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Il n'y a rien de si commun de nos jours, que la

Philosophie. Depuis une soixantaine d'années, l'Europe fourmille de sages et de savans, qui dissertent avec une assurance, inouie dans les siécles précédens, sur la politique, la religion, la morale; sur toutes les matières qui n'étoient autrefois que du ressort des hommes les plus doctes, qui avoient consacré une grande partie de leur vie à l'acquisition de ces connoissances. Une multitude innombrable d'écrivains font gémir la presse; s'annoncent comme des législateurs infaillibles, consommés dans l'art de gouverner les peuples; comme des juges rédoutables, au tribunal desquels les Nations, les Souverains, les Ministres des Autels. comparoissent successivement, pour y être examinés, justifiés ou condamnés sans appel. Il n'y a pas jusqu'aux Gazetiers qui ne nous débitent journellement des maximes et des sentences sur les questions les plus difficiles, les plus délicates et de la plus haute importance pour le repos de la Société. D'où nous vient donc ce luxe de connoissances, cette prodigieuse fécondité de nos modernes auteurs, cette vaste communauté de Philosophes et de Législateurs, jadis en si petit nombre dans les anciennes républiques? Faut-il le demander? Du progrès des lumières. Il n'y a pas moyen de le nier, sous peine d'être ridiculisé et baffoué, comme n'étant pas à la hauteur de l'état actuel de la civilisation, et, qui pis est, d'être traité d'obscu rant et de fanatique.

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