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ne voulant pas perdre l'occafion de faire 1. RELAT brûler davantage la lampe de la Mere Agnès, par la perte de cette huile, l'obligea de porter fa robe telle qu'elle étoit, aufli longtems qu'elle l'eût eu fans cela, c'est-à-dire jufqu'au tems qu'on en changeoit à tout le monde; fachant fort bien que les fens de la Mere Agnès, qui étoit extrêmement propre, feroient plus mortifiés de cela que d'une penitence plus auftere. En effet, ce lui fut un exercice de vertu durant quelques mois, de voir cette difformité tout le jour, & de fentir cette mauvaise odeur toute la nuit quand elle étoit couchée avec cet habit', qui en s'échauffant rendoit encore l'huile dè plus mauvaise odeur. Mais fon cœur s'engraiffoit des delices de la mortification; & elle n'a donné depuis aux autres que de fon abondance, quand elle s'eft appliquée à éléver les ames, & principalement les Novices, dans la pratique de cette vertu.

S. Cyran.

Avant que de parler de ce que fit la Me- LXX. re Angelique, pour fe procurer d'être de- Mort de $. François de chargée du gouvernement de l'Abbaye de sales. La M. Maubuiffon, il faut remarquer felon la fui- Angel. con. te des années, que ce fut à la fin de l'an noir M. de 1622. (le 28. Decembre) que mourut le faint Evêque de Genêve, en qui elle perdoit toute la conduite qu'elle avoit fur la terre, parce que, depuis qu'elle l'avoit connu, elle prenoit fa direction par Lettres fur tou

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tes

Il mourut à Lion. Trois jours avant fa mort, il recut avec grande joie & tendreffe M. d'Andilly qui fe trouva en la même ville. Sur quoi l'on peut voir ce que M. d'Andilly rappor te dans fes Memoires, p. 182. de la 1. Partic

RELAT,tes choses. Elle n'avoit plus alors aucun de fes anciens Directeurs, qui l'avoient aidée dans le commencement. Mais nous avons remarqué depuis, que la providence de Dieu qui veilloit toujours fur elle, comme elle ne s'appuyoit qu'en lui, lui avoit deja preparé une autre conduite & un autre pere de fon ame, en lui retirant celui-là. Car deux ans auparavant Dieu donna à M. d'Andilly, qui étoit pour lors à Poitiers, la connoiffance de M. l'Abbé de S. Cyran*, par le moyen de M. l'Evêque d'Aire frere de M. Bouthillier, fon intime ami. Et la Mere Angelique connut auffi bientôt ce pieux & favant Abbé comme nous le dirons: mais elle ne recueillit pas fi-tôt le fruit de cette premiere femence de grace & de lumiere, que Dieu mettoit à part pour fon heritage, & qui a produit une fi grande moiffon, non feulement pour elle, mais LXXI. pour toute l'Eglife.

La M. An-'

geliq. refule

donner à

Soiflons.

La Mere Angelique ayant écrit elle-mêAbbaye de me dans fa Relation + que l'on peut voir, Maubuiffon, tout ce que nous favons de ce qui fe paffa qu'elle fait à fa fortie de Maubuiffon, il feroit fuperflu Madame de de le repeter ici; & il fuffit d'ajouter quelque particularité, qu'elle a omife. Car elle ne dit pas qu'on penfa à elle comme on nous l'a affuré, pour lui donner l'Abbaye de Maubuiffon; mais qu'elle la refufa, étant bien plutôt dans le deffein de quitter la fienne, que d'en accepter une auffi grande & auffi

* On

ri

peut voir dans les Memoires de M. d'Andilly (I. Partie p. 148.) comment cette connoiffance fe fit.

+ II. Relat, n. 28.

riche que celle de Maubuiffon. Car ces deux I, RELAT qualités que les autres y eftiment, étoient ce qui lui en auroit donné plus d'éloignement. Elle fit donc entendre aux perfonnes qui avoient eu cette penfée, qu'on auroit du plutôt jetter les yeux fur une perfonne de grande condition, qui pût avoir de l'appui pour se maintenir dans cette place, contre les pretentions de Madame d'Eftrées qui plaidoit toujours pour y rentrer; & on dit que ce fut elle qui donna la vue de Madame de Soiffons, Fille naturelle de M. le Comte de Soiffons, qui étoit Religieufe à Fontevrault, en eftime de grande vertu & regularité.

