صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

coups de bombes à main, chuchotter et rire tandis que Londres brûle, remplir les caves de matières combustibles; lancer, nouveaux Samsons, des renards, leur torche allumée à la queue. Pour légende, un long poème : on y apprend que le nom d'Ignace a été pris par le père des Jésuites pour rappeler son origine ignée. Il est né d'une étincelle partie de la forge de Vulcain. Les Romanistes, ses fidèles disciples, en fait de feu, ne veulent que des brasiers à faire rôtir un taureau, a bull, entendez John Bull... Leur but suprême est d'anticiper, si possible, sur la conflagration du jugement dernier.

Toutes ces accusations folles devaient avoir leur couronnement dans le fameux Complot papiste de 1678. Il se trouve encore des gens, parait-il, pour croire, sur la foi de Titus Oates qu'en ce temps-là le Pape Innocent XI avait monté une immense conspiration pour remettre l'Angleterre sous le joug de Rome; que le général des Jésuites, Jean Paul Oliva, était le chef actif de l'entreprise; qu'à Madrid, Paris, Vienne, un Jésuite, ordinairement le confesseur du roi, menait l'affaire dans la limite de son influence; que le roi devait être tué, Londres brûlé une fois de plus, avec d'autres villes, les protestants massacrés, le pays envahi par la France et l'Espagne, et le reste. On sait comment tout cela finit, par des exécutions; cinq Jésuites entre autres furent pendus et éventrés. C'était le dénouement logique de ces accès de fièvre antipapiste (1).

(1) The Month. 1903 t. II, p. 2, 311. History « ex hypothesi » and the Papish Plot par J. Gérard.

VI

Nous pourrions terminer là ce chapitre sans autre conclusion. On voit par l'exemple de l'Angleterre comment se forment les légendes antijésuitiques, ce que l'on y fait entrer de mauvaise foi sectaire, et ce qu'elle suppose, chez les simples, de badauderie et d'irréflexion. Mais il y a un épilogue à ajouter.

On pourrait croire que toutes ces légendes sont mortes, que l'Angleterre contemporaine ne les lit plus. qu'avec confusion dans ses annales. Il n'en est rien. Toutes les occasions sont bonnes à certains esprits pour raviver les passions éteintes.

Lorsque le roi Edouard VII succéda à sa mère, la reine Victoria, on sait que la question du serment agita quelque temps les esprits. Le roi devait-il renouveler en montant sur le trône les déclarations injurieuses à l'égard de ses sujets catholiques, imposées à ses prédécesseurs par le fanatisme des siècles passés? On jugea utile à la cause protestante d'opposer serment à serment, à celui du roi, celui des Jésuites. Une ligue de dames se chargea de cette bonne oeuvre. Il s'agissait de faire. bien comprendre au roi quel péril courait la couronne d'Angleterre, par la présence sur le sol britannique de quelques centaines de Jésuites.

Ne sait-on pas que ces prêtres sont liés au Pape par

un serment occulte? et que ce serment... mais mieux vaut le citer dans toute son horreur.

« 1o Je déclare en mon âme et conscience... que Sa Sainteté le Pape N... a le pouvoir de déposer les rois et princes hérétiques... et qu'en conscience on peut les détruire.

«< 2o Je renonce à toute obéissance qui me lierait à quelque roi ou prince hérétique... ou à leurs officiers. J'emploierai tout mon pouvoir à aider les agents de Sa Sainteté... à détruire toute autorité usurpée par les protestants.

<< 30 J'ai reçu dispense pour embrasser quelque hérésie que ce soit, en vue de propager les intérêts de la Mère Église...

« Je ne divulguerai rien de ce qui m'aura été imposé par vous, mon père spirituel et j'exécuterai tout. »

D'où venait cette formule? Car il est bien évident qu'on ne l'avait pas inventée exprès, en l'an de grâce 1901.

Et d'abord en remontant dans le passé, et négligeant un certain nombre d'éditions intermédiaires, on la trouve signalée au temps du « Papish Plot ». A cette date, 1678, un certain Robert Ware entreprenait une industrie d'un genre assez spécial. Il faisait des faux. Seulement il ne s'en prenait qu'aux morts. Il créait des légendes, forgeait des documents qui avaient toujours pour but d'établir que les papistes conspirent et n'ont jamais fait que conspirer. La formule du serment apparaît dans un de ses livres, The Hunting of the Romish fox.

Il la donne comme étant en usage dans les séminaires depuis 1580. Une idée qui, si elle n'est pas de lui, à tout le moins lui est chère, est celle qui nous montre les prêtres embrassant l'hérésie pour la mieux combattre. Nous l'avons signalée il y a quelques pages : elle n'est pas morte, tant s'en faut.

De tout cela, l'ignoble Titus Oates devait faire son profit.

Mais ne faut-il pas remonter un peu plus haut encore? Certains textes imprimés donnent le nom du Pape, laissé ordinairement en blanc, et ils l'appellent Urbain, ce qui nous remettrait aux temps d'Urbain VIII (1623-1644). N'en faudrait-il pas rattacher l'origine du document au complot papiste de 1643, soi-disant découvert par André de Habernfeld et dont nous avons parlé?

Quoi qu'il en soit, constatons ce fait; avec le temps, le serment tout d'abord attribué indistinctement à tous les prêtres catholiques finit par devenir le serment des Jésuites, qui ainsi draînaient et captaient, pour eux seuls, les calomnies jusque-là éparses sur tous les catholiques. Ce n'est pas le seul cas de ce genre qu'on ait à signaler (1).

(1) The Month. 1901, t. II, p. 403, t. I, p. 165 et 207. Sur la version allemande de ce serment, voir B. Duhr, op. cit. ch. 30, p. 690. T. E. Bridgett, Blunders and forgeries. Londres (Kegan Paul, 1890) Essay VII, Robert Ware.

CHAPITRE VIII

Les Origines Anglicanes (Suite).

LES DOCTEURS DE L'ÉQUIVOQUE

« السابقةمتابعة »