇONS DU COLLÈGE DE FRANCE, AVRIL-JUIN 1843. LE JÉSUITE D'APRÈS QUINET.

III. D'APRÈS MICHELET. « L'HOMME VIDÉ ».

IV. « Le prêtre, la femme, la famille. »

V. A LA TRIBUNE, COUSIN, VILLEMAIN, ETC., 1844-1845. VI. EUGÈNE SUE ET Le Juif errant, 1844. VII. ECHOS HORS de France. Gioberti (1).

I

Le delirium Jesuiticum avait duré quatre ans. La monarchie traditionnelle tombée et disparue, on sentit

(1) Michelet-Quinet, Les Jésuites, in-8°, 1843; Michelet, Du prêtre, de la femme et de la famille, 1844; Histoire de France, passim, spécialement, t. XI, ch. 4; XII, ch. 8, 25; XIII, ch. 6; Guizot, Mémoires, t. VI, ch. 43; Cousin, Défense de l'Université et de la philosophie,

le besoin de respirer un peu, et au reste on était assez - occupé par ailleurs. C'est en 1839 seulement que Lamartine dit son mot historique : « La France est une nation qui s'ennuie ». Les Jésuites eurent donc une dizaine d'années pour se faire oublier. On ne les craignait plus et les braves se répétaient à l'envi qu'après tout ces hommes noirs n'étaient pas si redoutables (1). Mais les questions intéressantes finirent par s'user. L'émeute elle-même devenait chose banale. Il fallait du nouveau. << Quand on n'a plus rien, le mot est attribué à Benjamin Constant, eh bien! il reste les Jésuites. Je les sonne comme un valet de chambre, ils arrivent toujours ». On les sonna en 1843.

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Depuis deux ans déjà, de légers indices présageaient la tempête. Un certain antijésuitisme décent est de rigueur dans l'Université. Rivalité corporative, tradition

Paris, 1844; Thiers, Discours, VI, p. 617, (interpellation du 3 mai 1845); Montalembert, Discours, t. I, p. 471 (8 mai 1844); Œuvres polémiques, t. II, p. 93, 134, 189; (La liberté de l'enseignement au collège de France), etc.; Veuillot, Mélanges, 1re série, t. I et II; Berryer, Discours parlementaires, t. III, p. 543, (interpellation du 3 mai 1845); (Des Garets) Le monopole universitaire, Paris-Lyon, 1843; H. de Riancey, Hist. critique et législative de... la liberté d'enseignement en France, t. II, 4e époque, t. IV et V, 2 in-8, Paris, 1844; P. de Ravignan, De l'Existence et de l'Institut des Jésuites, 1844; (Cahour), Des Jésuites par un Jésuite, 1843-44; Nettement, Etudes critiques sur le roman-feuilleton, 1845; Littérature française sous le gouvernement de juillet, 2 in-8°, 1876; Pontlevoy, Vie du Père de Ravignan; Thureau-Dangin, L'Eglise et l'Etat sous la monarchie de `juillet, 1880, in-12; La monarchie de juillet, 7 in-8°, 1886-1896, t. V et VI; Le Canuet, Montalembert, t. II, 1898; Berryer, ch. XII, Paris, 1893; E. Veuillot, Louis Veuillot, t. I, ch. XVII.

(1) Crétineau-Joly, t. IV, ch. 6.

:

trois fois séculaire, héritage à la fois de l'ancienne Sorbonne gallicane, de Port-Royal et de l'Encyclopédie, hostilité consciente pour toutes les formes d'ultramontanisme il y a d'autres raisons encore peut-être. Quoi qu'il en soit, aux environs de 1840, l'antijésuitisme révolutionnaire entra en crise aiguë. Les premiers symptômes furent une admiration très soulignée pour Port-Royal.

Ce ne fut pas peut-être par amour pur du beau que Cousin mettait les Provinciales au programme. Un livre à l'Index! On s'en émut on vit là une provocation voltairienne, une dérision aux lois de l'Eglise.

Mais il y avait autre chose et les grands universitaires ne s'en cachaient qu'à moitié. Si Pascal et les jansénistes étaient à l'ordre du jour, les Jésuites n'étaient pas étrangers à ce renouveau de popularité. On faisait recommencer à l'auteur des Provinciales sa campagne de 1656. Seulement, cette fois, ceux qui l'exploitaient étaient fils de ces libertins qu'il avait jadis combattus. << Pascal, disait M. Lherminier dans la Revue des DeuxMondes (15 mai 1842), écrivit les Provinciales, et le démon de l'ironie fut déchaîné sur les choses saintes. Les Jésuites reçoivent en apparence tous les coups, mais la religion en est frappée avec eux. Pascal a préparé les voies à Voltaire. » Voltaire, en 1842, s'appelait Villemain, Thiers, Cousin, Génin, Libri, Michelet, Quinet, Dupin, Mignet, et vingt autres.

Sur quoi, vers ce temps-là, un séminariste qui venait d'abandonner la soutane, le jeune Renan, écrivait dans son carnet : « Un des plus grands ridicules

de cette superficielle Université, et une des choses qui montrent le mieux sa manière de juger toute extérieure, toute réaction, toute fondée sur des considérations extrinsèques, c'est son engouement pour Port-Royal. D'ailleurs je mets en fait que rien de plus antipathique à l'esprit général de l'Université; jamais héritage ne fut plus illégitime. Mais il y a communauté de haines, et cela suffit. Il faut trouver contre le clergé et les Jésuites des ancêtres dans le passé il y a les jansénistes et Port-Royal. Cela suffit : nous sommes frères.. >>

Suit une charge à fond irritée, excessive, contre les écrivains trop vantés du jansénisme : « Rien de plus creux, de plus plat, de plus mat, de moins savant... Oh! en vérité, poursuit-il, ceci est inimitable! Des têtes creuses, des hommes à bluettes, Jules Janin, SainteBeuve (Histoire de Port-Royal, par Sainte-Beuve, etc.), Garnier même, qui se mettent de la partie et tombent en pamoison devant Port-Royal. Voilà des hommes! des travailleurs! Si ç'avaient été des Jésuites! ah! certes, quelle différence! On eût assombri les couleurs. C'eût été un repaire de rebelles, de fakirs, de sombres et moroses rigoristes (oui, oui), de froids écrivains. Mais ce furent les récalcitrants contre Rome et les Jésuites; cela suffit. Ah! que ne puis-je rendre la rage que je conçois contre ces idiots, ces bêtes, ces imbéciles... » Arrêtons la citation : cette colère toute en gros mots est d'un jeune homme grisé de science allemande qui ne pardonne pas aux solitaires leur dédain transcendant de la critique. Elle s'atténuera : un jour, Renan comme les autres, et à la suite de Sainte

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