Quand cette Dame fut venue à Maubuiffon, la Mere Angelique s'étudia tant qu'elle put à gagner fon efprit, afin de la porter à embraffer le deffein d'y maintenir le commencement de reforme qu'elle y avoit établi avec tant de foin & de peine. En effet Madame de Soiffons eut d'abord pour elle une estime & une affection très grande; mais comme c'étoit un efprit facile, une Religieufe qu'elle avoit auprès d'elle, nommée Madame Bigot, qui la poffedoit beaucoup & qui n'étoit point portée à la reforme, travailla fi adroitemeut à la defunir d'a vec la Mere Angelique, qu'elle y réuffit, Et quoiqu'elles vecuffent refpectueufement P'une avec l'autre, c'étoit froidement de la part de Madame de Soiffons, quoi que pût faire la Mere Angelique pour fondre cette glace par l'ardeur de fa charité. Elle eut une occafion favorable de la lui temoigner: car Madame de Soiffons étant devenue fort

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I. RELAT. malade de la petite verole, la Mere Ange lique s'enferma avec elle, & lui voulut fervir de garde, jour & nuit, lui rendant toutes fortes de fervices, jufques là qu'elle même prit ce mal contagieux. Elle en fut très malade, mais fur tout il lui vint un mal d'œil infupportable, qui la fit fouffrir plus qu'on ne fe peut imaginer. Les Medecins ne doutoient point du tout qu'elle ne dût perdre l'œil, & ils penfoient à des remedes propres à faire par avance ce qu'ils affuroient qui arriveroit à la fin; voulant pour ôter la douleur, faire mourir la partie. Mais Dieu la guerit miraculeufement. Je me fouviens affurément de cela, mais j'ai oublié tout à fait de quelle maniere ce fut; & je ne trouve plus perfonne qui le fache, car j'écris depuis la mort de la Mere A LXXII. gnés *.

La M. An

vient à P.R.

Pendant cinq ans que la Mere Angelique geliq. re- fut à Maubuiffon, elle y reçut trente-deux avec XXX. Filles, en qui elle n'eut égard qu'à la vocaFilles de tion & à la vertu, non au bien. Car touMaxbuiffon.tes enfembles n'avoient apporté que cinq

cens livres de penfion, c'est-à-dire, deux ou trois d'entre elles, les autres n'ayant rien donné du tout, quoiqu'il y eût des Filles de condition, mais pauvres, auxquelles on ne demanda rien. Elle en reçut dix à la Profeffion. Mais l'une d'elles qui étoit la Fille de M. de Bonneuil, n'étoit pas pour demeurer à Maubuiffon, & faifoit Profeffion pour Port-Royal; de forte qu'elle fit vœu d'obéiffance à la Mere Angelique. Les autres ne firent Profeffion qu'avec une grande dou

C'est à dire depuis 1671.

douleur, car on avoit eu bien de la peine I, RELAT à leur perfuader d'achever ce qu'elles avoient commencé & de ne point differer leur Profeffion, parce qu'on voyoit deja bien que la Mere Angelique ne devant pas encore demeurer long-tems en cette Abbaye, les chofes n'étoient gueres établies pour s'affurer qu'elles fubfiftaffent fous une nouvelle Abbeffe. La Mere Angelique ne put jamais les y faire refoudre qu'en leur faifant ef perer que fi les chofes n'alloient pas bien à Maubuiffon, elle les recevroit à PortRoyal.

En effet, lorfqu'elle fut prête à les quit-ter, il lui fut impoffible de refufer à leurs larmes, de leur permettre de la fuivre, parce qu'on voyoit deja bien que la nouvelle Abbeffe ne feroit pas grand' chofe pour maintenir la reforme. On follicita donc fort, mais fecrettement, la permiffion du General de Cîteaux, pour ces neuf Profeffes; parce qu'on favoit bien que Madame de Soiffons s'y oppoferoit, fi elle en étoit avertie. De leur côté, elles faifoient leurs petits preparatifs & leurs paquets, fans qu'on s'en apperçût, de forte que quand leur obedience arriva, Madame de Soiffons n'en avoit pas eu le moindre foupçon, & elle en fut extraordinairement furprife & mal contente. Elle a eu même toute fa vie de la peine à le pardonner à la Mere Angelique, qui n'avoit d'autre part à cela que celle d'une extraordinaire charité..

Il faut encore voir en cet

fuite de fa Relation *

can elle

endroit la

y rapporte

* II, Rela

de quelle forte elle écrivit à Port-Royal & n. 28.

I 5

la

A

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