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que j'allai dans leurs Maifons de Paris, dans II.RELAT., le tems que leur bonne Mere Fondatrice les établiffoit, j'étois ravie de la devotion, du filence & de la mortification que j'y voyois; & en effet elles étoient plus aufteres qu'on ne s'imaginoit.

M. de Genêve s'en retourna dans fon Diocese, & je demeurai encore plus de trois ans à Maubuiffon avec de très grands embarras & difficultés. Je continuai tant qu'il vecut à lui écrire mes difpofitions, & il prenoit la peine de me repondre avec grand foin & une extrême bonté *. Lorfqu'il fut mort je demeurai dans cette même Maison fans conduite, tous ceux que j'avois vus auparavant n'y étant plus, l'obéiffance les ayant éloignés. J'y reçus trente deux Filles, dont nous en fimes dix Profeffes.

La M. Ang.

revient à P.

Comme j'appris que le Roi avoit nommé, XXVIII. pour fucceder à l'Abbeffe qui avoit deja quitte Mauété depofée par deux Sentences, une Reli-buiffon & gieufe de qualité (Madame de Soiffons,) je R. procurai qu'elle y vint en attendant la troifieme Sentence, pour voir ce qui fe pourroit efperer de fa conduite, & pour menager doucement ma fortie, étant ennuyée d'être fi long-tems en un lieu où il y avoit peu d'apparence d'établir les chofes folidement. Je demeurai treize mois avec elle, continuant à gouverner la Maifon, parce qu'elle ne pouvoit avoir de Bulles que la derniere Sentence ne fût donnée; & comme je vis que je ne fervois plus de rien, Dieu ayant permis quelque mefintelligence, qui ne vint pas de la future Abbeffe, mais d'une Re

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Voyez la 1. Relation de la II. Partie, n. 14.

1.RELAT. Religieufe qu'elle avoit amenée avec elle, je demandai permiffion à M. de Cîteaux de me retirer.

Une des plaintes qu'on faifoit contre moi étoit que j'avois rempli la Maifon de Filles fans dot, & qu'ainfi j'ôtois le pouvoir de faire de belles magnificences à l'Eglife, comme il étoit à propos en une Maison Royale comme celle-là. Je repondis à cette plainte, que j'avois fait ce que les Superieurs. m'avoient commandé, mais que fi on tenoit une Maison de trente mille livres de rente trop chargée par trente Filles, je n'eftimerois pas la nôtre, qui n'en valoit que fix, incommodée de les recevoir. Ces pauvres Filles m'en prierent inftamment, & j'écrivis à nos Sœurs, les priant de me dire fi elles auroient bien le courage de faire part de leur pauvreté à trente Filles. Elles m'écrivirent une Lettre fignée de toutes, où elles difoient qu'elles recevroient avec joie tout ce qu'il me plairoit de leur amener. J'envoyai la Lettre à notre General, & lui demandai la permiffion, que je reçus avec plus de joie que je ne puis exprimer. Auffi tôt je me difpofai à partir.

*

J'écrivis à ma mere qui étoit veuve mon pere étant mort il avoit trois ans y que je la fuppliois de m'amener des caroffes pour conduire ces Filles à Port-Royal; & je concluois ma Lettre, la fuppliant très humblement de ne point m'accorder ma fupplication, fi Dieu ne le lui inspiroit & qu'elle ne le fît de tout fon cœur. Elle ne manqua pas de fe trouver au jour nommé avec autant de

Le 29. Decembre 1619.

ca

caroffes, & autant de femmes pour condui-II.RELAT re ces Filles. Je les envoyai à Port-Royal, & moi je m'en allai à Paris, parce que quelques perfonnes * m'avoient confeillé d'y transporter notre Maison, qui étoit très mal-faine, & que ma mere le defiroit beaucoup. Elle m'y mena donc pour aviser comme cela fe pourroit faire. J'y trouvai peu d'apparence, & m'en revins le 11. ou 12. de Mars 1623. à Port-Royal où nos Sœurs me reçurent avec grande joie, non feulement de me revoir, mais encore fatiffaites des Filles que j'avois envoyées, comme fi avec elles il leur fût venu un plus grand accroiffement de biens que de charge. xxIx. Auffi-tôt je me mis à faire de petits accom- Nouvelles modemens, pour loger les XXX. Filles de de PR. Religieufes Maubuiffon; car nous étions étrangement preffées, n'y ayant que treize cellules au dortoir, & nous étions plus de foixante. J'en fis quelques-unes très-pauvres, de colombage rempli de terre & de foin. La grandeur de la Maifon d'où je fortois, & fes richeffes, m'avoient fi fort fait connoître que ces malheureuses épines étouffoient la parole de Dieu, & j'avois tant vu de malediction & de monumens deteftables du vice, qui avoit detruit ceux de la pieté de la fainte Reinet qui avoit fondé cette Maifon, que j'en aimois plus tendrement la pauvreté. J'avois nourri ces Filles que j'y avois reçues, autant qu'il m'avoit été poffible, 04 dans

