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L'ACCUSATION.

CONDITIONS DE L'APOSTOLAT CATHOLIQUE EN ANGLE-
TERRE SOUS ELISABETH ET SES SUCCESseurs.
EQUIVOQUES ET RESTRICTIONS MENTALES. DOCTRINES

PROTESTANTES ET AUTRES.

DÉCLARATIONS DU P. H. GARNET.

DE QUEL COTÉ ÉTAIT LE MENSONGE? (1)

I

Ne sortons pas encore de l'Angleterre.

Pour leurs œuvres souterraines, les Jésuites ne manquent pas de bons instruments. Ils ont dans leurs rangs, des hommes de toute sorte, et, comme dit Et. Pasquier, << de tout poil », des doux, des savants, des laborieux et

(1) Pour les livres à consulter, voir le chapitre précédent.

aussi des violents. « Mais surtout ils ont des doctrines à tout faire, et des principes commodes pour toutes les circonstances. » De même que, dans leurs missions, écrit Michelet, ils employaient tous les costumes (surtout celui d'hommes d'épée); ils paraissent aussi en justice avec toutes sortes de doctrines et d'affirmations diverses. Les tribunaux ne savent comment prendre ces esprits fuyant dans leurs démentis éternels. Généralement, ils nient d'abord, puis, convaincus, ils avouent, et à l'échafaud ils nient. Forts des principes d'Ignace (obéissez jusqu'au péché mortel inclusivement) (1), ils mentent hardiment dans la mort, sùrs d'être justifiés par le devoir d'obéissance. Sur toute chose, oui et non. Cependant lorsqu'on connait leur unité stricte, lorsqu'on sait que chaque livre publié est examiné, discuté, approuvé par la censure très attentive de l'Ordre, on comprend que leurs divergences, leurs contradictions apparentes, leurs reculades d'un moment sur tel ou tel point sont préméditées et voulues (2). »

Conspirateur partout et quand même, le Jésuite devait avoir tous les défauts de son métier. On ne conspire pas à ciel ouvert et cartes sur tables. Nécessairement donc ce faiseur de complots sera l'homme des menées occultes, l'homme dissimulé, tortueux, faux, fourbe,

menteur.

Je ne prétends pas que les pamphlétaires anglicans

(1) Sur ce «< principe d'Ignace » nous reviendrons plus loin. (2) Michelet, Hist. de France, t. XII, p. 100. Est-il nécessaire de faire remarquer que Michelet suppose ici une suite dans les idées, qui est psychologiquement invraisemblable?

aient eu ici le mérite de l'invention. Depuis longtemps, en France, nous l'avons noté plus haut, dans les milieux universitaires et parlementaires, la réputation des Jésuites, sur ce point comme sur tant d'autres, était fixée. Mais nous croyons pouvoir dire que, nulle part, elle ne fut accentuée et poussée au noir comme en Angleterre. Il ne s'agit plus de gens retors et finassiers qui veulent gagner leurs procès, il s'agit de criminels publics, qui au nombre de leurs armes favorites ont mis le mensonge, mais le mensonge élevé à la hauteur d'une théorie, le mensonge justifié, purifié, rendu facile, innocent et vertueux, sous le nom d'équivoque et de restriction mentale.

Et l'accusation dure toujours. Dans un pamphlet anonyme, paru il y a une dizaine d'années et intitulé: The Jésuits, What are they? Who are they? What have they done? What are they doing, on lit la préface suivante signée, elle, du Rév. F. A. C. Lillingston, de l'Eglise établie.

« Comme je suis assuré que les temps sont dangereux, que, si nous ne veillons pas, serrés de près contre le Christ, nous serons détachés facilement de la foi jadis prêchée aux saints, c'est avec un plaisir sincère que je salue toute publication ayant pour but de nous ouvrir les yeux sur les terribles iniquités du système romain, et le caractère serpentin du système Jésuite. Les Anglais sont lents à croire à la trahison. Etre hardi, aller droit son chemin, rester franc, quoi qu'il en coûte, voilà une de nos caractéristiques nationales. Je m'en réjouis. Mais ne fermons pas les yeux sur les manoeuvres rampantes

de l'Eglise de Rome. Il y a une particularité chez les ritualistes qui fait soupçonner, de leur part, une alliance avec les Jésuites. Ils ne sont jamais ouverts. Invariablement ils pratiquent la doctrine des réserves mentales. Ils vont détruisant la franchise de milliers de jeunes clergymen dans l'Eglise d'Angleterre, etc.

« Debout, debout, Anglais; debout pour le Christ notre Seigneur, et pas de papisme (1)! »

II

Pour comprendre l'origine de cet indéracinable préjugé, il faut se rappeler dans quelles conditions, en ce temps-là, non seulement les Jésuites, mais tous les prêtres catholiques avaient à remplir leur apostolat.

Songeons d'abord aux lois pénales qui, dès les premières années d'Elisabeth, enserrèrent les catholiques, et, pendant cent ans, ne firent que s'accumuler, jusqu'à l'étouffement complet de la liberté (2).

Lois exigeant du clergé, du parlement, des fonctionnaires, de tous les suspects, le serment de suprématie, c'est-à-dire un acte de renonciation à l'autorité, même spirituelle, de l'évêque de Rome. Au premier refus, perte de ses charges, confiscation des biens et terres, et

(1) Cfr. le Month. Déc. 1895, p. 507.

(2) On en trouvera une liste partielle dressée par J. Gérard (l'ancien), dans Morris, op. cit., p. 317. Elle s'arrête à l'année 1603.

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