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la paroisse de St. Roch, mais comme elle m'a paru un peu longue, je n'en ai écouté que la moitié, mais j'espère bien qu'elle me reviendra, pour lors, Madame, si vous ne la savez point, j'aurai l'honneur de vous la conter moins ennuyeusement, s'il m'est possible, que je ne l'ai entendue aujourd'hui. J'avois bien envie de vous nommer les gens que j'avois vus, mais, Madame, vous choisiriez et nommeriez le conteur. Voyons donc cependant si vous ne vous méprendrez point: j'ai vu M. Bourgelat ; j'ai vu M. de Condom; j'ai vu M. Dussé; j'ai vu Mademoiselle Sanadon. Non, Madame, celui que vous pensiez n'y étoit point.

Mademoiselle de Lespinasse à Madame la Marquise du Deffand, à Montmorenci.

Samedi, trois heures.

JE sors de chez Mademoiselle de Courton où j'ai dîné avec Mademoiselle Sanadon: elles m'out chargée, Madame, l'une et l'autre, de vous faire mille très-humbles complimens. Mademoiselle de Courton va partir pour Grosbois,

et Mademoiselle Sanadon va venir aux Thuileries avec moi.

Il me tarde bien d'apprendre que votre nuit a été meilleure. Vous voyez bien que je n'avois pas tort de dire que vous aviez quelques reproches à vous faire, du gâteau, de la médecine, et de la brioche ne sont pas faits

estomac.

pour votre

Non, Madame, je n'oublierai point ce que vous avez ordonné pour Lundi, et je ferai de mon mieux pour vous mener M. d'Alembert, je dois le voir aujourd'hui, et même passer une partie de la soirée avec lui chez Mad. de Boufflers, c'est ce qui fait que j'ai l'honneur de vous écrire à l'heure qu'il est, pour ne pas déranger l'ordre établi d'aller tous les matins à l'hôtel de Luxembourg. Je suis bien reconnoissante des bontés de Mad. la Duchesse de Boufflers, et je regrette bien de n'être pas à portée de cultiver celles de Mademoiselle Amélie.

Vous savez bien que Mad. de Châtillon est accouchée d'une fille.

Voilà cette histoire que je vous ai promise, Madame.

Samedi, à une heure après minuit.

Il est trop tard pour conter, je sors de chez

Mad. de Boufflers où j'ai soupé, où plutôt ont soupé MM. les Abbés Erfai, et Bon; M. Turgot, M. d'Alembert, et Mad. de Beson. La soirée a été très-gaie, je suis persuadée que vous vous seriez divertie. Je suis bien trompée si l'Abbé Bon ne vous plaisoit beaucoup, il m'a paru d'une conversation facile, raisonnable, avec une gaîté douce, et un bon ton; vous vous moquerez de moi d'oser juger, mais, Madame, je proteste contre la décision, ainsi vous me pardonnerez.

Je vais sans doute vous surprendre en vous apprenant que M. d'Alembert part demain pour St. Martin pour ne revenir que Jeudi. On ne lui a point demandé s'il vouloit faire ce voyage, on lui a dit qu'il le falloit, et en conséquence Mad. de Boufflers dit qu'elle l'enlève demain; il ma fait promettre de vous mander qu'il avoit beaucoup de regret au voyage de Montmorenci, car il comptoit bien y venir; il se faisoit un grand plaisir d'avoit l'honneur de faire la cour à Monsieur, et à Madame la Maréchale, et il s'afflige, Madame, d'être aussi long-tems sans vous voir.

M. de Condom a dû vous remettre les factum pour et contre Mad. Aliot, j'ai pensé que vous pourriez en être curieuse; je vous sup

plie de vouloir bien ne les pas prêter, parce que je ne les ai point lus, et que je dois les rendre. Il est bien heureux (et je vous en fais mon compliment) que Madame la Maréchale ait abandonné le projet du voyage de Lorraine; j'espère que vous en profiterez et qu'elle n'y substituera point d'autres absences. J'ai dit à M. Deschamps ce que vous lui ordonniez. Je vais me coucher, il est un peu tard, ayant un bain, et une messe dans ma matinée.

Je relis ma lettre, et je ne comprends pas ce qui a pu me porter à vous parler de Mad. de Châtillon. Vous savez mieux que moi la séparation de Mad. la Duchesse de Grammont, je l'ai apprise ce soir à l'hôtel de Goufier.

Mademoiselle de Lespinasse à Madame la Marquise du Deffand, à St. Joseph.

Mardi, 8 Mai, 1764.

Vous m'avez fixé un terme, Madame, pour avoir l'honneur de vous voir, ce terme me paroît bien long, et je serois bien heureuse si vous vouliez l'abréger; je n'ai rien de plus à cœur que de mériter vos bontés, daignez me les

accorder, et m'en donner la preuve la plus chère, en m'accordant la permission de vous aller renouveler moi-même l'assurance d'un respect, et d'un attachement qui ne finira qu'avec ma vie, et avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Madame,

votre très-humble,

et très-obéissante Servante,

LESPINASSE.

Madame du Deffand à Mademoiselle de
Lespinasse

Mercredi, 9 Mai, 1764.

JE ne puis consentir à vous revoir sitôt, Mademoiselle; la conversation que j'ai eue avec vous, et qui à déterminée notre séparation, m'est dans le moment encore trop présente; je ne saurois croire que ce soit des sentimens d'amitié qui vous fassent désirer de me voir, il est impossible d'aimer ceux dont on sait qu'on est détesté, abhorré, etc. etc. par qui l'amourpropre est sans cesse humilié, écrasé, etc. etc.

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