[Le Pere Binet Jefuite en étoit un.] Voyez

la II. Partie, 1. Relation n. 7.

f La Reine Blanche de Caftille Mere de S. Louis.

II.RELAT dans l'amour de cette vertu. Et veritablement elles y avoient une fi grande affection qu'elles étoient ravies de fe voir dans cette pauvre Maifon, & dans la profonde paix qui y étoit.

Auffi-tôt que je fus arrivée, je fus priée inftamment par cinq Religieufes du Paraclet, de notre Ordre (Diocese d'Amiens,) de les recevoir avec une que j'avois deja reçue. Je le fis de bon cœur & avec un parfait agrement de nos Sœurs, qui ont toujours eu une fi parfaite docilité qu'elles ne m'ont jamais contredite: au contraire tout ce que je trouvois bon étoit tenu pour tel. J'en reçus encore trois de S. Antoine des Champs. Enfin notre nombre s'accrut jufqu'à quatre-vingts, defquelles il y avoit toujours nombre de malades, fans que cela chagrinât celles qui étoient Profeffès de la Maifon, ni celles que Dieu y appelloit. Nous vecumes de la forte trois ans, ne manquant de rien, & ayant plus de facilité à vivre quatre-vingts fans que notre revenu fût accru, que nous n'avions n'étant que treize ou quatorze, & je crois devoir prouver ceci à la gloire de la divine Providence par un exemple. Ayant reçu deux mille livres de dot d'une Fille que nous tîmes Profeffe en ce tems-la, nous les prêtâmes à un bon homme qui nous rendoit quelques fervices à Paris , pour achetter une maifon d'un Chapitre qu'il avoit à très-grand marché, à caufe de l'affection que les Chanoines avoient pour lui; & ce plaifir que nous lui fîmes, lui a aidé à pourvoir tous les enfans, cette maison ayant valu plus de quatre fois

au

autant. Et il nous rendit peu à peu notre II.RELAT. argent, fans que cela l'incommodất.

XXX.

Dieu qui par fa bonté avoit accru ce, Mort de plu grand nombre pour les fauver, le diminua fieurs Reli bientôt pour en mettre quinze au ciel, gieufes. qui moururent en deux ans & toutes très heureusement, comme on le peut voir fur le Regiftre mortuaire, où l'on a écrit quelque peu de chofe de plufieurs *.

XXXI.

Arnauld la

Ma mere penfoit toujours à l'établiffe. Madame ment de Paris; mais rien ne s'avançoit. mere le fait On nous donna en ce tems-là une fille de Religieufe à condition qui avoit du bien, qu'on penfoit P. R. y devoir aider; mais ayant demeuré quelque tems, & ayant même reçu l'Habit, nous ne la trouvâmes pas propre, & la renvoyâmes. Ma mere nous venoit voir très fouvent, & demeuroit avec nous au tant que fes affaires le lui pouvoient permettre, en ayant permiffion des Superieurs; & ma foeur le Maître étant demeurée très malade en notre Maison, elle y fit un très long fejour.

Il arriva qu'on reçut une Profeffe, & qu'au fermon qu'on y fit, ma mere fut tellement touchée de Dieu, qu'après la ceremonie elle me vint prier de la mettre en retraite. J'eus une grande joie, me doutant bien que cette retraite de quelques jours aboutiroit à celle de toute fa vie. Je la lui accordai auffi-tôt, & elle eut la bonté & l'hu

05

Voyez dans le Necrologe au 11. Août la Soeur Magdeleine de Sainte Marthe de Louvieres. La même année mourut la Sour Marguerite de Sainte Blandine de la Grange. Voyez la XI. Relation de la III, Partic.

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