صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

CHAPITRE III

Le Monita Secreta

(1614)

I.

II.

III.

[ocr errors]

FOND ET FORME DES Monita.

L'AUTEUR.

LA LITTÉRATURE D'Apostat. Jarrige.

IV. SUCCÈS DES Monita AU XVIIe ET XVIIIE SIÈCLE.

V.

[ocr errors]

- CE QU'ON EN GARDE. LES CONSTITUTIONS SECRÈTES. Les richesses des Jésuites (1).

Paulo minora.....

I

Nous avons déjà le Jésuite assassin, le Jésuite incendiaire, le Jésuite fabricant de poisons, sorcier, séduc

(1) On trouvera une bibliographie abondante dans Paul Bernard, les Instructions secrètes des Jésuites 1903, (Collection Science et religion).

Voir surtout Gretzer, Opera omnia, t. XI. « Contra famosum libellum cujus inscriptio est Monita privata S. J., etc., Libri tres apologetici; Van Aken. La fable des Monita Secreta, Bruxelles 1882; Wielewicki. Historicum Diarium Domus professae Soc. Jesu ad

teur, séditieux, menteur, régicide. A ce beau portrait, un peu tous les pays et toutes les sectes ont mis la main. Nous ne sommes pas au bout. Voici maintenant le Jésuite doucement intrigant, mystique accapareur d'héritages, monstrueusement riche ad majorem Dei gloriam, cherchant per fas et nefas à augmenter son influence auprès des princes, le Jésuite avec sa politique souterraine, partout la même, invariable sous tous les climats; bref le Jésuite des Monita Secreta.

Pour faire cette découverte, on n'avait pas attendu l'année 1614 et le pamphlet polonais. Dès lors que les Jésuites gagnaient la faveur des populations et des princes, que leurs collèges regorgeaient d'élèves, que leurs confessionnaux étaient assiégés et leur situation florissante, il fallait bien a ces faits trouver une explication. La légende, pour répondre à ce petit problème, avait, dès le premier jour, nous l'avons vu en Allemagne, trouvé des solutions originales. Reste que pas un pamphlet n'a plus fait que les Monita pour la populariser et l'entretenir trois siècles durant.

Donc, en août 1614, commençait à circuler dans le public de Cracovie un opuscule intitulé Monita privata Societatis Jesu. Il portait la date 1612, et comme lieu d'impression une ville introuvable sur les cartes, Notobirga.

S. Barbaram, dans les Scriptores rerum Polon, t. XIV, Cracovie, 1889, p. 125 (cf. Sommervogel, L'auteur des Monita. Précis historiques, 1890); B. Duhr., Jesuiten Fabeln., p. 45-66; Articles des PP. J. Rickaby et J. Gérard, the Month, 1893, t. I; 1901, t. II. Civilta Cattolica, 18 série, t. V. (1902), p. 695; Pilatus, Der Jesuitismus, 437, 466.

Le titre fournissait quelques renseignements préliminaires. On avait trouvé à Padoue un manuscrit espagnol, égaré des archives secrètes de la Compagnie. Traduit en latin, envoyé à Vienne, puis à Cracovie, on le donnait enfin au public. C'était un recueil d'instructions secrètes destinées aux seuls supérieurs et initiés de l'Ordre.

Il comprenait seize petits chapitres divisés en numéros.

I. De quelle manière la Société doit se conduire lorsqu'elle commence quelque fondation. II. De quelle manière les pères de la Société pourront acquérir et conserver la familiarité des princes, grands et personnes considérables. - III. Comment la Société doit se conduire à l'égard de ceux qui sont de grande autorité dans l'État, et quoi qu'ils ne soient pas riches, peuvent néanmoins rendre d'autres services..... VI. De la manière de gagner les veuves riches. VII. Comment il faut entretenir les veuves et disposer des biens qu'elles ont. VIII. Comment il faut faire afin que les enfants des veuves embrassent l'état de religieux ou de dévotion, etc., etc. Le tout se terminait par une recommandation expresse de tenir le document secret (1).

Le style parodiait assez bien celui des règles et pièces officielles de la Compagnie. Quand au fond, c'était d'un bout à l'autre, un code doucereux d'accaparement et de domination universelle.

En résumé, pour ce qui regarde l'accroissement

(1) Nous décrivons l'édition princeps. Celles qui ont cours aujourd'hui ont un chapitre de plus, le dernier, et l'épilogue est devenu l'avant-propos.

matériel et l'enrichissement de l'Ordre, les Supérieurs procéderont de la manière suivante. Ils représenteront aux personnes riches et pieuses, l'extrême nécessité des maisons. Quand on aura quelque aumône, il sera bon de la distribuer aux indigents, ce qui édifiera et attirera des dons plus considérables. Cacher soigneusement l'état des biens et revenus de la Société. Ne jamais rien acheter que sous des noms d'emprunt, et cela pour garder toujours les dehors de la pauvreté.

Un point capital, c'est de savoir circonvenir les riches veuves. On élira pour ce ministère délicat des pères âgés, mais vifs et de conversation enjouée. Ils visiteront ces intéressantes personnes et leur montreront beaucoup d'intérêt. On aura soin de leur choisir un confesseur, qui leur peindra la beauté de l'état du veuvage et éloignera d'elles toutes conversations et rapports qui leur donneraient la tentation de se remarier. On leur composera une domesticité de gens dévoués à la Société. Si elles tombent malades, c'est encore un médecin ami qu'on leur enverra, de sorte que, en danger de mort, les pères soient appelés à temps. On les amènera, sous la direction du confesseur, à multiplier les bonnes œuvres; bref, on ne les perdra pas de vue qu'on ne les ait complètement dépouillées. Ont-elles des enfants? ce sera plus compliqué. On les exhortera à pousser leurs filles vers la vie religieuse et on accaparera les fils pour la Société. Voilà comment on mettra la main sur de gras et utiles héritages.

Passons à la faveur des princes. Encore un trésor à s'approprier. Pour cela, flatter leurs penchants, spécia

lement favoriser leur goût pervers pour le mariage avec des parentes à des degrés prohibés. S'immiscer dans dans les querelles entre seigneurs, pour avoir l'honneur de les amener à la réconciliation. Acheter leurs serviteurs et domestiques, pour mieux pénétrer leurs inclinations et humeurs et en tirer bon profit. Au confessionnal, en user avec eux en toute douceur. En chaire, ne jamais les reprendre. Leur recommander, pour les dignités et charges publiques, les amis de la Société. Pour avancer les affaires de l'Ordre, se faire confier des missions auprès des princes voisins et des grands monarques. Mettre à la disposition des Seigneurs des casuistes relâchés, notons ce détail. Quand aux prélats, curés, dignitaires ecclésiastiques, le moyen de les gagner, c'est de leur rendre de grands honneurs, les entourer de considération, les édifier par des exercices spirituels on arrivera ainsi à mettre la main sur les prieurés, paroisses, bénéfices, fondations.

Inutile de poursuivre, on voit assez le genre. Sacrifier tout, Dieu et les hommes, son âme et le ciel, au bien temporel de la Compagnie. Employer tous les moyens, fraude, ruse, mensonge, calomnie, politique, flagorneries.

En somme, l'auteur avait draîné tous les préjugés, cancans, médisances, racontars qui peuvent s'infiltrer dans une population mi-catholique, mi-protestante, comme était la Pologne d'alors; et, prenant pour modèle les Monita generalia naguère envoyés par le P. Aquaviva à toute la Compagnie, il en avait composé une sorte de code satirique.

« السابقةمتابعة »